Par Koffigan E. Adigbli

La culture du riz améliore les conditions de vie de nombreuses familles et fixe les jeunes ruraux sur leur terroir à Kovié, une localité du sud-ouest du Togo, située à 30 kilomètres de Lomé, la capitale.

Dans un champ de riz de 360 hectares, des femmes et des hommes accroupis enlèvent, soit avec la main soit avec de petites houes, les mauvaises herbes. Au total 17 groupes d’ouvriers d’une quinzaine de membres chacun, dont des saisonniers, sarclent dans le champ.

Une visite d’IPS à la mi-septembre a permis de constater qu’il y a une vaste surface irriguée par un canal d’amenée en béton armé de 10.801 mètres, dont une partie souterraine, peut irriguer près du double des 360 hectares ensemencés en riz, selon les ouvriers.

Le canal d’amenée se ramifie en deux canaux primaires, l’un de 3.271 mètres à l’est, et l’autre de 6.770 mètres à l’ouest. Ensuite, des arroseurs, qui sont des canaux secondaires, tournent, lançant des jets d’eau sur de longues distances pour arroser le champ de riz.

Des groupes d’ouvriers sont dispersés sur le champ, enlevant les mauvaises herbes. «Pour sarcler dans le champ de riz, nous avons constitué un groupe de 15 personnes dont cinq femmes. Un hectare sarclé est payé à 70.000 francs CFA (environ 140 dollars). Nous prenons trois jours pour sarcler un hectare», déclare Kodjo Nekou, un ouvrier saisonnier.

Nekou est étudiant en sociologie à l’Université de Lomé, mais pour subvenir à ses besoins, il vient à Kovié pendant les vacances pour sarcler dans les périmètres rizicoles. D’autres étudiants et élèves font la même chose pour gagner un peu d’argent.

«Cette année, nous avons déjà sarclé 11 hectares. Je sais que je dois gagner au moins 60.000 FCFA (120 dollars) avant de repartir. Je serai encore à Kovié en novembre pour chasser les oiseaux et gagner encore un peu d’argent», explique à IPS, Jules Glassou, un autre ouvrier du groupe de Nekou.

Toutefois, Hervé Konou, responsable de la coopérative de production de riz ‘Mokpokpo’ (qui signifie ‘Espoir’ en Ewé, une langue locale), souligne qu’en plus des difficultés liées à l’accès des intrants comme les semences et l’engrais, ils sont confrontés à des problèmes d’accès à la terre pour la culture du riz.

«Nous sommes une vingtaine de coopératives de production de riz ici à Kovié. Pour exploiter un hectare, nous devons payer au propriétaire terrien 60.000 FCFA (120 dollars). En plus de cela, parfois nous n’avons pas de bonnes variétés de semences», explique Konou à IPS. Ils avaient produit environ 1.500 tonnes à Kovié l’année dernière.

«L’Etat togolais nous a habitués à semer le riz Nerica issu du croisement du riz africain et du riz asiatique, mais parfois comme cette année, le riz n’a pas vite poussé. Cela a ralenti nos prévisions de production», ajoute-t-il.

Mais en plus du riz Nerica, deux autres variétés sont cultivées au Togo: le riz Kabakaba et le riz Tsotaé, selon l’Institut togolais des recherches agronomiques (ITRA).

Essodina Badabadi, un autre agriculteur, déclare que si d’autres exploitants agricoles ont des problèmes d’intrants, c’est parce qu’ils trouvent le prix de l’engrais trop cher au Togo et qu’ils préfèrent l’acheter moins cher au Ghana voisin.

«Le ministère de l’Agriculture a vendu cette année le sac de 50 kilogrammes d’engrais à 10.000 FCFA (20 dollars), mais au Ghana, le même sac est vendu à 8.000 FCFA (16 dollars)», indique Badabadi à IPS. «Mais selon les encadreurs agricoles, les composantes de l’engrais chimique en provenance du Ghana ne sont pas propices à la variété de riz plantée, ralentissant sa croissance et jouant négativement sur le rendement», dit-t-il.

Badabadi ajoute que l’année dernière, avec l’engrais du Togo, ils ont récolté 4,5 tonnes de riz à l’hectare alors que ceux qui ont utilisé l’engrais du Ghana n’ont obtenu que 3,5 tonnes à l’hectare.

«Certains trouvent que le prix de la semence de riz qui est de 500 FCFA (un dollar) par mesure de quatre kilogrammes est onéreux. Notre problème, c’est la commercialisation. Le sac de 50 kg de riz de Kovié est vendu à 20.000 FCFA (40 dollars), alors que le même sac de riz thaïlandais importé varie entre 13.000 et 16.000 FCFA (entre 26 et 32 dollars)», explique-t-il. «Ce qui fait que nous sommes obligés de chercher des marchés au Ghana, au Bénin et au Burkina Faso», tous frontaliers du Togo.

Le directeur de l’ITRA, Comlan Atsu Agbobli, explique qu’en dehors de Kovié, le riz est produit dans d’autres régions du pays.

«La saison dernière, le Togo a produit 52.000 tonnes de riz, mais le pays a importé du riz des pays comme le Japon, la Chine, la Thaïlande et même des Etats-Unis», indique-t-il.

Le Togo compte quelque six millions d’habitants, selon le recensement de 2010. 

Source : http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=7796

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