Crédit image : Carte des Etats membres du Groupe des fournisseurs nucléaires. Image : Lofo7 | Wikimedia Commons

Par Jean-Marie Collin. “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales

Les diplomates russes, américains, français, chinois et britanniques se réunissent pour discuter armes nucléaires…

Depuis 2010, les cinq puissances officiellement reconnues par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se rencontrent avant la conférence du TNP. La dernière fois, c’était à Pékin en avril 2014. Aujourd’hui, pour la sixième fois, ces Ambassadeurs des puissances atomiques sont à Londres ces 4 et 5 février pour préparer la 9ème conférence d’Examen du Traité de Non-prolifération Nucléaire (ou RevCom dans le jargon diplomatique), qui se déroulera à l’ONU du 27 avril au 22 mai.

M. Jean-Hugues Simon-Michel (pour tweeter #AmbJHSM), Ambassadeur, représentant permanent de la France auprès de la Conférence du désarmement est présent à cette réunion.  (au premier plan sur la gauche avec les lunettes )

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Cette réunion peut apparaître comme positive, car elle serait la preuve d’un dialogue entre les puissances nucléaires, contrairement à ce que les médias prétendent… Mais, est-ce une action positive pour assurer la promotion du désarmement nucléaire et la sécurité mondiale (souvenons-nous que nous sommes à 3 minutes de l’apocalypse du fait de la présence de 16300 armes nucléaires) ? Où une action pour entretenir et soutenir l’idée qu’un monde sans armes nucléaires est un but à atteindre, mais actuellement irréalisable, malgré toute leur bonne volonté ?

Le TNP est le socle de base d’un régime qui comprend le désarmement nucléaire (pilier 1), la non-prolifération nucléaire (pilier 2) et l’usage pacifique de l’énergie nucléaire (pilier 3). En 2010, lors de la précédente RevCom – qui fut un succès – ces 5 états se sont engagés à réaliser dans le pilier 1 (désarmement nucléaire) des mesures effectives et importantes, comme l’arrêt de la modernisation de leurs arsenaux, des diminutions quantitatives des arsenaux, le retrait du concept de dissuasion nucléaire comme élément principal de leur politique de défense, …. Or, ils n’ont rien fait ! Au contraire….

Le TNP risque bien de vaciller à cause de leur non-action. Et ce risque, le P5 ne veut pas le courir, alors même que s’est succédée une série de conférences internationales (OsloNayaritVienne) montrant une prise de conscience forte des états à travers le monde de l’impact humanitaire des armes nucléaires, et de la nécessité désormais d’agir et non plus de discuter. Comme l’a indiqué à Vienne en décembre dernier le Brésil : “si le TNP a été reconduit de manière indéterminé en 1995, cela ne signifie pas que les négociations sur le désarmement doivent suivre le même chemin”.

Cette 9ème RevCom est cruciale pour ces 5 états. S’ils tentent de montrer leur bonne volonté et actions pour le désarmement nucléaire (ratification de la ZEAN de l’Asie centrale et de la  Mongolie, de la diminution des arsenaux US/Russie, du travail actif – depuis 17 ans… – au sein de la Conférence de Désarmement sur un Traité d’interdiction des matières fissiles…), cela ne leur permettra pas de cacher le fait qu’aucun d’entre eux n’a réalisé les engagements promis en 2010 sur le pilier du désarmement nucléaire. De plus, et c’est là la nouveauté de cette RevCom, il existe aujourd’hui une opposition. Un grand nombre d’états ne supportent plus cette situation. A Vienne, 44 états, en parallèle du TNP, encouragent à la création d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires ; un processus qui inquiète les puissances nucléaires, car elles ne pourraient alors plus avoir la main sur ces négociations sauf à entrer dans la danse de ce nouveau processus…

Source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2015/02/04/reunion-des-puissances-nucleaires-a-londres/

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