Paris se souvient et recherche en Europe les petits-enfants enlevés pendant la dernière dictature civico-militaire argentine. 

Depuis un an, l’association de droits humains HIJOS-Paris mène une campagne pour l’identité en France, impulsée par les Grands-Mères de la Place de Mai (Buenos Aires), avec la collaboration de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), de la Ligue des droits de l’Homme et du Collectif argentin pour la mémoire. L’exposition Nietos/Nietas (les petits-enfants des Grands-mères de la Place de Mai) de Alejandro Reynoso, est organisée par HIJOS-Paris à l’Espace des Femmes du 4 janvier au 4 février 2017.

Il s’agit de 39 portraits de petits-enfants qui ont récupéré leur identité. Les Grand-mères ont dénoncé devant la justice plus de 500 cas d’enfants volés et d’usurpation d’identité pendant la dernière dictature militaire. 121 d’entre eux ont déjà récupéré leur identité et 380 autres continuent à être recherchés par leur famille et plus spécialement par les grand-mères.

Pour HIJOS-Paris, « L’idée est de présenter l’exposition dans différentes villes françaises et européennes afin de sensibiliser la société européenne et française sur ce crime et pouvoir restituer des identités volées en Europe. Il y a déjà eu des cas résolus en dehors du territoire national et d’autres pourraient se trouver sur le sol européen. L’étroite relation qui s’est constituée entre la France et l’Argentine, avec la création du Centre Pilote (antenne de l’ESMA à Paris) et les services d’intelligence française, nous fait penser que certains enfants enlevés dans les années 70 ont pu se retrouver en France. De plus, la crise économique des années 90 ainsi que celle de 2001 avec son lot de migrants a pu conduire des petits-enfants enlevés sur le sol européen.

L’exposition est accompagnée d’un programme de projections de documentaires, d’une présentation de livres et de débats qui cherchent à proposer un espace de réflexion et d’accompagnement pour tous ceux qui doutent de leur identité.

Le documentaire « Histoires d’un procès » réalisé par Alexandra Garcia-Vila et Franck Moulin, a été présenté le vendredi 27 janvier 2017. Le film relate le procès de Videla, de Menendez et de 29 tortionnaires à Córdoba, Argentine en 2010, qui s’est terminé par la condamnation des responsables du génocide avec une peine de prison à perpétuité et effective en prison de droit commun. La salle était comble et très émue. Un débat de deux heures a suivi avec un public très touché par le chemin parcouru par les organisations de Droits humains en Argentine, combattant contre l’impunité et les droits acquis en matière de Mémoire, de Vérité et de Justice. Des questions ont été posées en lien avec la politique du moment, notamment avec Trump et Macri  concernant le cas des prisonniers politiques tels que Milagro Sala et la criminalisation des luttes sociales.

Traduction: Marie Laure Stirnemann 

Campagne pour l’identité: