Les taux de décès et d’infections très élevés parmi les jeunes filles et même les adolescentes en milieux ruraux et parfois urbains sont en grande partie liés aux conditions dans lesquels les rapports sexuels et les avortements sont menés.

Une étude réalisée en 2007 révélait jusque-là que les grossesses avant le mariage sont légions au Cameroun. Beaucoup de jeunes filles sont mères célibataires à l’âge de 16 ans, d’autres le sont à 13 . Ces grossesses qui ne sont pas souvent désirées les empêchent de trouver un mari parce que de plus en plus les hommes esquivent les filles qui ont des enfants à charge. Pourtant, les méthodes contraceptives à savoir pilules, ovules, préservatifs et autres existent bel et bien dans les pharmacies et les organisations sanitaires du pays. Sous l’impulsion de certaines ONG de défense des droits de la femme, des campagnes de formation et d’information de la jeune fille sur les risques d’avoir des rapports sexuels non protégés sont parfois organisées à travers le pays.

Mais le poids de la tradition prend souvent le dessus sur la volonté de la jeune fille à maîtriser son corps. Dans la conception traditionnelle, le sexe est perçu comme un organe de procréation. Le sperme quant à lui est le symbole de la vie et ne saurait être « jeté par terre ». Si la femme est en période féconde plutôt que de lui imposer un coït interrompu on lui demande d’uriner juste après les rapports sexuels. Réfutant ainsi le préservatif, l’abstinence reste le dernier moyen pour la jeune fille d’éviter une grossesse. Toutefois, des méthodes empiriques de contraception sont très bien véhiculées dans ce cas. La jeune fille pense par exemple qu’en avalant deux cuillerées de miel pur, une tasse de café noir ou un demi-verre de whisky après les rapports sexuels elle empêche la fécondation.

Quand la grossesse arrive, la jeune fille a également recours aux méthodes dangereuses pour se débarrasser du fœtus. Malheureusement beaucoup d’entres elles paient un lourd tribut qui va parfois d’infections diverses à la mort . A l’aide d’une purge par exemple, après avoir macéré les feuilles de tabac, elles introduisent le liquide dans le sexe, d’autres y introduisent du permanganate de potassium, certaines par contre lavent le sexe juste après les rapports sexuels avec une macération des feuilles de ndolè scientifiquement appelé vernonia.

En amont, l’Etat a tout fait en prenant des mesures coercitives contre ceux ou celles qui se livrent à ces pratiques. La loi pénale camerounaise condamne la femme qui se livre à l’avortement ainsi que celui qui l’aide à accomplir son acte. Cette disposition semble pousser les jeunes filles dans la clandestinité. Si l’Etat franchissait le pas en accédant à la demande de certaines ONG de défense des droits de la femme en adoptant une loi sur la légalisation encadrée de l’avortement, cela améliorerait considérablement la situation de la jeune fille camerounaise, qui pourrait avoir un meilleur droit à la santé.