C’est dans le cadre des travaux de l’assemblée générale triennale de l’Union Panafricaine des Avocats (UPA) qui s’est tenue le 06 juin dernier à Yaoundé, la capitale du Cameroun que le problème a été débattu. L’ancien président sud africain Thabo Mbeki, en sa qualité de Président du Groupe de Personnalités de Haut Niveau (GPHN) sur les Flux Financiers Illicites (FFI), était de la partie. Il n’a pas manqué de demander aux avocats africains de lutter contre ce fléau qui prive l’Afrique de ressources qui auraient aidé à financer des infrastructures nécessaires à son développement.

Selon un rapport conjoint de la banque africaine de développement (BAD) et de la Global Financial Integrity (GFI) publié en 2013, l’Afrique pâtit de la fuite des capitaux. En effet, entre 1980 et 2009, les transferts nets de ressources hors d’Afrique sont passés de 597 milliards de dollars EU à 1 400 milliards.

Les flux financiers illicites et non enregistrés ont été de l’ordre de 1 220 à 1 350 milliards de dollars EU entre 1980 et 2009, éclipsant les transactions financières enregistrées. Dans son récent rapport, Africa Progress Panel révèle que le continent perd 50 millions de dollars à travers des flux financiers illégaux chaque année. Soit environ 5,7 % du PIB qui représente le plus fort taux au monde.

A Yaoundé, le Groupe de Personnalités de Haut Niveau que dirige Thabo Mbeki a révélé que ces flux financiers illicites s’opèrent à travers des pots de vin, la corruption impliquant des fonctionnaires, le trafic drogue, le blanchiment d’argent, les transactions commerciales frauduleuses, la distorsion des frais de transfert d’argent et la surfacturation.

Une hémorragie aux conséquences tragiques pour le continent. Les sommes perdues chaque année sont largement supérieures aux montants de l’aide internationale au développement. Autant d’argent que les pays africains pouvaient utiliser pour développer l’agriculture, améliorer l’accès aux soins ou construire des écoles pour les populations.

Les solutions préconisées à l’issu du conclave de Yaoundé prévoit d’exiger de chaque pays africain un rapport sur les transactions financières et commerciales. Sans oublier le problème des sociétés écran anonymes qui sont pour la plupart des sociétés fictives créées pour dissimuler des transactions financières.

L’ONU de son côté, dans le Rapport 2013 sur les progrès en Afrique, exige des solutions multilatérales aux problèmes mondiaux car « l’évasion fiscale, les transferts de richesses illicites et les pratiques pour fixer des prix inéquitables sont soutenus par les systèmes commerciaux et financiers mondiaux ». Il incite les citoyens africains à exiger de leurs gouvernements qu’ils répondent aux normes les plus strictes en matière de propriété et de publication, et les pays riches à exiger la même chose de leurs sociétés.