Image : ICAN (Campagne Internationale pour abolir l’arme nucléaire / International Campaign to abolish Nuclear weapons)

Le ministre des affaires étrangères du Japon, Fumio Kishida, a déclaré publiquement que son gouvernement va signer la déclaration anti-nucléaire de l’ONU visant à interdire le recours aux armes nucléaires. Il s’agit d’une décision officielle annoncée publiquement.

Lors d’un meeting de la Première Commission de l’Assemblée générale de l’ONU à New-York, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et 14 autres pays font leur possible pour publier la déclaration, ce qui a été fait le 17 octobre 2013.

Vendredi 11 octobre, Kishida a informé les journalistes que le gouvernement japonais a pris la décision de signer la déclaration.

Il a expliqué qu’en tant que seul pays à avoir subi des bombardements atomiques, le Japon a pleinement conscience des ravages causés par les armes nucléaires (Kishida vit lui-même à Hiroshima).

Il a ajouté qu’il est de la responsabilité morale du Japon de se battre pour un monde dépourvu de telles armes.

Cette année en avril, le Japon a refusé de signer la déclaration soumise lors d’un meeting préliminaire à Genève dans le cadre de la conférence d’examen du Traité sur la non‑prolifération des armes nucléaires de 2015. Le gouvernement a donné raison au Japon en confirmant que la déclaration comportait une expression incompatible avec la politique de sécurité du Japon.

Interrogé sur l’évolution de la position du gouvernement, Kishida a déclaré avoir demandé au ministre des affaires étrangères de Nouvelle-Zélande de réajuster la formulation de la dernière déclaration. Il a ajouté que grâce à ce réajustement, le Japon a finalement soutenu la déclaration. Toutefois, cette dernière ne sera pas juridiquement contraignante, selon nos sources.

Cette déclaration appelle les pays à ne recourir aux armes nucléaires sous aucun prétexte. Des déclarations similaires de l’ONU ont déjà été rédigées trois fois, mais le Japon avait alors refusé de les ratifier au motif qu’elles étaient contraires à sa politique consistant à compter sur le parapluie nucléaire des États-Unis, selon les mêmes sources.

Les habitants d’Hiroshima et de Nagasaki, les deux seules villes à avoir été dévastées par des bombes nucléaires, ont critiqué le refus du gouvernement japonais de signer les documents de l’ONU défavorables au recours aux armes nucléaires.

Sur le front de l’énergie nucléaire, il est à noter que l’ancien Premier ministre Junichiro Koizumi estime que le Japon devrait abandonner l’énergie nucléaire. « Je demande le zéro nucléaire », a-t-il déclaré dans un discours à Nagoya le 1er octobre 2013.

N’oublions pas que des milliers de protestataires ont manifesté à Tokyo le 11 mars 2013 afin que le gouvernement renonce à l’énergie nucléaire, et que plus de 30 000 personnes (dont le lauréat du prix Nobel Kenzaburō Ōe) ont manifesté le 2 juin 2013 près du bâtiment de la Diète à Tokyo pour protester contre l’intention du gouvernement de redémarrer les centrales nucléaires. Les manifestants ont fait passer une pétition contre le redémarrage nucléaire (pétition qui mentionne la catastrophe nucléaire de Fukushima survenue en 2011), qui a recueilli plus de 8 millions de signatures.

En outre, l’ancien Premier ministre japonais Naoto Kan a collaboré avec plusieurs membres du Parlement japonais pour former une « alliance parlementaire zéro nucléaire » visant à faire du Japon un pays dénucléarisé d’ici 2025.

Le 14 Septembre, M. Kan a déclaré à Tapei que son expérience de la crise nucléaire de Fukushima (qui a commencée en mars 2011) lui a fait changer d’avis sur le nucléaire. Lors de sa venue, M. Kan a exhorté le pays à fermer toutes ses centrales nucléaires, tandis que le corps législatif de l’île se prépare à aborder la question lors de la prochaine assemblée.

 

(Traduit de l’anglais par Florian MORINIÈRE)