La donne est claire ; la politique traditionnelle n’est plus utile, obsolète, en fin de vie, les femmes et les hommes qui la représentent sont mis au placard. Après l’expérience en Grèce d’un coup d’état économique orchestré par les banques et piloté par la Troïka (le FMI, la BCE et la Commission européenne), nous avons assisté en direct à l’ascension de M.Macron. Nouvelle stratégie des puissances financières, l’attaque ne viendra plus de l’extérieur mais directement de l’intérieur. La France: un nouveau laboratoire pour l’ultralibéralisme.

M. Macron incarne cette nouvelle stratégie, de l’inspection générale des finances (2004-2007) il se met en disponibilité de la fonction publique en 2008 pour devenir banquier d’affaires et associé-gérant chez Rothschild et Compagnie jusqu’en 2012. Il réintègre la même année la fonction publique pour être nommé secrétaire général adjoint de l’Élysée en mai 2012, une des plus hautes fonctions de l’Etat. Au cœur du pouvoir, il est celui qui pèse sur le choix de ne pas légiférer sur les salaires des patrons préférant un code de bonne conduite qui n’engage à rien et n’a aucun n’intérêt. Son rôle: protéger les intérêts des puissants.

Les 31 mai et 1 juin 2014 il est invité en tant que conseiller du Président de la République Française, François Hollande, à la réunion du groupe Bilderberg, composé de personnalités politiques, de la diplomatie, des affaires, des finances et des médias venant principalement d’Europe et des Etats-Unis ;  groupe opaque et d’influence, il se réunit une fois par an sans que rien ne filtre de ce qui est dit ou fait. M.Macron participe à cette réunion en tant que représentant de l’Etat français, donc de façon officielle, mais pourtant aucun compte-rendu n’existe. Rien, silence radio. C’est cela la démocratie?

Fin août 2014, M.Macron est nommé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Au conseil des ministres de décembre 2014 il présente avec le premier ministre M.Valls un projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, aussi appelé « loi Macron ». Peu après, mi-janvier 2015, des experts envoyés par la Commission européenne, donc par M. Juncker (Président de la Commission Européenne), sont venus éplucher les comptes de l’état français. M. Juncker affirme : « Je voudrais que l’effort en matière de réformes structurelles aille plus loin » [1]. Qu’à cela ne tienne, tout était prêt et la France rentre dans le rang en février 2015 quand M. Valls (premier ministre) impose par le 49-3 la loi Macron à l’Assemblée Nationale qui est adoptée définitivement en juillet.

Une percée a été faite, les puissances financières ont la main avec pour unique objectif d’accélérer l’ultralibéralisme et satisfaire les marchés financiers. Les partis politiques traditionnels sont en déliquescence. Macron crée son mouvement « En Marche! » en avril 2016 puis démissionne en août de son poste de ministre de l’économie, annonce sa candidature en novembre et publie un livre « Révolution ». M.Macron va vite, très vite, la voie est ouverte pour les présidentielles. Tout converge, des politiques de tout bord rallient sa cause pour le porter vers la fonction présidentielle et des médias traditionnels en font la coqueluche de leurs unes, à tel point, qu’après le premier tour, tout est déjà joué. Et le Front National dans tout ça? Il continue d’être utile pour un jeu à deux, les nouveaux visages ou les nouveaux partis se céderont le « pouvoir », c’est-à-dire leur gagne-pain, au détriment de l’humain. Le futur, ils s’en moquent. Les cartes vont se redistribuer mais le schéma restera le même. Et la France Insoumise? Nous verrons bien si elle réussit à confirmer cet espoir qu’elle a représenté sans se perdre dans les filets de la politique politicienne. Va-t-elle choisir d’être celle qui travaille sur le fond, qui pousse les gens à réfléchir, à se questionner sur leur choix ou jouer la carte du court terme, c’est-à-dire des élu-e-s avant tout. La campagne des législatives sera peut-être un indicateur.

Comme l’a dit M.Macron, les réformes de l’été se feront par ordonnance, c’est-à-dire sans vote au parlement. Pensons comme eux deux minutes. Quel est le plus grand problème du libéralisme? Réponse: le facteur humain. Les salarié-e-s sont le maillon faible de la chaîne du profit, coupables d’empêcher les actionnaires, les financiers de gagner encore plus d’argent. Le salarié et le pauvre coûtent trop d’argent, cet argent qui de droit (selon eux) leur revient. La règle d’or : plus pour eux et moins pour tous les autres. Les salarié-e-s et les pauvres sont des empêcheurs de tourner en rond.

Il n’y a pas de complot dans tout cela mais une stratégie perverse et pragmatique des puissances financières pour construire un organigramme mondial où le seul décideur sera la finance. Un décideur sans intermédiaire, sans les politiques ; les Etats seront sous tutelles ou leurs chefs, des banquiers. Le parcours de M.Macron pour arriver au sommet en est l’exemple, tout s’imbrique, tout est lié, politique-finance-médias. Le tour de force est de faire croire aux gens qu’ils ont le choix alors qu’il n’en est rien.

Le message est clair, le Maître c’est la finance et la finance n’a plus besoin de politiques poussiéreux, elle devient l’Etat ; le monstre a la grosse tête. Ce dimanche 7 mai 2017, la France a comme nouveau Président les puissances financières et va être le test d’un ultralibéralisme débridé.  A qui le tour?

 

Notes

[1]  Le Monde Diplomatique. Article du 4 avril 2015 ; Pour amadouer Bruxelles. Loi Macron, le choix du « toujours moins ».