Du 24 au 27 août dernier, Marseille a ouvert ses portes à la France Insoumise qui a pu témoigner durant ces quatre journées de sa force d’organisation, d’action, de rassemblement et d’accueil. Plus de 300 volontaires/bénévoles ont répondu présent pour organiser ces amphis avec environ 3000 participants. L’objectif était de préparer la rentrée sur les grands enjeux sociaux mais aussi de se former, comprendre, échanger l’expérience, préparer le changement d’étape du mouvement lors de la convention en décembre, la grande marche à Paris du 23 septembre et donner une dimension internationale à la lutte contre le libéralisme qui n’est pas uniquement celle du peuple français mais de tous les peuples.

Pour cela,  35 conférences, une centaine d’intervenants venus du monde entier, des universitaires, des scientifiques, 41 ateliers de formation, 7 ateliers de formations pour les élu-e-s et ouverts à tous, 5 projections de films dont 2 sur des places de Marseille, 2 émissions de web radio, 3 conférences gesticulées, des animations festives dans les rues de la ville et un rassemblement pour la conservation de la totalité des vestiges de la Corderie (une carrière grecque et lieu de vie antique du V° siècle avant J.C.).

Les sujets abordés en lien avec le programme « L’Avenir en commun » sont les points liés à l’écologie, la santé, l’état d’urgence, l’éducation, l’armée, le numérique, les médias, le handicap, la culture, la politique migratoire,  CETA et TAFTA : ces traités contre la souveraineté, la pauvreté, la Constituante, lutter contre les discriminations de genre, l’habitat, l’alimentation, l’Europe, agir dans les quartiers, la justice, la présidence actuelle, l’auto-organisation, les retours d’expérience.

Dès la première journée, toutes les conférences et ateliers de formation dans les amphis et à l’extérieur étaient plus que pleins et ce, quatre jours durant. Les militant-es, sympathisant-es étaient venu-es pour débattre mais aussi « inventer, construire » la France Insoumise de demain pour une société qui leur ressemble ; se réappropriant ce qui leur avait été confisqué depuis bien longtemps : une alternative possible à la violence du système libéral. Une alternative pas uniquement pour soi mais « avec et pour l’autre » où l’être humain reprend sa place au centre des réflexions et décisions en « harmonie » (JL Mélenchon « L’insoumission est un nouvel humanisme ») avec le monde du vivant : la nature. La conférence de Jean-Luc Mélenchon «L’insoumission, nouvel humanisme» a rempli le grand amphi et l’extérieur. La joie était au rendez-vous, la joie d’être ensemble, une joie porteuse d’espoir avec l’envie que tous et toutes se retrouvent dans ce courant. Joie et travail ont accompagné ces quatre jours.

Point de vue

La France Insoumise semble en phase avec ses objectifs mais aussi avec le moment historique dans lequel le monde se trouve : une nécessité de liberté et de se sentir Humain. Elle se construit et évolue avec ceux qui la font vivre et la composent, visant la cohérence, c’est-à-dire penser-sentir-agir dans une même direction : la lutte contre toutes les formes de violence du système libéralisme, quelle soit physique, économique, raciale, sexuelle, religieuse, etc. Cette lutte se traduit par l’action des élu-es au sein de l’Assemblée Nationale, Mathilde Panot, députée de la France Insoumise « Quand nous parlons à L’Assemblée, nous ne parlons pas seulement pour l’Assemblée. Les gens suivent, nous avons un fort soutien populaire, ils expliquent ensuite à leurs voisins, à leurs collègues de travail… » + l’action concrète dans la rue avec les gens (manifestation, rassemblement, caravanes de la FI, gestion des conflits) + la forme d’organisation interne + le lien international. Ce n’est pas simplement un programme politique externe, cet ensemble d’actions pourrait être résumé par la réponse à la question « Quel être humain je veux être et dans quel monde je veux vivre ? ». C’est un travail important qui attend chacun pour devenir cet ensemble humain riche de toutes ses différences et collectivement une force qui produira une transformation profonde de notre société. Une société humaine universelle que chacun-chacune construit à chaque étape rencontrée. La France Insoumise en a déjà passé quelques-unes, la prochaine sera peut-être la construction de sa nouvelle forme d’organisation. L’Histoire a un sens et agit bien au-delà d’elle-même, de son époque. Elle galope, cheval fougueux vers l’immortalité.

