Jossette Roudaire est une ancienne ouvrière de l’usine d’amiante de Clermont-Ferrand et Jean Marie Birbès  un ancien ouvrier de l’usine Eternit de Tarsac dans le Tarn.  Tous les deux témoignent du combat qu’ils ont dû mener pour faire reconnaître les dégâts produits par l’amiante sur les travailleurs en contact avec ce produit. Cette lutte n’a cependant pas toujours été si claire et ferme.

Avant que les ouvriers ne se rendent compte des conséquences de l’amiante sur leur propre santé, un chercheur du CNRS avait tiré la sonnette d’alarme: Henri Pézerat. Ce scientifique avait déjà averti des risques sanitaires à long terme non seulement pour la santé des ouvriers mais aussi pour toutes les personnes qui pourraient entrer en contact avec ce produit.

Le chercheur a donc dû se battre contre l’avis des patrons des entreprises et contre la méfiance des ouvriers qui craignaient de perdre leur travail, car comme le dit Albert Camus dans La Peste, « la misère se montre plus forte que la peur ».

Néanmoins, quand les premiers ouvriers ont commencé à tomber malade et puis à mourir, ils se sont mobilisés pour faire reconnaître l’amiante comme la cause des maladies professionnelles jusque-là non reconnues par la Sécurité Sociale.

Mais revenons au présent avec l’histoire de Paul François, un agriculteur français intoxiqué de façon accidentelle par des pesticides produits par Monsanto. Comme si l’histoire de l’amiante se répétait, différents agriculteurs commencent à lever la voix pour dénoncer les conséquences néfastes que provoque le travail avec certains pesticides, spécialement ceux commercialisés par le géant de l’agroalimentaire Monsanto. Mais ce combat loin d’être gagné, ne fait que commencer.

C’est un film qui déborde d’émotions et il est notoire que c’est un sujet qui tient à cœur à Pierre Pézerat, son réalisateur. A travers ce documentaire, celui-ci cherche à rendre hommage à son père, Henri Pézerat, ce chercheur  qui a donné le support scientifique pour soutenir les victimes de l’amiante. Mais le film ne se centre pas sur la personne de Henri Pézerat mais sur son œuvre.

L’héritage d’Henri Pézerat est bien plus important que la somme de tous les accomplissements personnels qu’il a pu avoir dans sa carrière.  Le  film montre que lorsque le monde de la science et de la connaissance se mélange au monde social, on peut obtenir de grandes avancées pour la population.

Les Sentinelles est un documentaire indispensable de nos jours car il ouvre la voie à une discussion sérieuse sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture française et européenne et, surtout, sur le temps que va prendre le monde politique pour légiférer en faveur de la santé publique et non en faveur des lobbies économiques.