Enfant recevant le vaccin contre la poliomyélite.

Après quatre ans d’accalmie, les autorités camerounaises croyaient avoir vaincu la maladie, que non. Cette réapparition remet ainsi sur la sellette la question autour des maladies épidémiques. Du coup, les autorités camerounaises n’ont pas attendu que d’autres cas soient révélés pour organiser la riposte. Avec le soutien de l’organisation mondiale de la santé, une campagne massive et gratuite de vaccination des enfants âgés de 0 à 5 ans est organisé sur l’étendu du territoire national. A terme, 4,5 millions d’enfants doivent être vaccinés contre la poliomyélite. Cette campagne est la deuxième que le pays organise depuis le début de l’année.

Selon l’Organisation mondiale de la santé la poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et peut entraîner une paralysie totale en quelques heures. Le virus se propage d’une personne à une autre principalement par la voie fécale-orale ou moins fréquemment par le biais d’un véhicule commun (eau ou aliments contaminés, par exemple) et se multiplie dans l’intestin. Elle touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible.

Le nombre des cas de poliomyélite a diminué de plus de 99% depuis 1988. Cette baisse résulte de l’effort mondial pour éradiquer cette maladie. En 2014, il ne reste plus que trois pays d’endémie,  à savoir l’Afghanistan, le Nigéria et le Pakistan. Mais en avril dernier, 7 cas de polio ont été détectés au Cameroun. Quatre malades ont été repérés dans la région de l’ouest du pays, plus précisément dans la localité de Kouoptamo, tandis que les trois autres cas ont été enregistrés dans le district de santé de Djoungolo à Yaoundé.

Face à la menace, les chercheurs et les laboratoires de recherche mettent les petits plats dans les grands comme à l’Institut Pasteur qui est une fondation privée à but non lucratif dont la mission est de contribuer à la prévention et au traitement des maladies, en priorité infectieuses. Cet institut est très impliqué dans la surveillance du poliovirus qui s’effectue dans le cadre du Réseau de Surveillance et de Recherche des Entérovirus qui réunit les laboratoires de 12 instituts du Réseau International des Instituts Pasteur. La plupart de ces laboratoires participent au réseau mondial de surveillance de la poliomyélite de l’OMS. L’émergence des nouvelles souches de poliovirus est également étudiée à l’Institut Pasteur à Paris en collaboration avec de nombreux Instituts du Réseau International des Instituts Pasteur.

Des efforts qui sont déployés à juste titre parce que le profil épidémiologique du Cameroun est dominé par des maladies infectieuses et parasitaires, une tendance à l’augmentation de la prévalence de certaines maladies non transmissibles et une précarité des conditions socio-économiques concernant l’éducation, l’emploi, l’habitat, l’eau potable, l’assainissement et la nutrition pour une grande partie de la population. Mais face à la volonté des autorités d’éradiquer ces maladies, dans le programme de élargie de vaccination, certains parents refusent délibérément de faire vacciner leurs enfant en raison de leurs croyances religieuses. Ne représentant qu’une infime partie de la population, ces parents laissent ainsi la porte ouverte au polio virus qui pourrait de nouveau ressurgir.