Ce documentaire, qui sera présenté en première au Bureau international de la paix 2016 à Berlin, introduira certainement un élément nouveau et fondamental susceptible d’aider à construire les fondations découlant du thème de ce congrès mondial : « Désarmer ! Pour un climat de paix ».

Comment en es-tu arrivé à cette histoire d’histoires, toutes en relation avec la vengeance et le besoin de réconciliation ?

Tout est parti d’un travail réalisé auparavant par Luz Jahnen. Il enquêtait et, à partir de cette enquête, il a donné des ateliers sur la vengeance et la réconciliation, durant lesquels les participants passaient un week-end complet à réfléchir sur la vengeance dans l’histoire, la société et leur propre vie. Il y a eu un atelier au Parc d’Etude et de Réflexion de Tolède et j’ai pu parler à des personnes qui sortaient de l’atelier. Elles étaient enchantées, émues également, et je me suis dit qu’un point intéressant y avait été soulevé.

Ensuite, quand j’ai parlé avec Luz, il m’a dit que l’idée de réaliser un documentaire à partir de ces thèmes lui était passé par la tête; un documentaire qui, dans la mesure du possible, puisse faire bénéficier à davantage de personnes de l’expérience et de la compréhension résultant des ateliers, et ce, évidemment, dans un temps bien plus court.

À notre avis, la validité du documentaire devait reposer non seulement sur la transmission d’une idée, mais également et surtout sur la transmission d’une expérience; c’est-à-dire que la personne qui verrait le documentaire puisse se mettre en présence de la vengeance en elle-même et autour d’elle. Et pour y parvenir, nous avons eu l’idée de demander aux participants des ateliers qui avaient eu une compréhension très profonde de communiquer cette compréhension sous forme d’entrevues.

Le plus souvent, dans tes documentaires, tu choisis le format de tes entrevues pour raconter l’histoire que tu souhaites raconter…

Je pense que, comme la plupart des gens, nous en avons assez qu’on nous dise quoi faire ou quoi penser. Mais peut-être que nous apprenons beaucoup plus en voyant des exemples de la vie réelle, de personnes comme nous qui nous montrent comment elles ont fait face à des problèmes, ont fait des choses et ont tiré des leçons. Je pense que cela nous mène vers une réflexion plus authentique et peut nous donner des occasions de faire des choses que nous pouvons réellement faire.

Dans mes trois derniers documentaires, la force du message s’appuie sans doute sur les témoignages des personnes interrogées.

Ces trois derniers documentaires concernent des thèmes existentiels. Cela a-t-il un rapport avec ta vie ?

Beaucoup. Je pense que le deuil ou la vengeance sont des thèmes qui nous touchent tous profondément. Mon idée de ces productions, c’est qu’elles sont l’expression ou s’accompagnent d’un travail interne de l’auteur. En réalité, je pense que toutes les personnes concernées, qu’il s’agisse des personnes interrogées, du réalisateur ou des musiciens, réalisent des progrès par rapport au thème et les expriment de manière différente, et le documentaire est l’ensemble de ces expressions.

On pourrait dire qu’il y a dans chacun d’eux un début qui encadre l’intrigue, un milieu et une fin ou une réponse positive qui surmonte le problème posé, que tu racontes à travers les vies des protagonistes.

Oui, cette intrigue est ce qui anime l’ordre interne du documentaire. Ce modèle transférentiel est inspiré des « Expériences guidées » de Silo. Après le cadrage historique, le milieu de l’histoire concentre toutes les expériences dramatiques. Nous avons essayé de présenter des cas différents et, par conséquent, nous nous identifions presque tous d’une manière ou d’une autre à l’une des personnes interviewées. Le fait de nous identifier à l’une de ces personnes nous met en présence de nos propres expériences et nous les accompagnons ainsi sur leur chemin, jusqu’à ce qu’elles trouvent des issues et transforment la situation. De cette façon, même si nous abordons des thèmes parfois très difficiles, le ton général et spécialement la fin sont légers et pleins d’espoir.

Les thèmes abordés dans les entrevues sont « sensibles », les personnes interrogées ont mis leur âme à nu. Le fait d’avoir raconté leur vécu en public semble avoir eu pour elles un effet réparateur.

Heureusement, nous avons parlé à des personnes très courageuses qui racontent des choses qu’on n’a pas l’habitude de raconter. Mais cette inhibition qui survient en général dans notre vie quotidienne nous empêche très souvent d’aborder des choses qui nous importent réellement. Les personnes interrogées surmontent cette barrière et rien que le fait de s’exprimer et de communiquer avec d’autres leur fait le plus grand bien, d’après ce qu’elles disent. Il y a également un élément important, c’est que l’on donne un sens à une expérience qui, en principe, est négative. En effet, le fait de transformer cette expérience en un apprentissage qui, en même temps, se révèle utile pour autrui, aide à l’intégrer totalement et à lui ôter la charge de souffrance initiale.

Les femmes, en particulier, s’expriment sans censure…

Totalement. De fait, nous avons parfois dû faire une « discrimination positive » pour ne pas interroger seulement des femmes et donner aux hommes l’occasion de s’exprimer et d’être représentés.

Il y a beaucoup de protagonistes de l’Amérique latine. Pourquoi ?

C’est en raison des ateliers que Luz y a réalisés. Certaines des personnes qui ont assisté à un atelier au Chili ont proposé tout de suite et avec enthousiasme de participer au projet et nous ont envoyé plusieurs entrevues. Quand nous les avons vues, elles nous ont semblé si émouvantes que nous avions déjà une base nous servant d’appui pour communiquer ce que nous voulions communiquer. Je pense que ce fût là un pas important du projet.

Cela a été un travail collectif de nombreux professionnels bénévoles également…

Il faut souligner le travail des musiciens, Florent et Mara, qui – comme nous le disions – ont également réalisé leur travail en réfléchissant sur leur propre existence. Ensuite, les caméramans, les spécialistes… peu à peu s’ajoute bon nombre de bénévoles pour réaliser un projet commun. Et il y a aussi ceux que nous espérons voir s’y ajouter à partir de maintenant, pour la diffusion et autres activités. Il me semble que le bénévolat est mieux à même de déclencher une certaine énergie, qui se perdrait dans un contexte plus commercial.

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Voici la vidéo : Elle a actuellement des sous-titres en espagnol (des traductions d’entretiens et de chansons), anglais et allemand.
Avec le temps nous allons ajouter des sous-titres dans d’autres langues et aussi il y aura des nouvelles versions avec la voix de la speakerine doublée dans différents langages.

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Plus d’informations :

Si vous voulez laisser vos impressions, expériences… ou plus apporter un matériel concernant le thème, vous pouvez le faire sur cette page de Facebook : Más allá de la Venganza

Si quelqu’un a besoin d’un fichier original sous-titré pour présenter le film dans un lieu sans Internet ou sur un grand écran type cinéma, écrire à cette adresse mail : infobeyondrevenge@gmail.com

 

Traduction de l’espagnol : Silvia Benitez