De la Corée du Sud au Mexique, en passant par le Vietnam et la Hongrie, une nouvelle étude montre comment la recherche acharnée du profit menée par Samsung à l’échelle mondiale agit sur le quotidien de ses employés.

Des employés de Samsung ont témoigné sur leurs conditions de travail à tous les niveaux des chaînes d’approvisionnement de la multinationale. La Confédération syndicale internationale (CSI) et la fédération syndicale internationale IndustriALL ont publié un nouveau dossier, intitulé Le vrai visage de Samsung : Technologie moderne, conditions de travail moyenâgeuses.

« Entre le refus de rendre justice aux familles d’employés décédés de cancers imputables au manque de sécurité au travail, l’évasion fiscale et les ententes sur les prix, une chose est constante chez Samsung : la culture d’entreprise de Samsung est impitoyablement axée sur le maximum de bénéfices possible, au détriment de la vie de ses employés au quotidien », déclare Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI.

La CSI exhorte Samsung à mettre fin aux mauvais traitements des travailleurs et à abolir sa politique antisyndicale. Une nouvelle vidéo, intitulée Le secret de Samsung raconte l’histoire d’une famille de membres syndicaux en butte à la politique antisyndicale de Samsung qui s’applique à l’ensemble du secteur asiatique de l’électronique.

« Les entreprises sous-traitantes des chaînes d’approvisionnement de Samsung sont soumises à une règle implacable si leurs employés adhèrent à un syndicat. Samsung utilise son pouvoir et ses moyens de pression pour intervenir auprès de ses fournisseurs. Du sommet de la chaîne d’approvisionnement jusqu’à la base, Samsung interdit la création de syndicats en menaçant les entreprises sous-traitantes d’annuler les contrats partout où des travailleurs se syndiquent », précise Sharan Burrow.

Samsung SDI, la société qui a fabriqué les batteries à l’origine des problèmes d’explosion du Galaxy Note 7 de Samsung, a réduit sa main-d’œuvre de 35 % et s’efforce d’éliminer toute création de syndicat depuis plus d’une dizaine d’années. Comme dans d’autres entreprises du Groupe Samsung, les employés ont peur de signaler les problèmes qu’ils rencontrent sur les chaînes de production.

« Quand les compagnies aériennes interdisent l’utilisation du Galaxy Note 7 pendant le vol, les passagers ont une idée de la crainte que de nombreux employés de Samsung ressentent chaque jour pour leur santé et leur sécurité », souligne Burrow.

Une association qui milite en faveur de la sécurité des travailleurs, dénommée SHARPS en anglais (Supporters for the Health and Rights of People in the Semi-Conductor Industry – défenseurs de la santé et des droits des personnes dans le secteur des semi-conducteurs) prévoit un rassemblement au siège de Samsung, à Séoul, le 7 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale pour le travail décent

Samsung est l’une des plus grandes et des plus puissantes entreprises du monde :

  • Les entreprises affiliées à Samsung produisent environ un cinquième de toutes les exportations de la Corée du Sud.
  • En 2012, Samsung Electronics a remporté à elle seule plus de 183 milliards USD de recettes, un chiffre supérieur au PIB du Cambodge et du Honduras, par exemple.
  • La fortune du président de Samsung, Lee Kun-hee, est estimée à 12,6 milliards USD.
  • Lee Kun-hee est dans le coma depuis mai 2014 suite à un arrêt cardiaque. Son fils, Jae-yong, est le successeur désigné du Groupe Samsung. Les actionnaires de Samsung Electronics se réunissent le 27 octobre, date à laquelle le successeur de Samsung devrait entrer au conseil d’administration.

Le dossier révèle également les transactions douteuses des conglomérats sud-coréens, appelés « chaebols », qui exercent une forte influence sur les décisions politiques d’un pays qui jette régulièrement des dirigeants syndicaux en prison, au simple motif qu’ils ont défendu les droits des travailleurs.

« La cupidité des entreprises et leurs manœuvres d’intimidation sont intolérables : un État de droit mondial est désormais indispensable pour garantir une mondialisation qui offre des conditions de travail équitables, c’est-à-dire des droits, un salaire minimum permettant aux travailleurs de vivre dignement, et des emplois sûrs et stables », affirme Jyrki Raina, le secrétaire général d’IndustriALL.

Sharan Burrow ajoute : « Commençant par Samsung, nous entendons dénoncer la cupidité et l’incapacité des plus grandes entreprises du monde à prendre en charge la responsabilité des abus commis dans les chaînes d’approvisionnement, qu’il s’agisse des actions antisyndicales, des salaires extrêmement faibles, des emplois précaires et dangereux, des heures supplémentaires forcées, du travail informel et de l’esclavage moderne.

Notre action ne s’arrêtera pas là : nous maintiendrons la pression en faveur de la réforme et de l’État de droit, nous nous associerons aux caisses de retraite qui gèrent le capital des travailleurs pour défendre les meilleures stratégies d’investissement, et nous soutiendrons les travailleurs du monde entier qui demandent l’État de droit. Nous mettrons fin à la cupidité des entreprises ».

Lisez le dossier de la CSI et d’IndustriAll, « Le vrai visage de Samsung : Technologie moderne, conditions de travail moyenâgeuses » (en anglais)
(le dossier sera bientôt disponible en français, espagnol et allemand).

Regardez la vidéo « Le secret de Samsung »
(anglais, français, allemand, espagnol)

Signez la pétition
(anglais, français, allemand, espagnol)

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le département de la presse de la CSI au +32 2 224 02 10 ou par courriel press@ituc-csi.org

L’article original est accessible ici