 

Temps fort international

Pour répondre à « l’universalisme » du mouvement mais aussi avancer sur le questionnement de la forme d’organisation, un temps fort international a été prévu avec notamment une conférence de Rafael Correa, ancien président de la République de l’Equateur et « Mouvement ou parti, un point de vue international » animé par Djordje Kuzmanovis, Zoé Konstantopoulou (ancienne présidente du parlement grec), Txema Guijarro (Podemos) et Bashkar Sunkara (vice-président des Démocrates Socialistes d’Amérique).

 

 

 

No Tinc Por (Catalan) : Nous n’avons pas peur

Intervention de Zoé Konstantopoulou (ancienne présidente du parlement grec) sur le processus de trahison de Tsipras (premier ministre en Grèce) et sur l’action.

« Au moment de la trahison de Tsipras, la politisation, la radicalisation de la société grecque et surtout des jeunes générations étaient à leur apogée. Après presque 5 ans d’austérité et d’imposition du régime de memoranda et de la dette, le peuple grec a donné le pouvoir à une force politique qui s’était engagée à rompre avec cette politique d’austérité extrême et ce régime atroce des créanciers de la Troïka, de memoranda et de la dette. Syriza était la force politique de la gauche qui se basait sur les mouvements sociaux, qui se proclamait nager dans les mouvements sociaux comme le poisson dans la mer et d’être le parti de ses membres. Malheureusement rien de cela n’était vrai.

Le premier mois de gouvernement de Syriza, il y avait des démonstrations sans précédent de soutien au gouvernement. Des démonstrations lors desquelles on respirait librement. C’était des démonstrations sans répression après beaucoup d’années de répression et d’austérité. C’était vraiment un moment très précieux de libération du peuple et des citoyens.

Le 3 juillet 2015, le vendredi avant le référendum du 5 juillet, il y a eu sur la place Syntagma devant le parlement, la démonstration la plus massive des 40 dernières années pour soutenir la résistance, pour soutenir le non aux ultimatums des créanciers. C’était vraiment un moment historique, un moment de la conscience de nous tous, des générations vivantes. C’est un moment qu’ils ne peuvent pas tuer et c’est un moment qui peut alimenter toute résistance du présent et du futur.

Lors du référendum du 5 juillet 2015, il y a eu une participation extrêmement consciente, extrêmement grande et avec un très grand nombre de gens qui allait voter pour la première fois de leur vie et là je ne parle pas des jeunes. Il y a eu des gens de 30, de 40, de 50, de 60 ans qui ont voté pour la première fois de leur vie lors de ce référendum. Suivant cette prise de position de résistance courageuse, je dirais glorieuse du peuple grec, il y a eu dans l’Europe entière et dans le monde entier des citoyens qui ont été inspirés, qui se sont positionnés aux côtés du peuple grec en ligne de défense de la liberté, de la dignité et de la démocratie.

Et c’est contre cette dynamique, c’est contre cette prise de position, c’est contre cette activation consciente démocratique et digne, c’est contre ce courage glorieux qu’a opéré Tsipras. Il a fait tout ce qu’il pouvait et continue à le faire pour tuer l’espoir, les forces morales des gens et pour les convaincre qu’il n’y avait pas d’alternative autre que la soumission. Ce n’était pas seulement une capitulation, c’était une trahison et ça continue à l’être.

