Image : Schéma des différents impacts environnementaux potentiels. A : gaz naturel relâché dans l’atmosphère, B : contamination de la surface par les eaux usées, C : prélèvement conflictuel sur les ressources en eau, D et E : contamination des couches aquifères superficielle et profonde, F : sismicité induite.

Pour comprendre, essayons de répondre à quelques questions « simples ».

1) Qu’est-ce que c’est ?

  1. Le gaz de schiste est un gaz naturel, semblable au gaz conventionnel, utilisé pour se chauffer et se déplacer. Il a comme particularité d’être enfermé dans des roches très compactes et très profondes : les schistes. Il n’est pas accessible directement par forage, on doit réaliser une opération de fracking pour l’extraire, lui et l’huile de schiste.
  2. La fracturation hydraulique (fracking) est une fissuration massive d’une roche au moyen d’une injection d’un liquide sous pression. Cette technique permet de récupérer du pétrole ou du gaz dans des substrats trop denses, où un puits classique ne produirait rien ou presque. Le liquide est en général de l’eau additionnée de matériaux durs (sable ou microbilles de céramique) et d’autres additifs.
  3. Le pétrole est une roche liquide d’origine naturelle, une huile minérale composée d’une multitude de composés organiques, piégée dans des formations géologiques particulières. Ce sont des réservoirs quasi-stables, puisque existant depuis des milliers d’années. Ils sont directement accessibles par forage, puis, dans un gisement en fin de vie, on injecte de l’eau sous pression pour récupérer ce qui reste.
  4. Quant à l’huile de schiste, elle se présente comme une soupe semblable au pétrole.

 

2) Pourquoi tant de bruit autour du gaz de schiste ?

  1. En premier lieu, il est beaucoup plus cher que le pétrole, ce qui a laissé ce gaz longtemps hors d’intérêt.
  2. Si un gisement de pétrole est quasi-stable, c’est dû en grande partie à ce qu’il est huileux et visqueux (sinon il aurait déjà disparu par fuite, comme tous les gaz), par contre le gaz de schiste ne peut pas rester, et ce qui n’est pas aspiré au moyen des puits, fuite et transpire à travers les sols et les nappes phréatiques. La technologie de fracturation des roches n’est pas aussi contrôlée qu’on veut le laisser croire, et les acides fuitent aussi hors de la zone de forage. Le nombre de zones et de nappes phréatiques définitivement polluées défrayent les chroniques, mais ces informations sont ridiculisées et minimisées par une médiatisation, qui elle, est contrôlée.
  3. Toutes ces techniques sont polluantes, il n’y a rien de propre.L’empreinte CO2 du gaz de schistes est dramatiquement négative (en raison de la production des produits chimiques, sables et microbilles de céramique et de leur transport).
  4. Ce processus nécessite également une énorme consommation d’eau, qu’il faut  acheminer puis injecter sous pression avec de lourdes machines.
  5. La pluie et les inondations de telles zones produisent des effets sismiques et ont des conséquences dramatiques en matière de pollutions toxiques;  les médias n’en parlent jamais directement.

 

3) Alors pourquoi le fait-on ?

  1. Dans le monde, il y a peu de sociétés capables d’effectuer ce type de travail, c’est une « haute technologie » jalousement gardée, ce qui leur confère un pouvoir et une influence énorme, ainsi qu’une aura en bourse très importante.
  2. Cette « haute technologie » venant de l’exploitation du pétrole, les fabricants et les extracteurs sont souvent les mêmes.  Si les zones de prospection sont mondiales, on remarquera que ces sociétés sont majoritairement sur le continent nord-américain.  Les ingénieurs, les produits, les matériaux et les technologies sont aussi majoritairement de ce même continent. La pollution des sols et des sources d’eau est bien évidemment sur la zone exploitée ;  le gaz, lui,  est souvent destiné à la vente à d’autres régions. Si l’on suit où vont les bénéfices de la vente de ces gaz,  on constate que les pouvoirs locaux n’en reçoivent que des miettes, et ce pendant quelques années seulement et non pendant les décennies promises. Au début de ce cycle la bourse a enrichi foreurs et exploitants.Les pollutions restent un problème local et les victimes (habitants, terrains et écosystèmes locaux) ne sont jamais prises en compte.
  3. Dans le cas du gaz de schiste, le simple forage et le début de l’exploitation d’un puits suffit à générer d’énormes bénéfices en bourse, sur la foi des plantureuses affaires faites des décennies durant, avec le pétrole.  On peut,  sans trahir les faits, affirmer que forer rapporte plus que l’exploitation de chaque puits. La production des puits est souvent trop importante pour les besoins locaux. Le stockage coûte cher et  la construction de gazoducs pour le transport nécessiterait du temps et de l’argent. La bourse exigeant une rentabilité maximum et immédiate,  brûler sur place l’excédent de production est plus « rentable », générant ainsi  en plus de la pollution des sols et des nappes phréatiques, un gaspillage, une pollution atmosphérique et une émission de CO2 irresponsables ! Les USA et le Canada sont de tristes exemples pour avoir créé de telles zones pourries.
  4. Pour produire du gaz en période de pénurie ?  Si  malheureusement  cet argument a été valable à une époque passée, notre connaissance du monde actuel nous montre un paysage différent :
    1. Nous avons découvert de nouveaux gisements pétrolifères qui fourniraient davantage que nos besoins.
    2. Pour produire du pétrole, nous savons utiliser des algues consommatrices du CO2 et donc dépolluantes.
    3. Nous savons synthétiser une partie du pétrole à partir du recyclage de nos déchets ou à partir de l’eau de mer.
    4. Nous savons produire de l’électricité à partir du vent, du soleil, de la chimie des végétaux, du recyclage, de la géo-technologie…
    5. Nous savons fabriquer des moteurs et des sources lumineuses qui consomment très peu ou pas de produits issus du pétrole (Stirlling, à eau, eau-huile, hydrogène …) …
    6. Enfin nous savons qu’en transformant nos modes de production et de consommation énergétiques notre impact sur l’écosystème et sur notre santé pourrait être positif. Ainsi nous pourrions tous vivre beaucoup mieux.

