Crédits Image : Web site du Gouvernement de Mexico

Par Jean-Marie Collin. “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales

Conférence Impact humanitaire des Armes nucléaires – Jour J

Un an après avoir lancé un processus d’information sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, la Seconde conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires s’est ouverte ce 13 février 2014.

Premier Jour : Il est évident qu’ici, la « bombe » est quelque chose de concret. Les diplomates, experts scientifiques, survivants des bombes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki ne parlent pas de « Dissuasion », de ce qui n’est qu’un concept mais bien des effets de l’arme atomique. Ce fut une priorité de cette première journée, informer pleinement les 140 Etats présents que l’explosion d’une arme nucléaire ou de plusieurs auraient irrémédiablement des effets sur l’ensemble de la planète.

Le Mexique a présenté une étude montrant l’impact d’une bombe nucléaire de 55 mégatonnes (il est vrai une arme qui n’existe pas aujourd’hui dans les arsenaux des puissances nucléaires), Richard Moyes (Article 36) a informé lui sur l’explosion d’une bombe de 140 Kt sur la ville britannique de Manchester. À chaque fois les conclusions sont les mêmes, comment pouvoir faire face aux conséquences de cette explosion nucléaire ?

Témoignage de Ms Setsuko Thulow, survivante d’Hiroshima, Hibakusha : « On voyait des fantômes, leurs cheveux étaient hérissés, ils saignaient, parfois ils leur manquaient une partie du corps, la chair pendait de leurs os, certains avaient leurs yeux dans leur mains, certains avaient les intestins en dehors de leur corps. Nous nous sommes joint à cette procession de fantômes ».

Source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2014/02/14/conference-de-mexico-%E2%80%93-jour-j/

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Conférence de Mexico – les puissances nucléaires

Elles sont au nombre de neuf, mais seules deux sont présentes à cette conférence.

L’Inde et le Pakistan sont les deux seules puissances nucléaires à être présentes. Elles étaient déjà venues lors de la conférence d’Oslo. Certains observateurs diront qu’elles ont beau jeu de venir alors même qu’elles renforcent leurs arsenaux nucléaires. Notons que les autres puissances nucléaires modernisent aussi leurs arsenaux. Par conséquent, leur présence dans cette conférence peut s’analyser comme une volonté de :

  • Se démarquer des autres puissances nucléaires.
  • De pouvoir avoir une enceinte de discussion où il n’y a pas de discrimination entre Etats (cas du TNP).
  • De mettre en avant leur politique de « désarmement ».

Israel comme la Corée du nord n’ont exprimé aucune remarque concernant cette conférence. Mais il faut remarquer que ce sujet de l’impact humanitaire commence à avoir un écho au sein d’Israel (parlementaires, société civile), trop habitué à ne répondre que sur les questions du “ni/ni” ou de l’affaire Vanunu.

La pression est indubitablement sur les épaules du P5. Qu’elle attitude vont-ils adopter ? Comment vont-ils réagir ? Est-il possible qu’il reste encore en dehors de ce processus, alors même qu’ils sont directement concernés ? Quel est le premier du P5 qui va casser ce consensus :

  • Les Etats-Unis ? La Russie ? Le Royaume-Uni ? La Chine ?
  • La France ? Devant sa position très forte, rien ne semble indiqué que Paris décidera de prendre en compte ce thème dans ces futurs actions diplomatiques. Pour autant Paris a une opportunité à saisir. Elle sait très bien qu’elle ne va pas pouvoir rester en marge ou arriver en dernier dans ce cercle de réflexion.

Autriche : Alors même que la conférence allait s’ouvrir ce 13 février l’Autriche a annoncé sa volonté de poursuivre cette réflexion et de débuter les travaux lors d’une troisième conférence (avant la fin de l’année 2014) ; pour parvenir à la mise en œuvre des objectifs du Traité de non prolifération nucléaire (TNP), qui sont de parvenir à un désarmement nucléaire (article 6). Le fait d’indiquer que ce processus de réflexion doit parvenir à la réalisation du TNP est moins d’être innocent. L’Autriche souhaite bien ainsi affirmer que ce processus rentre bien dans le cadre des action du TNP (d’ailleurs ce thème est indiqué dans le document final du TNP de 2010) et qu’il n’est donc pas en contradiction avec celui-ci.

Autre point important, le Ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastien Kurz (27 ans !!!) a précisé que la société civile était un acteur des plus importants pour obtenir un soutient large de la communauté internationale.

Source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2014/02/14/conference-de-mexico-%E2%80%93-les-puissances-nucleaires/