Cela fait 20 ans que l’apartheid a été aboli. Mais ce régime fondé sur la ségrégation raciale a marqué l’histoire et la société sud-africaine. Retour sur quarante années de lutte anti-apartheid.

L’apartheid a été appliqué dès 1948, cette politique qui devait préserver les cultures de chaque ethnie visait surtout à conserver la suprématie des blancs.

À partir des années 1950, le gouvernement ne cesse de multiplier les mesures de ségrégation raciale dans tous les domaines : la fréquentation des lieux publics, l’emploi, les zones d’habitations, la justice. Les blancs conservent tous les pouvoirs.

En 1964, le Conseil de sécurité de l’Onu condamne l’apartheid, mais ce n’est qu’en 1991 que les lois ségrégationnistes seront officiellement abolies. En 1994, les toutes premières élections multiraciales sont organisées. Nelson Mandela devient le premier président noir du pays.

Vingt ans après, la société sud-africaine avance sur la voie de l’égalité, même si les inégalités sociales existent toujours et que les noirs restent majoritairement pauvres.

Retrouvez ci-dessous une chronologie des dates-clés de l’histoire de l’apartheid :

1910

Les quatre colonies du Cap, l’État libre d’Orange, Natal et Transvaal unissent leurs forces pour devenir l’Union sud-africaine. Dès le début, la population blanche, minoritaire, opprime la population noire. Un an plus tard, les premières lois pour assurer l’hégémonie des Blancs sont adoptées.

1913

Le gouvernement adopte le « Native’s Land Act » : désormais, les habitants noirs ne peuvent acquérir des terres que dans certaines régions d’Afrique du Sud.

1923

Le gouvernement interdit aux noirs de vivre en ville. Il faut un permis et une autorisation spéciale des autorités pour y vivre ou être autorisé à y travailler.

1948

Le Parti national (NP) remporte les élections législatives. Seuls les blancs étaient autorisés à y participer. Le NP restera au pouvoir jusqu’en 1994 et ne cessera d’étendre le système d’oppression. Le temps du « Grand Apartheid » commence. Dans les années qui suivent, les noirs et les Sud-Africains d’origine indienne sont systématiquement victimes de discrimination dans tous les domaines de la vie publique.

1950

Une nouvelle loi est adoptée : l’État classe les citoyens selon leur race à partir de critères pseudo-scientifiques

1960

Dans la localité de Sharpeville, la police tire sur des manifestants noirs qui protestent contre l’apartheid. Au moins 69 personnes sont tuées. Le Congrès national africain et d’autres groupes de résistance sont interdits. Nelson Mandela et d’autres chefs de l’ANC entament leur lutte armée contre le gouvernement.

1963

La pression internationale se fait plus forte. Le conseil de sécurité de l’Onu déclare un embargo sur les armes. Un an plus tard, l’Afrique du Sud est exclue des Jeux Olympiques. Le pays est également exclu de l’Assemblée générale des Nations unies. Les années suivantes, le pays est également visé par des sanctions économiques.

1974

À Soweto, une banlieue de Johannesburg, des élèves noirs manifestent contre le projet du gouvernement de faire de l’Afrikaans la langue de l’enseignement. La police tire à nouveau. Conséquence : 600 morts.

1985

Les manifestations contre le régime de l’apartheid se multiplient, tout comme les affrontements dans les townships entre la police et les habitants. On déplore de plus en plus de morts et de blessés. Le gouvernement décrète l’état d’urgence. Il restera en vigueur jusqu’en 1990. Les États qui demandent des sanctions contre le gouvernement blanc se font plus nombreux.

1989

F.W. de Klerk devient président. La communauté internationale assiste avec stupeur au démantèlement progressif du système d’apartheid par un chef de l’État blanc. Les interdictions contre l’ANC et d’autres mouvements de résistance sont levées. Nelson Mandela est libéré de prison. En 1991, l’ANC et le gouvernement entament des négociations sur le futur système politique. Elles prennent fin en 1993.

1994

Des larmes de joie coulent dans tout le pays : pour la première fois, des élections libres et secrètes ont lieu et tous les Sud-Africains peuvent y participer. De nombreux citoyens noirs se rendent pour la première fois dans un bureau de vote. L’ANC gagne haut la main. Nelson Mandela devient chef de l’État. Les sanctions internationales sont levées.

1997

La nouvelle constitution démocratique entre en vigueur. Elle donne les mêmes droits à tous les citoyens du pays.