On ne le dira jamais assez, les personnes atteintes d’un handicap moteur ou d’une déficience physique ont des possibilités limitées pour se déplacer, exécuter des tâches manuelles ou participer à certaines activités. Ces altérations affectent profondément leur capacité à accéder aux locaux des édifices publics, à monter dans un bus de transport ou encore à circuler sur la route.  La loi camerounaise du 21 juillet 1983, relative à la protection des personnes handicapées, propose une définition de la personne handicapée comme étant «toute personne frappée d’une déficience physique ou mentale, congénitale ou accidentelle et qui éprouve des difficultés à s’acquitter des fonctions normales, réservées aux personnes valides ». D’après les Nations Unies environ 10 pour cent de la population mondiale, soit 650 millions de personnes, vivent avec un handicap. Ils constituent la plus large minorité au monde.

Il ne fait aucun doute que les problématiques du handicap doivent être prises en compte par la société, et que la personne handicapée doit y trouver sa place comme tout autre citoyen. La déclaration universelle  des droits de l’homme a le mérite d’avoir impulsé une dynamique de considération de la valeur humaine à savoir que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Mais pour satisfaire cette ambition d’égalité de tous, en droit et en chances, il est important pour la société de changer le regard qu’elle porte sur les personnes souffrant d’un quelconque handicap.

L’absence d’édifices, de routes, de bus de transport accessibles aux handicapés moteurs témoigne de ce que la souffrance de ces personnes n’atteint pas toujours le cœur des ceux en charge d’impulser le développement de donner la joie de vivre aux populations. S’il semble aujourd’hui utopique d’imaginer que tous les logements construits soient accessibles à toute forme de handicap, on peut par contre espérer que les aménagements permettant l’accès aux personnes à mobilité réduite soient systématiquement prévus.

L’association Vaincre le Handicap reconnaît que, comme les personnes valides, les personnes handicapées qui sont des citoyens camerounais disposent des droits égaux prévus dans la constitution du pays. Il s’agit du droit de vote et du droit de participer aux affaires politiques. On oublie souvent que les dispositions pratiques ne sont pas toujours prises pour permettre à la personne handicapée d’exercer ses droits. C’est le cas pendant les élections où les bureaux de vote ne sont pas toujours adaptés au vote des personnes aveugles. Pourtant, environ deux millions d’habitants, soit une personne sur dix, souffrent d’un handicap au Cameroun. La plupart d’entre eux bénéficient d’une scolarisation  adéquate. L’école spécialisée pour enfants déficients auditifs (ESADA) créée en 1972 à Yaoundé accueille les enfants dès la maternelle et comporte un cycle primaire complet jusqu’en 6ème, ainsi qu’une section artisanale.

Si l’accès des handicapés à l’éducation est donc bien une réalité au Cameroun, le chemin à parcourir pour permettre leur intégration dans la société est loin d’être terminé. Faciliter leur mobilité et leur permettre d’exercer leurs droits civiques sont sans aucun doute des objectifs prioritaires.