La manière de fonctionner de Syriza était à mon avis une des raisons, un des facteurs principaux, décisifs qui a permis cette trahison. Il n’y avait pas de démocratie réelle dans le parti, il y avait des mécanismes bureaucratiques qui opéraient comme dans les partis traditionnels. Il n’y avait pas de transparence dans l’action et la prise de décision et une consommation incroyable du personnel politique à des stratégies d’antagonismes et de rapport de force interne qui a désorienté tout le débat politique alors que la trahison procédait. Il s’agit de procédures internes anti-démocratiques, décoratives, dégoûtantes que l’on a le devoir de ne pas répéter. Et je n’ai aucun doute que pour rompre avec le régime de Syriza et des créanciers, il faut construire de vrais mouvements politiques, citoyens en coopérant avec les mouvements sociaux et en insistant sur la démocratie avec des procédures ouvertes à la transparence et à la confiance envers les citoyens. En plus je n’ai aucun doute que pour aboutir à renverser la tutelle de la finance, des marchés, des banques, des intérêts politico-économiques corrompus qui servent ce nouveau régime, c’est un régime totalitaire, autoritaire, néocolonial, il faut opérer aussi bien sur le plan interne que sur le plan international comme nous le faisons aujourd’hui et comme nous continuerons à le faire. »

Pour renforcer le peuple grec, il fallait aussi prendre des initiatives. En avril 2016, j’ai pris l’initiative avec beaucoup de citoyens de créer un nouveau mouvement-parti qui s’appelle « Trajet de Liberté ». Ce mouvement a été inauguré en tant qu’ »initiatives ouvertes » en avril 2016. Eric Coquerel (député de la France Insoumise) est venu à l’inauguration. Nous aurons notre réunion nationale de travail au mois d’octobre et nous attendons la participation de Jean-Luc Mélenchon. Ce sera un moment très important, je me permets de dire « historique » parce que c’est le premier mouvement en Grèce dans la période après la dictature qui se crée « ex nihilo », pas comme une scission d’un parti politique mais comme une initiative citoyenne ouverte avec des procédures de démocratie directe. Notre Mouvement opère avec des principes très rigides d’indépendance économique et de transparence, d’ouverture complète à tout citoyen qui veut contribuer, de participation réelle et non pas bureaucratique ni nominale. Nous refusons toute relation avec ce régime de traître et toute insertion de personnes corrompues ou en relation avec les oligarchies économiques et politiques du pays.

Nous sommes un parti parce que nous disons fermement et sincèrement que nous voulons prendre le pouvoir mais nous sommes un mouvement parce que nous refusons les mécanismes bureaucratiques, rigides des partis traditionnels qui ont abouti à cette gouvernance corrompue et pourrie dans toute l’Europe.

Notre grande devise et notre grand engagement est d’organiser au niveau national et international la désobéissance générale citoyenne afin de bouleverser le régime. Nous opérons avec l’engagement de construire un plan concret de gouvernement mais aussi de construire un plan de route pour que le peuple, par notre biais, arrive au pouvoir, pouvoir qui lui appartient.

Notre mouvement opère sur le principe de coopération et du respect des mouvement sociaux existants mais il opère aussi dans une logique de créer de nouveaux mouvements ou de faciliter la création de nouveaux mouvements pour encourager la participation citoyenne dans un pays où le moral des gens a été extrêmement traumatisé et où la marginalisation et l’auto-marginalisation des citoyens opèrent pour le gouvernement.

Je veux vous transmettre ce sentiment de vrai encouragement par votre présence constante et consciente. Je veux aussi vous transmettre mon optimisme et ma conviction qu’ensemble nous allons changer le monde, ensemble nous allons créer. Cela n’est pas une expression, c’est une proposition sur laquelle nous allons travailler. Ensemble nous allons créer une vraie Europe Insoumise des citoyens, une vraie humanité insoumise des gens, des jeunes, des hommes, des femmes. Ensemble nous allons démontrer et prouver que le vrai rapport de force n’est pas un rapport entre gouvernements. Le vrai rapport de force se construit entre cette grande majorité citoyenne des peuples qui va se lever, qui va revendiquer, qui va bouleverser ce système et cette petite oligarchie qui insiste encore à se maintenir au pouvoir mais que nous allons renverser pour restituer la liberté, la dignité, la démocratie pour tout le monde. Je vous remercie. » 

Conférence de presse

[?EN DIRECT – PARTAGEZ] Conférence de presse de la France insoumise aux #AMFiS d'été à Marseille.

