Pendant le Congrès pour le Désarmement IPB à Berlin, le 1 et 2 octobre passés, prés de 40 jeunes de 15 pays se sont réunis lors d’une Assemblée de jeunes. Pressenza a interviewé trois personnes parmi eux : Marie Cucurella de France, Emma Pritchard d’Angleterre, et Simon Ott d’Allemagne.

Les pays européens ont été représentés, mais des jeunes sont venus aussi entre autres des Etats-Unis, Corée du Sud, Argentine, Colombie, Japon, Inde et Australie. Les invités africains n’ont pas réussi à arriver – comme c’est souvent le cas –, à cause des difficultés d’obtention des visas. Presque tous les jeunes sont des activistes ou possèdent une formation académique dans les thèmes de la paix et la non-violence. Par exemple, Marie et Simon sont membres de la Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF), et Emma a une maîtrise en résolution de conflits.

La structure de la rencontre, organisée principalement par ces mêmes jeunes, était très différente du reste du congrès. Tandis que ce dernier consistait principalement en séances plénières et en tables rondes de discussion, les jeunes organisaient des jeux au début et à la fin de chaque jour, – « des activités non formelles d’éducation » – pour se connaître entre eux, en incluant une conversation de café ou des activités de création d’équipes. « J’ai appris plusieurs de ces jeux lors des mes études de résolution de conflits », dit Emma,  l’une des organisatrices, « par exemple, un jeu dans lequel tu dois faire une série de déclarations, comme ‘Je suis féministe’, et les gens doivent prendre position soit pour soit contre, et expliquer leur position ».

Des questions de genre et des formes de communication

Tout trois ont souligné que le plus important de la Rencontre des Jeunes fut les causeries inspiratrices entre eux. « Nous avons parlé de nombreuses questions : le féminisme, l’éducation pour la paix, le capitalisme et bien d’autres » dit Marie. Puis Simon continue : « Il y a différents apports, nous apprenons beaucoup les uns des autres ». Ils ont observé quelque chose d’important et de différent par rapport aux  séances officielles du Congrès : tout le monde a été inclus, les personnes timides ont aussi trouvé un espace pour exprimer leurs points de vue. Marie dit : « Par exemple, nous pourrions demander : ‘Qu’est-ce que tu en penses, Luisa ?’ Ou travailler dans de groupes plus petits où il est plus facile que tous puissent s’exprimer ». « Nous ne sommes pas d’accord dans tout, mais nous avons une manière de nous respecter les uns et les autres”, ajoute Simon.

Le thème du genre a été polémique. « Tous ces vieux », chuchote Marie avant d’expliquer : « Lorsque nous regardons les niveaux inférieurs de la hiérarchie tu observes plus de femmes, mais lorsque nous regardons sur les podiums et les positions plus hautes, en grand partie il s’agit des hommes qui continuent à dépasser en nombre les femmes ». Ils se sont rendu compte aussi que l’inégalité de genre persiste encore dans leur génération. « On se demande si ce qui gêne est un problème structurel ou autre chose ». Ils se sont rendu compte que la position de l’homme dérive, en partie,  des formes de comportement  apprises. « Les garçons s’habituent à interrompre plus, tandis que les filles sont souvent plus tranquilles », dit Emma, à manière d’exemple.

Ils disent toujours : «  Impliquez-vous les jeunes » 

Quand on leur a demandé de faire de critiques constructives sur le Congrès, les trois se sont animés : « Ils disent toujours : Impliquez vous les jeunes ! Mais après ils ne nous donnent pas l’espace. Lors de la plénière,  la présentation de la Rencontre de jeunes et de notre travail a pris seulement dix minutes, et il n’y a pas eu d’autres orateurs jeunes. Ils ne nous demandent pas notre opinion, ne nous incluent pas. » Emma  dit que la jeunesse a un point de vue important pour contribuer, point de vue qui est aussi appréciable. « L’objectif serait qu’il n’y est plus de réunions de jeunes à l’avenir, mais que nous participons dans les mêmes conditions » dit Marie. De plus, la structure du Congrès n’a pas été très bien prévue, selon eux. « C’est très conservateur, très traditionnel : le public seulement écoute passivement quelques célébrités. Peut-être que cette manière leur plaît. Mais ce n’est pas attractif pour les jeunes. Ce n’est pas la manière de faire des conférences aujourd’hui. Ils pourraient faire bien plus d’ateliers avec des cercles ouverts aux échanges, des sessions plénières plus créatrices, plus actives et fluides »,  expliquent-ils. Puis : « Les gens veulent savoir ce qu’ils peuvent faire. Il faut les impliquer pour qu’ils soient plus actifs ».

Comment seraient traitées les extraterrestres par les êtres humains ?

Et maintenant ? « Nous allons rester en contact » disent-ils. Après beaucoup de débats, la déclaration des jeunes sur la démilitarisation a été terminée. Un autre objectif est l’organisation d’un Congrès Mondial de Jeunes pour la Paix en 2018. Dés à présent et jusqu’à cette date, l’organisation d’ateliers et de webinaires a été prévue. Les jeunes sont arrivés à se connaître et ont cherché ensemble la manière d’échanger, de débattre et de définir les questions les plus importantes. En parlant avec eux on pouvait sentir leur inspiration et leur enthousiasme. A la fin ils m’ont déclaré, en riant : « Hier soir nous avons parlé de comment les extraterrestres seraient traités par les êtres humains. Certains étaient plutôt optimistes et d’autres plutôt négatifs ». Sur un ton plus sérieux Simon disait : « Fondamentalement la question est, qu’est-ce qui se passerait si une puissance neutre apparaît ? Comment répondrait l’humanité ? comme elle le fait aujourd’hui ? » « Bien sûr », ajoute Marie, « nous assumons que les extraterrestres sont pacifiques.”

Emma Pritchard, Marie Cucurella y Simon Ott, delante de una escultura de la bomba atómica, expuesta en la conferencia.

Emma Pritchard, Marie Cucurella et Simon Ott, devant une sculpture de la bombe atomique exposée dans la conférence.

Lorsque nous leur avons demandé quelle était la valeur la plus importante pour eux, Marie a répondu : « La solidarité et le respect », Emma a dit : « La justice. Non pas tant la justice légale, mais l’égalité, le concept de partager, du dialogue », enfin Simon a déclaré : « La collaboration. Aussi la justice. L’égalité d’accès aux recours et l’égalité de droits. Le fait de partager ». En résumé pour tous : « Chaque fois que tu connais des gens d’autres endroits, tu te rends compte qu’ils sont égaux à toi ». (Nota : Dans mes entretiens je demande toujours à mes interviewés les valeurs qui comptent le plus pour eux).