Ce 17 août 2018 a marqué le premier anniversaire des attentats de Barcelone, qui ont fait un total de 24 morts entre les attaquants et ceux qui ont été attaqués. Par respect pour les victimes et leurs familles, se souvenir de la réponse aimante des citoyens serait le meilleur acte pour un anniversaire chargé d’intérêts.

Lorsque dans une ville qui parvient à être l’une des villes les plus convoitées pour le tourisme mondial, un acte terroriste a lieu au milieu des vacances, l’information est placée dans les gros titres de l’actualité internationale, devenant ainsi un événement médiatique où les politiques de toutes sortes tenteront de se positionner pour profiter de la situation. Cela a été le cas à l’époque et cela l’est encore aujourd’hui.

La ville a commémoré ce 17 août le premier anniversaire de l’acte terroriste qui l’a ébranlé, mais il semble que la sphère dominante des médias et la sphère politique ont oublié ce qui s’est passé le 17 août. En plus de l’acte terroriste, cela a été une atteinte directe aux sentiments les plus profonds de chaque être humain, pour réclamer la nonviolence sans aucun ressentiment, pour défendre le droit à la coexistence interculturelle et religieuse, pour se positionner contre la peur imposée par le pouvoir.

Ce 17 août, certains politiciens ont utilisé de nouveau l’attentat pour parler de leurs intérêts et de leurs pouvoirs, quel meilleur moment pour le faire, alors que les familles des victimes veulent simplement aller de l’avant et oublier. Ripoll, le village d’où sont venus les jeunes qui ont été les protagonistes des attentats de Barcelone et de Cambrils, a essayé de vivre cette année de douleur, sans encore comprendre ce qui a poussé les jeunes à entreprendre une telle atrocité. Ils veulent savoir, comprendre, mais oublier. Le fait est que le public n’a reçu aucune explication quant à la manière dont les jeunes avaient été impliqués, sans aucun soupçon jusqu’à l’attentat, dans un tel acte de violence. Ces motifs, incompris, sont toujours cachés au citoyen.

10 jours après l’acte terroriste, Barcelone a organisé une manifestation massive de deuil sous le slogan « No tenim por » (Nous n’avons pas peur) à laquelle ont participé les principaux représentants du gouvernement espagnol, de la Generalitat, du Conseil municipal et de la Monarchie. A la surprise de tous, l’événement a été caractérisé par une diversité de voix où chacune d’entre elles revendiquait sa position politique, mais surtout, la voix qui a gagné était celle de ne pas criminaliser l’Islam ; mais les politiques de guerre qui se mettent au service de la mondialisation de la peur conduisent à des sociétés où le budget militaire de la défense dépasse celui de la défense des droits humains.

Étant donné que la population dispose d’informations sur cette question, et n’oublie pas, et puisque l’histoire de la monarchie et du gouvernement central sont marqués par la corruption, la vente d’armes et d’intérêts divers aux régimes antidémocratiques de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Émirats, cette situation ne passe pas inaperçue.

Mais parallèlement aux critiques politiques et monarchiques, les citoyens ont pu tisser un discours où l’amour l’emporte sur la haine. Se voir immergé dans une telle manifestation a été enregistré comme quelque chose d’étrange, car comment était-il possible qu’un acte de terrorisme puisse se transformer en un bain d’amour et parier sur l’absence de ressentiment ? Il ne fait aucun doute qu’en période de forte urgence, la société apporte des réponses imprévisibles, qui font appel aux profondeurs de chaque être humain, et ce qui est encourageant, c’est que ces réponses suivent le signe de la nonviolence.

Dans cette exaltation de l’amour, l’un embrassait l’autre, les gestes d’acceptation et de fraternité entre les cultures étaient palpables, et des déclarations de pacifisme étaient exprimées dans chaque groupe par la communauté musulmane. De tels événements de masse, avec des slogans pacifiques démontrés par des actes d’affection évidents, sont de plus en plus fréquents dans la société catalane. Parce que depuis le 15M, l’étincelle a brûlé et une grande partie de la société ne veut plus être une marionnette de la peur que tente d’inculquer le pouvoir.

En vivant un tel après-midi, marchant parmi les cinq cent mille personnes du Passeig de Gràcia à la Plaza Catalunya,  ceci se transformant pratiquement en un rituel libérateur, il était difficile de prévoir a priori que la réponse citoyenne allait suivre le chemin de la réconciliation, son message étant le véritable protagoniste rejetant l’acte des politiciens, des institutions et de la monarchie.

Il y a deux mois, Barcelone a organisé la réunion mondiale des « Villes sans peur », une réunion de municipalités guidées par le même slogan, et ici, lors de la manifestation, les citoyens ont eu l’occasion de défendre ce slogan : « Nous n’avons pas peur ».

Il y a un an, nous nous demandions quelle direction prendraient tous ces scénarios. Pendant ce temps, la Catalogne, immergée dans une multitude d’événements, a touché la pointe de l’iceberg. Les voix du terrorisme islamique ont été étouffées, mais la série d’événements politiques liés aux diktats du gouvernement central a marqué les événements actuels les plus surprenants que l’on peut attendre d’un pays supposé démocratique. Sans aucun doute, l’histoire nous amène à découvrir que le ressentiment a retenti sur une partie de la classe dirigeante. Deux mois plus tard, dans un acte trop proche de l’acte terroriste pour ne pas créer de connexions neuronales, qui sont encore supposées être l’imagination populaire, les actes « illégaux » de la consultation populaire pour l’autodétermination du 1er octobre ont eu lieu. Une fois de plus, la Nonviolence est à nouveau là, sur la base du pacifisme citoyen et face à la violence brutale des forces de sécurité. Viennent ensuite toute une série d’actes, l’emprisonnement, la répression et la privation du droit de vote en vertu de l’article 155.

De cette façon, il est clair qu’il y a une dislocation entre le pacifisme et le désir d’une voie nonviolente de la part des citoyens face à l’acte et au discours d’une partie de la politique.

Ce 17 août, les politiciens sont là, la monarchie est là, mais les citoyens ont déjà envoyé leur message : la violence est vaincue par la Nonviolence.