Le 24 octobre 2012, les ministres du Commerce et de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, avaient conjointement signés un arrêté réglementant la fabrication, l’importation et la commercialisation des emballages non biodégradables à basse densité, c’est-à-dire inférieure à 60 microns d’épaisseur. Le 13 février 2014, ces deux ministres sont montés d’un cran en ouvrant la lutte contre les emballages plastiques non biodégradables en ces termes: « sont formellement interdits sur l’étendue du territoire national la fabrication, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basse densité, ainsi que les granulés servant à leur fabrication ». Du coup des voix se sont levées pour fustiger cette façon de faire, consiste à mettre la charrue avant les bœufs. En effet il est reproché au aux autorités de n’avoir pas au préalable procédé à l’introduction sur le marché camerounais des emballages plastiques biodégradables, ce qui aurait préparé les populations au changement à venir.

Au commencement, la chasse aux emballages non biodégradables lancée, la résistance et les déboires se multiplient sur le terrain. Les étales et les grands magasins sont passés au peigne fin par les agents de contrôle du ministère en charge de la protection de l’environnement. D’importants stocks de plastiques non biodégradables sont emportés, les récidivistes sont sanctionnés conformément à l’arrêté d’interdiction desdits emballages. Pendant ce temps, les plastiques biodégradables sont introuvables. Conséquences : les ménagères qui n’ont pas prévu de sac pour leur course sont obligées soit de les tenir entre les mains soit de recourir à tout autre moyen de bord. Certains opérateurs fabriquant d’emballages, face à ce manquement, ont vite fait de mettre sur le marché des emballages oxo biodégradables. Ce qui aussitôt provoqué l’ire des autorités, ouvrant ainsi une bataille autour des expressions biodégradable, oxo biodégradable, non biodégradables.

Les autorités soutiennent que les emballages plastiques fragmentables ou oxo biodégradables sont non biodégradables, par conséquent nocives pour l’environnement. Les opérateurs économiques quant à eux restent campés sur leur position et estiment que l’additif de fragmentation associé au plastique réduit considérablement sa durée de vie dans l’environnement. Dans cette guerre de mot entre le ministère et les opérateurs économiques arrive un troisième larron : les environnementalistes. Ils pensent que contrairement à ce que veulent faire croire certains fabricants, les emballages dits fragmentables par photo dégradation ou par oxydation ne sont absolument pas biodégradables et encore moins compostables, par conséquent plus polluants.

Un combat qui aurait pu être généralisé parce qu’à côté des emballages plastiques, les bouteilles plastiques sont présentes dans le quotidien des camerounais. Comme le plastique, une bouteille en plastique n’est pas est très peu dégradable naturellement. Malheureusement les bouteilles finissent toujours dans les poubelles ménagères, les rigoles avant d’être drainées par les eaux de ruissellement vers les bas fonds où elles obstruent considérablement les égouts. Et comme Il est assez difficile d’imaginer un Cameroun sans plastique, il est urgent non seulement de proscrire l’usage des plastiques non biodégradables mais surtout d’envisager le recyclage de toutes les matières faites a base de plastique.