Les 24 et 25 mai 2018, la ville de Roubaix, un des berceaux du textile et de la mode française, a accueilli la première édition des Fashion Green Days. Son titre : la mode circulaire.

2 jours de tables rondes pour rendre compte et promouvoir les avancées en termes d’éco-responsabilité, favoriser les échanges et les collaborations.

Le forum était ouvert à tous, professionnels et grand public.

On ne le répétera jamais assez, la mode, 7ème industrie mondiale est aussi la seconde la plus polluante. Il y a donc urgence.

Loin des clichés de frivolité luxueuse qui lui colle à la peau, la mode et les nombreux acteurs qui la constituent sont très sérieusement engagés dans la recherche de solutions visant à réduire les impacts négatifs aussi bien pour la planète que pour les travailleurs.

L’économie circulaire, selon la définition de l’ADEME est un « système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus ».

Elle s’applique aussi à la mode.

L’industrie de la mode telle qu’elle s’est développée au 20ème siècle fait exactement l’inverse tant au niveau de la conception des produits que celle de la gestion des déchets. Ce schéma a atteint son paroxysme dans les années 2000 avec la production de masse, pour une consommation de produits peu chers, de piètre qualité, à la durée de vie limitée, au mépris de la pollution générée, de l’épuisement des ressources et des travailleurs.

La « Fast Fashion »[1]  avec son schéma d’économie linéaire (produire, vendre, consommer, jeter) a atteint ses limites.

Aujourd’hui 100 millions de tonnes de fibres sont produites dans le monde.

63% des matières premières les plus employées pour faire nos vêtements, chaussures et accessoires sont chimiques. Les teintures pour tissus et le tannage du cuir polluent les rivières. La culture du coton nécessite beaucoup d’eau et de pesticides. Les poumons des ouvriers qui délavent nos jeans à l’aide du procédé de sablage sont atteints de la silicose.

Géographiquement les matières premières, la confection et la distribution sont si éloignés que les produits parcourent des milliers de kilomètres générant des émissions de gaz à effet de serre. À chaque lessive les microfibres synthétiques se répandent dans les océans.

La production excessive de vêtements est la cause de gisements que nous avons bien du mal à recycler en totalité.[2]

Le chantier est vaste et les enjeux sont de taille.

Comment créer un vêtement « écoresponsable », avec une matière naturelle, recyclable, en payant correctement les différents acteurs de la filière, qui ne fera pas le tour du monde pour d’arriver sur son point de vente, qui sera à la mode pour être adapté au marché et à un prix acceptable par le consommateur ?

Des solutions existent déjà et de nouvelles perspectives émergent.

Produire moins mais mieux, préparer dès sa conception la fin de vie du produit et transformer les déchets en valeur économique en font partie.

Au cours des Fashion Green Days des experts et scientifiques ont pris la parole pour informer de l’avancée des recherches et apporter leurs éclairages en terme d’innovation textile.

De grandes entreprises et de nouvelles start-up ont fait part de leur participation active pour une mode positive (gestion et revalorisation des invendus, collections en tissu biologique, sourcing éthique, valorisation des savoir-faire…).

Les institutions et organisations ont informé de leurs engagements dans l’accompagnement des ses modèles économiques émergents voire inédits.

Les nouveaux modes de consommation (louer, acheter en seconde main, réparer, upcycler, customiser ou encore fabriquer soi-même) ont également été abordés pour que chacun puisse s’y retrouver en fonction de son budget.

Les prévisions indiquent que dans moins de 10 ans le marché du vêtement revalorisé va dépasser celui de la Fast Fashion.

C’est une vraie révolution qui est en marche.

Néanmoins la majorité des clients des grands enseignes sont encore très mal informés.

Le challenge est de sensibiliser sans culpabiliser et de faire connaître les alternatives qui existent.

Aujourd’hui la mode dite « écologique » est désirable.

« Les toges en lin des ayatollahs du bio, c’est bien fini » dit Anaïs Dautey, fondatrice de la marque Les récupérables.

« Pour créer de la beauté il faut de l’amour. Aucune étoffe n’est belle si elle génère du malheur. Commencer par des valeurs pour créer de la valeur » dit David Amar fondateur de Nous sommes le Futur partenaire affilié de C2C.

« On entend parler d’autonomie alimentaire, nous nous parlons d’autonomie vestimentaire » dit Catherine Dauriac co-fondatrice de La Fabrique Idéale.

« On peut s’acheter un vêtement créateur et aussi se faire un vêtement simple tout comme on peut s’offrir un diner dans un restaurant étoilé et se faire plaisir avec un œuf à la coque » dit Emanuelle Vibert auteure de Couture Récup’.

Les modèles économiques bougent, les mentalités changent, les prises de conscience avancent inéluctablement vers une mode plus vertueuse et positive.

 

Pour continuer à s’informer :

Fashion Greeen Days

https://fashiongreendays.fr/

REV3, programme d’accompagnement pour une économie « sans carbone »

https://rev3.fr

Comprendre les impacts de la mode sur la planète et les solutions pour y remédier. Idéal pour les ados.

http://www.ademe.fr/revers-look

ECoTLC pour tout savoir sur les circuits de collecte et de recyclage des vêtements et accessoires de mode.

http://www.ecotlc.fr

La publication du rapport mondial de novembre 2017 de la fondation Ellen MacArthur « a new textiles economy, Redesigning fashion’s future ».

https://www.ellenmacarthurfoundation.org/publications/a-new-textiles-economy-redesigning-fashions-future

Collectif éthique sur l’étiquette : quelles avancées en terme de loi.

https://ethique-sur-etiquette.org/

L’accompagnement les économies circulaires en région. https://www.interregeurope.eu/projects/

Pour savoir ou acheter des vêtements éco-responsable.

https://www.sloweare.com

Un label d’éco-conception indépendant

https://uneautremode.fr/

 

[1] Fast fashion : produire et diffuser dans des temps records des collections sans cesse renouvelées.

[2] Pour en savoir plus : http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/le-revers-de-mon-look.pdf