Nuit Debout. Deux mots qui ont fait couler beaucoup d’encre depuis le 31 mars 2016. Deux mots qui symbolisent la naissance d’un mouvement citoyen, d’abord sur la place de la République, puis en France et dans le reste du monde. Nuit Debout est multiple et donc insaisissable. Nuit Debout ne revendique rien mais veut tout. Nuit Debout n’a pas de leader, elle est insoumise. Depuis le début du mois d’août, Gazette Debout, le journal indépendant de Nuit Debout, vous fait revivre l’histoire de ce mouvement grâce à une sélection des meilleurs de ses 700 articles. Voici l’épisode 3. Bonne lecture.

Juin : préparer les lendemains

La météo n’a pas été clémente avec le mouvement. Mais il en faut plus pour décourager les Nuitdeboutistes, toujours plus nombreux à se rendre chaque soir sur la place de la République, malgré les pluies diluviennes, pour assister aux assemblées générales et participer aux travaux des commissions. Chaque semaine, les anti-pub Debout s’installent régulièrement sur la place, afin de détourner les affiches publicitaire qui envahissent notre environnement. Dans une optique de convergence des luttes dans le monde entier, Nuit Debout a accueilli une commission Syrie Debout,  venue régulièrement dénoncer les exactions commises par le régime de Bachar el-Assad.

Notre engagement citoyen et militant n’a pas plu aux hommes politiques, nombreux à nous critiquer dans les médias traditionnels, comme le prouvent toutes nos revues de presse. Le parti au pouvoir  n’a pas daigné écouter nos revendications, préférant ignorer la majorité des Français qui étaient opposés à la Loi Travail. Les membres du Parti socialiste ne semblent d’ailleurs pas vraiment savoir sur quel pied danser. Mais certains hommes et femmes politiques ont toutefois apporté un soutien à Nuit Debout, comme Yanis Varoufakis l’ancien ministre grec de l’économie.

Malgré ce dédain, les manifestations contre le projet de loi El Khomri n’ont pas faibli, avec comme point d’orgue la manifestation du 14 juin,  particulièrement violente. Une fois encore, nous avons reçu et publié de nombreux témoignages  sur les violences subies  ainsi que sur la dégradation de la façade de l’hôpital Necker, flagrant exemple d’une manipulation politico-médiatique.

Estimant que les dérives des manifestations étaient « inacceptables », le gouvernement a décidé le 23 juin d’imposer un défilé autour du Bassin de l’Arsenal, dans le quartier de la Bastille. Une décision qui a révolté bon nombre de militants. D’ailleurs, ces quatre mois de protestations ont été émaillés de nombreuses manifestations « libres », dont l’une des dernières a eu lieu le 25 juin dans le quartier de Belleville. Là encore, elle n’a pas été exempte de violences.

Le mois de juin a surtout été l’occasion de célébrer le 100Mars de notrecalendrier « marsien » avec un riche programme de festivités. L’occasion de dresser un premier bilan et d’esquisser des réponses à une question que tout le monde se pose : qu’est ce que ça donne, Nuit Debout ?

Gazette Debout n’est pas le seul média né place de la République. TV Debout et Radio Debout ont diffusé quotidiennement les débats de l’assemblée générale, ainsi que des reportages et des interviews.
Depuis le 4 avril, les équipes de TV Debout sont quotidiennement présentes sur la place. Près de 160 personnes sont passées à l’antenne en quatre mois, dont Rime et Laurence, deux facilitatrices professionnelles chargées d’apaiser les tensions dans un groupe. Elles prodiguent des conseils au sein d’entreprises, pour que les équipes apprennent à s’écouter et à s’accorder sur des règles communes afin que le résultat produit par l’intelligence collective dépasse la somme des compétences individuelles. Un discours qui prend une résonnance toute particulière à Nuit Debout.

Radio Debout a également compilé une trentaine d’extraits de ses meilleurs moments, comme l’intervention d’Alain Krivine. Figure emblématique de Mai 68, l’homme rejette le périlleux parallèle avec Nuit Debout. Le fondateur de la Ligue Communiste Révolutionnaire distingue d’emblée les deux mouvements et leurs contextes. Qu’il s’agisse des relations entre mondes ouvrier et estudiantin, de la conscience de classe, de la répression policière – une « répression plus violente, calculée, organisée, structurée, qui n’existait pas en 68 » – difficile selon lui de comparer les deux. Krivine identifie pourtant un dénominateur commun : « Le ras le bol est identique, sauf qu’à l’époque il s’agissait d’un gouvernement de droite. Aujourd’hui, il paraît que c’est un gouvernement de gauche… ». S’il se refuse à tout pronostic, il appelle à utiliser l’écho médiatique que fournira la proximité des élections présidentielles et législatives pour développer une campagne anti-électoraliste de soutien aux mouvements de masse comme de Nuit Debout. Une analyse à écouter ici.

C’est la fin de notre troisième épisode.

Vous pouvez retrouver notre premier ICI et notre second épisode ICI.

L’article original est accessible ici