Loin de l’image très médiatisée — et positive — des combattantes, la condition féminine au Kurdistan irakien demeure contrastée. Si de notables progrès ont été réalisés en matière d’émancipation, y compris sur le plan législatif, l’oppression misogyne et des maux tels que les crimes d’honneur perdurent.

En Irak, une émancipation qui progresse

Elle est devenue l’un des emblèmes de la lutte acharnée des Kurdes contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). Helly Luv, de son vrai nom Helan Abdulla, multiplie les chansons pop pour exalter le sentiment patriotique. Avec un succès international. Réalisé en 2015, le clip de Revolution appelle à défendre le Kurdistan contre des envahisseurs dont le spectateur comprend qu’il s’agit des troupes de l’OEI. En tenue de combat et talons dorés, cheveux rouge sang et keffieh vermillon, la chanteuse, qui porte des bracelets en balles de mitrailleuse, arrête à elle seule la progression d’une colonne de chars. Dans une autre vidéo, celle de la chanson Risk It All, elle apparaît entourée de guerrières aux yeux maquillés, leurs mains aux ongles vernis brandissant des kalachnikovs. Ces images illustrent bien le charisme prêté aux guerrières du Kurdistan. Nul doute que leur diffusion planétaire contribue à renforcer l’intérêt récurrent et enthousiaste pour les combattantes kurdes.

Quelle que soit leur localisation géographique, les responsables kurdes n’ont pas attendu la lutte contre l’OEI pour nommer des femmes aux postes-clés, militaires ou même politiques. En 1909, déjà, Adila Khanim succéda à son mari comme gouverneure de Halabja et chef de la tribu Jaf, l’une des plus importantes du Kurdistan. Elle demeure connue pour avoir réussi à rétablir l’ordre et la loi dans sa région. Aujourd’hui, deux colonelles, Mmes Nahida Ahmed Rachid et Aïla Hama Amin Ahmed, font de cette figure historique l’une des inspiratrices du bataillon 106, une force exclusivement féminine constituée en 1996 à Souleimaniyé, ville irakienne sous le contrôle du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK). Pour expliquer leur engagement dans cette unité dès sa création, Mmes Ahmed Rachid et Hama Amin Ahmed invoquent sans hésiter « l’impératif de prendre les armes pour défendre la nation menacée » et l’impossibilité de rester à la maison pendant que leurs compatriotes se faisaient tuer.

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Par: Nada Maucourant (Monde Diplomatique)

Photos Blog « YOL » (routes Turquies et ailleurs) par Anne

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