Depuis 3 ans déjà, France Libertés et 60 Millions de Consommateurs mènent l’« Opération Transparence », un travail d’enquête sur le service de l’eau en France. Après le prix de l’eau en 2012, sa qualité en 2013, nous avons choisi d’enquêter sur les infrastructures, et plus précisément sur l’entretien et le renouvellement des réseaux de canalisations.

Le constat de départ était que le réseau d’eau potable est vieillissant et n’est pas renouvelé assez vite. Notre objectif a donc été de collecter des informations précises à grande échelle afin d’évaluer l’ampleur du problème et de faire émerger des solutions.

Les résultats de l’enquête

Une transparence toute relative

Les informations que nous avons cherché à collecter sont des données censées être publiques et accessibles à tout citoyen. Malgré des mois d’enquête, d’appels téléphoniques, de mails et de courriers, nous n’avons pas réussi à obtenir les données de toutes les préfectures françaises. Force est de constater que, dans certaines villes, la transparence est aux abonnés absents.

Petit rappel : la loi Grenelle II obligeait les collectivités à établir un descriptif détaillé des réseaux à l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) avant le 31 décembre 2013. En mars 2014, seules 10% des collectivités ont transmis ces données.

Encore trop de fuites d’eau

1,3 milliards de mètres cubes d’eau traitée qui n’arrivent pas au robinet, soit 20% d’eau perdue en France. Alors que ce chiffre est déjà bien au-dessus des objectifs fixés par le Grenelle II (15%), il est très probablement sous-évalué car il ne repose que sur les données communiquées à l’Onema. Deux préfectures sur trois n’atteignent pas l’objectif national.

Rappelons que, indirectement, l’usager paye pour cette eau gâchée car la potabilisation de l’eau est comprise dans la facture.

Conscience du problème et inaction

Globalement, les élus ont conscience du problème mais rares sont ceux à réagir, pour des motifs variés : absence de moyens humains, économiques, préoccupation électoralistes… Pourtant, il est urgent de prendre des décisions politiques pour maîtriser les problèmes techniques futurs qui s’annoncent inévitables au rythme actuel de renouvellement des canalisations.

Quelles solutions ?

Des investissements

L’enjeu financier de la rénovation du réseau est colossal : il faudrait engager entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an pour réaliser les travaux nécessaires partout en France, soit plus du double du rythme actuel.

La péréquation des territoires

Il existe actuellement plus de 14 000 services d’eau en France. C’est beaucoup trop ! La péréquation permet d’harmoniser les prix, de mutualiser les moyens humains et financiers et d’exercer un meilleur contrôle sur la ressource à plus grande échelle territoriale.

L’exemple de Vendée Eau

Pour concilier travaux de remplacement et prix du m³ abordable, la mutualisation des moyens est souvent ce qu’il y a de plus judicieux. C’est ce qu’a fait la Vendée, où la quasi-totalité du réseau est gérée par une structure regroupant 277 des 282 communes du département. Cette mutualisation a permis de lancer un plan ambitieux de renouvellement du réseau d’eau potable, sans augmentation du prix de l’eau, tout en remboursant ses dettes au fil des ans.

Il y a consensus sur la réalité du problème qui s’approche à grand pas, mais les élus n’agissent pas assez. Pour cette raison, nous réitérons notre volonté de voir des Assises Nationales de l’eau organisées, afin d’enclencher un débat positif entre tous les acteurs du secteur. L’angle de ces Assises ne devra pas porter sur les aspects techniques liés à la gestion de l’eau. Il s’agit au contraire d’aborder les problématiques par un prisme de réflexion qui soit à la fois politique, environnemental et démocratique.

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