Posted by La France insoumise on viernes, 25 de agosto de 2017

 

Tous sont conscients des difficultés qu’ils devront dépasser. Manuel Bompard lors de la conférence de presse« c’est difficile aujourd’hui de se mobiliser quand vous avez une journée de grève… les situations sociales des salarié-es sont complexes, nous sommes conscients de ça. On n’est pas en train de vous dire c’est facile, qu’il suffit d’appuyer sur un bouton. Mais là, c’est le gouvernement qui a une responsabilité particulière. Aujourd’hui pour que les citoyens puissent s’exprimer, puissent avoir leur mot à dire autour de cette réforme du code du travail, ils n’ont qu’une seule solution, c’est de faire ce type de sacrifice ». « 

Concernant la réforme du code du travail, le député Adrien Quatennens souligne « …les gouvernements précédents nous ont déjà vendu que c’était ce type de réforme qu’il fallait appliquer pour redresser le pays. Sauf que vous comme nous, nous attendons toujours de vérifier que leurs recettes produisent les effets qu’ils nous annoncent…Donc il y a une impasse qui apparaît plus vite que prévu. On observe que la France Insoumise, non, ne sont pas des gens échevelés, pas sérieux, le couteau entre les dents mais des gens qui sont méthodiques et qui se préparent à gouverner le pays et finalement petit à petit apparaissent au vu des recettes qu’ils proposent comme les plus raisonnables, pas les plus excessifs. Les plus excessifs sont ceux qui pensent que l’on va pouvoir continuer éternellement comme ça… Nous sommes le recours possible et oui inéluctablement le moment viendra où nous serons en situation de gouverner le pays…Petit à petit, le pays le comprend et nous allons faire en sorte de pouvoir continuer à incarner ce recours qui va être nécessaire vraisemblablement plus tôt que prévu et Manu (Manuel Bompard) a raison de dire que bien évidemment il y a le calendrier électoral qui dicte le temps politique mais effectivement rien ne dit que tout cela va pouvoir durer cinq ans. Et quand on voit ce que c’est, trois mois après l’élection d’Emmanuel Macron, cinq ans ça va être très long. Nous oui, en toutes circonstances et à tous moments on se tient prêts.« 

Charlotte Girard, co-responsable du programme « L’Avenir en commun » a précisé que les discussions commencées avec d’autres pays  il y a presque deux ans pour cette idée d’une autre Europe et celles autour du sommet international du plan B peuvent trouver une place, une expression, et être une poursuite de la réflexion sur « l’universalisme ».

Concernant les AMFiS d’été : « Ce que nous faisons ici d’une manière générale c’est répondre aux attentes, expliquer, être un lieux ouvert et de réflexion assez intense. Ce qui est très important c’est que la construction de ces amphis d’été, le programme l’indique lui-même, se situe dans une lignée, une continuité de ce qui a été fait pendant la campagne y compris sur le fond donc il y a bien un rapport entre le programme « L’avenir en commun » et les tables rondes, les conférences reprenant la plupart des thèmes déjà présents dans « l’avenir en commun » ce qui explique bien que le programme est quelque chose qui vit encore et qui crée de l’homogénéité au sein du mouvement. Ça n’a rien à voir avec une clôture, une fermeture parce que précisément ces idées qui étaient dans le programme sont à nouveau brassées puisque non seulement vous avez les auteurs ou les rapporteurs du programme qui sont animateurs dans beaucoup de tables rondes, mais nous accueillons aussi dans ces tables rondes des gens qui ne sont pas des soutiens officiels de la France Insoumise, des universitaires, des scientifiques, des gens qui veulent être en discussion, en débat car nous pensons que la vertu en politique c’est précisément la capacité à argumenter, à expliquer et ainsi se faire à un moment donné une idée. Une idée qui deviendra commune, qui sera peut-être un jour l’intérêt général, en tout cas identifié comme tel. Tout cela pour vous expliquer que néanmoins ce que nous faisons ici c’est élaborer une culture commune. C’est un lieu de bataille culturelle, on l’a dit souvent sur les plateaux mais ici on vous le montre. Nous vous montrons comment cela se passe. Et cela ne se passe pas de manière violente mais dans la réflexion collective, commune. Ce n’est pas un doxa, une secte. C’est un travail collectif d’ébullition intellectuelle. »

Discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon

 

 

Les photos sont issues des vidéos de la France Insoumise