 

4) A qui ça profite ?

  1. A nous, humains ?
    1. Si nous regardons ce qui se passe déjà aujourd’hui, nous, consommateurs aux besoins préfabriqués, nous verrons monter le prix du gaz.
    2. L’écosystème local, incluant tous les êtres humains présents et futurs, sera pollué au nom du bien-être de la société.
  2. Aux exploitants des forages ?
    1. Là encore, le tableau est terne, car ces puits se tarissent en fait bien plus vite que promis (moins de 4 ans au lieu de plusieurs décennies promises).
    2. Dans la pratique, il faut sans cesse forer de nouveaux conduits et injecter toujours plus de produits chimiques et d’eau ce qui génère un coût d’exploitation bien plus onéreux à moyen et long terme.
  3. Aux administrateurs qui ont signé les accords et donné les autorisations ?
    1. Le tableau est bien sombre ici aussi, car si certains se sont enrichis à titre personnel,  beaucoup d’autres, qui étaient de bonne foi, se sont fait abuser par les fausses promesses de revenus pour leurs collectivités.
    2. Face aux multinationales, les administrateurs locaux ont peu de poids. Les lois existantes sont « sous-efficaces », et face à ce marché international les opposants se retrouvent souvent seuls. Avec la signature des traités trans-atlantiques et trans-pacifiques, les cas vont se compliquer. L’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), entre  les USA et le Canada auquel s’est ajouté le Mexique, montre déjà l’esquisse du futur grand marché transatlantique. Lors de nombreux litiges gérés par une instance interne à l’ALENA, les deux pays partenaires des USA ont été condamnés à de lourdes indemnités aux entreprises étasuniennes pour « entrave au commerce ». De plus ils ont dû changer leurs lois nationales qui limitaient les possibilités commerciales des entreprises des USA. Si le traité transatlantique était signé, en Europe que se passerait-il pour un maire ou un préfet refusant l’exploitation de leur sous-sol à une entreprise étasunienne ? Ils seraient contraints, en dépit des lois nationales, à accéder à la demande de forage et d’exploitation, et soumis à de lourdes astreintes jusqu’à signature des permis.

 

5) Aux spéculateurs boursiers ?

Oui.
Les bénéfices de ce secteur économique dépendent directement du nombre de forages et de la réputation des foreurs et exploitants.


Conclusion :

Le Gaz de schiste n’est pas une problématique uniquement technologique, écologique ou économique. C’est un cas d’école sur le fonctionnement de la mondialisation ultralibérale.

Aveuglés par le « pour moi », dominés par le « tout de suite », dociles face aux diktats capitalistes, nous oublions notre état de citoyen du monde, du présent et du futur.

Est-ce que tout ça, nous apporte réellement le bonheur ?

Quand retrouverons-nous notre intelligence collective, nos possibilités de création et de partage des savoirs ? Comment parviendrons-nous à agir ensemble pour résoudre ce qui fait souffrir l’être humain ?


Que dirons de nous nos petits-enfants, de tout ce saccage de la nature et de la vie ?

Que penseront-ils de notre soumission face à la monstruosité ?

A nous de faire un choix vital :    « Céder ou S’aider »

 

Quelques liens utiles :

 

et des vidéos:

Source : http://www.partihumaniste.be/themes/climat-ecologie/110-le-gaz-de-schiste-le-fracking-le-petrole-l-huile-de-schiste-une-histoire-d-energie-et-de-besoins-ou-une-affaire-boursiere.html

L’article original est accessible ici