Une voix s’élève aujourd’hui en Allemagne, au Bundestag, pour réveiller les consciences et rappeler les questions essentielles : dans cette Europe, qui sommes-nous, que voulons-nous ?

La première démocratie connue est la démocratie athénienne (VI° av J-C) née suite à la crise de la cité grecque. De cette  «DÉMOCRATIE», nous en avons conservé le terme, ainsi  que celui d’«AGORA».  Les différents pouvoirs qui se sont succédés depuis plus de 2000 ans n’ont eu de cesse d’étouffer cette « graine de démocratie » en l’enterrant afin qu’elle ne perturbe pas la marche du pouvoir. La nature de toute graine est de germer, et de temps en temps elle fleurit parmi les plus humbles.

Nous sommes une fois encore à la fin d’un style de civilisation. Ce n’est pas la première Sodome et Gomorrhe, ni la première chute.
La prise de conscience du peuple de son vrai pouvoir créatif et unitif n’est pas encore majoritaire, mais elle n’est pas absente non plus. La pensée de Gandhi « Il y a des lois de Vie auxquelles je ne peux déroger »,  et celle de Silo «Traite les autres comme tu voudrais qu’ils te traitent » telle une traînée de poudre, deviennent la nouvelle pensée des acteurs de changement, en marge de ce système.

« Monsieur le Président, Madame la Chancelière, Mesdames, Messieurs. En des temps meilleurs, la politique étrangère allemande avait deux priorités : l’intégration européenne, et une politique de bon voisinage avec la Russie. 
Cela devrait vous inquiéter, Madame Merkel, si vous daigniez m’écouter, que presque dix ans après votre nomination comme chancelière,  les nationalismes et les conflits en Europe prospèrent plus que jamais, et que les dissensions avec la Russie  laissent la place à une nouvelle guerre froide… »

Ainsi commence le discours de Madame Sahra Wagenknecht, une femme politique allemande courageuse (du parti Die Links), qui dénonce la source de tous nos problèmes, au Bundestag (parlement allemand – Mars 2015). Elle ne fait pas partie de la majorité au gouvernement, mais elle a un courage féroce face aux vrais problèmes de nos sociétés, allemande, grecque, belge et européenne.

Elle va coup sur coup passer en revue toute l’histoire et la politique allemande depuis la fondation de l’Union Européenne, jusqu’à maintenant, rappelant les thèmes fondateurs et l’état actuel : La Paix, la sécurité, l’économie, le respect, la souveraineté des peuples et les dérives actuelles avec la vente d’armes, le TAFTA et l’environnement.

« L’Union européenne est née et a cherché dans le contexte du partenariat avec l’Est, à casser toute coopération économique et politique entre les pays intéressés et la Russie. Mme Merkel, cela visait évidemment et directement la Russie! Ce n’était pas dans l’intérêt des pays concernés. »

Pour corser le tout, elle dénonce l’asservissement de l’Allemagne, via la chancelière Merkel aux USA , à l’économie avec toutes ses dérives, y compris avec le traité transatlantique et avec le fracking comme horribles conséquences.

« Et ce n’est pas un secret,  les États-Unis attisent le conflit avec la Russie aussi pour des motifs économiques. Quand le gouvernement US parle de droits de l’homme, il s’agit souvent de droits de prospection gazière ou sur des gisements. Et justement, avec tous ces gisements de gaz de schiste en Ukraine, les perspectives d’exploitation sont énormes. Si maintenant dans l’Union énergétique, on parle de nouveaux oléoducs, et d’indépendance croissante vis-à-vis du gaz russe, il faut dire honnêtement aux gens ce que cela implique : une dépendance toujours plus grande vis-à-vis du gaz de schiste, bien plus cher et dévastateur pour l’environnement… Et je ne pense pas que cela soit une perspective responsable. »

Quant à l’austérité, et tous les pays actuellement ballottés par la guerre et par l’économie, voici deux gifles assez dures …
L’une pour l’Otan :

« Je pense qu’il vaudrait mieux admettre que cette politique de sanctions ne fut qu’une énorme erreur, que l’Europe s’est tirée une balle dans le pied, et que les sanctions doivent être levées. De même, nous n’avons pas besoin de chars d’assaut ni d’une force d’intervention de l’OTAN de 3000 hommes en Europe de l’Est qui ne protégera personne et menacerait encore plus la paix en Europe. »

L’autre pour le TAFTA :

« À vrai dire, nul besoin de chars d’assaut pour défendre ces valeurs. Si vous voulez vraiment défendre la démocratie, Mme Merkel, il suffit de vous engager pour que les pays européens soient finalement dirigés par leurs gouvernements élus, et non par les marchés financiers, par l’ex-banquier Mario Draghi, pas plus que par vous, Mme Merkel. Et si vous voulez la démocratie, arrêtez les négociations sur le grand Traité transatlantique, ce TAFTA, dont l’adoption réduirait les élections démocratiques à une vaste farce. Voilà comment vous devez défendre les valeurs européennes, la démocratie !

Quittez les négociations sur le TAFTA et les accords similaires ! »

Et pour recadrer le problème avec la Grèce, elle n’hésite pas à dénoncer les vrais bénéficiaires des  remboursements  grecs, tout en rappelant ce que l’Allemagne leur a fait pendant la seconde guerre mondiale :

« la réalité, c’est que la Grèce était déjà surendettée en 2010, et c’est par une appropriation irresponsable de l’argent des contribuables allemands que la dette des Grecs a été remboursée aux banques. D’ailleurs nous n’étions pas d’accord.

[…]

Je dois dire que vos rires narquois m’attristent beaucoup. Au souvenir de ce que l’occupant allemand a fait en Grèce, et vu qu’un million de Grecs ont perdu la vie lors de cette période sombre de l’histoire allemande, je trouve M. Schauble vos déclarations insolentes, et les vôtres M. Kauder, irrespectueuses.  Et cela me fait honte. »

La fin du discours est à retenir  tant cet appel à nos plus belles aspirations rehausse la situation sans fermer la porte à un futur radieux pour les peuples européens :

«  Si nous pensons aux souffrances de nos voisins de l’Est pendant la guerre, nous comprenons mieux que l’équilibre, la détente et la coexistence pacifique restent des points cruciaux de la politique étrangère allemande vis-à-vis de ces pays. Que chaque camp se le rappelle et se respecte l’un l’autre. 
Oui, c’est seulement en gardant cela en mémoire, et en se respectant mutuellement que nous retrouverons le chemin d’une politique de bon voisinage, au sein de l’Union Européenne et avec la Russie.»

Une tendance à suivre de près, même si elle n’est qu’une voie ténue que les média ne relaient pas, mais que les réseaux sociaux finissent par propager.

Rien de ce qui existe dans ce monde n’existe sans nous.  Aucune €conomie n’existe sans les peuples.  Aucun peuple n’existe sans l’art, l’éducation, la philosophie, la spiritualité.  La lutte contre la douleur et la souffrance est le moteur de l’histoire humaine.

Chaque fois qu’une main se tend vers celui qui souffre, qui a faim, qui a besoin d’aide, chaque fois cette graine de démocratie est stimulée et lance une petite racine dans un être humain. Plus on l’enterre, plus elle portera de fruits.

Faisons tout pour qu’elle éclose et fleurisse  avec non-violence !

Source vidéo : http://ilfattoquotidiano.fr/discours-feroce-de-sahra-wagenknecht-au-bundestag-mme-merkel-votre-politique-atlantiste-emmene-leurope-droit-dans-le-mur/

L’article original est accessible ici