Le mouvement syndical international attire l’attention sur la vague de cupidité des entreprises qui va déferler sur le Brésil après la destitution de la présidente Dilma Rousseff par un Congrès gangréné par la corruption.
Le gouvernement, composé exclusivement d’hommes blancs et dirigé par le peu connu Michel Temer, précédemment vice-président, avait déjà établi un programme de réductions budgétaires massives aussitôt après avoir pris les rênes du pouvoir au moment de la suspension de Dilma Rousseff, en attendant le résultat des audiences du Sénat concernant la destitution. Quinze ministres sur les 24 du gouvernement initial, dont Temer lui-même, font l’objet d’allégations de corruption ou de poursuites au pénal. Lorsqu’elle était au pouvoir, Dilma Rousseff avait refusé de faire obstacle aux enquêtes en cours sur la corruption, y compris lorsqu’elles visaient des membres de son propre parti politique.
Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, déclare : « La famille la plus riche du Brésil s’est appuyée sur son empire médiatique dominant, Globo, pour chercher à déstabiliser le gouvernement ; aujourd’hui, d’autres entreprises brésiliennes et étrangères comptent profiter de la vente prévue des actifs de l’État à un prix avantageux, de l’affaiblissement des protections du travail et d’un gouvernement déjà occupé à placer les intérêts du commerce mondial avant les emplois et les sources de revenus de ses propres citoyens.
Il n’était donc guère étonnant de voir dans les médias, à peine une heure après l’annonce de la destitution de la présidente Dilma Rousseff, la Chambre de commerce américaine encourager le gouvernement Temer à poursuivre sa campagne mondiale d’expansion des entreprises et d’augmentation des bénéfices, aux dépens de la démocratie et des droits ».
La première mesure prise par le gouvernement de Temer, lors de la suspension de Dilma Rousseff, fut de supprimer les ministères liés aux femmes, à l’égalité raciale et aux droits humains, et d’annuler une loi de 2014 qui offrait aux travailleurs domestiques l’accès aux retraites, des garanties de salaire et des indemnités pour licenciement abusif. Les nouvelles réductions qui seront opérées dans les services publics essentiels et les dépenses sociales toucheront le plus durement les personnes les plus pauvres, et Temer a annoncé des changements majeurs au niveau de la législation du travail et du système de retraite, ainsi qu’un amendement constitutionnel, ce qui fait craindre que le pays ne se retrouve enfermé dans l’austérité pendant les deux prochaines décennies.
« La crise politique du Brésil est profonde, et ce gouvernement n’a aucune crédibilité, sauf pour protéger les intérêts des grandes entreprises et des individus fortement corrompus. Plusieurs décennies de progrès social sont en péril, et l’obsession du gouvernement à l’égard des politiques d’austérité favorables aux entreprises, qui ont démontré leur inefficacité dans d’autres pays, ne résoudront pas les graves problèmes économiques qui ont commencé au moment de la chute des prix du pétrole. Toutes les centrales syndicales brésiliennes s’unissent pour lutter contre la fragilisation programmée de la législation du travail, et le mouvement syndical international les soutient fermement », affirme Burrow.