Photo: Johanna Garabello

Les Grand-mères ont donné une lettre à sa sainteté Francisco

Nous Grand-Mères de la Place de Mai, nous voulons manifester notre satisfaction  pour l’élection d’un Pape argentin, qui aidera avec sa sagesse à travailler pour les secteurs les plus oubliés et dépossédés.

Nous remercions d’avoir eu l’amabilité de nous recevoir et nous souhaitons que dans ce nouveau rôle, en tant que plus haute autorité de l’église catholique, vous puissiez arbitrer les moyens nécessaires pour contribuer à la recherche des 400 petits-enfants qui, à ce jour, n’ont toujours pas récupéré leur vraie identité. De même pour nous aider à savoir enfin ce qu’il est advenu de nos enfants disparus pendant la dernière dictature militaire.

De par leur âge, nous savons que nos petits-enfants pourraient vivre dans n’importe quelle ville et par conséquent, votre collaboration sera d’une grande importance pour rendre notre recherche désespérée visible aux yeux du monde.

C’est de manière pacifique, à travers le dialogue et la justice que nous voulons reconstruire ce que le terrorisme d’Etat voulut effacer. Dans ce long chemin que nous avons commencé seules, face au danger, à la douleur, à la peur et la méconnaissance, l’un des grands obstacles a été le silence.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous avons l’accompagnement d’un secteur très ample de la société, même s’il y a encore des groupes qui maintiennent encore des pactes de silence instaurés par le terrorisme d’Etat.

La dictature n’a pas seulement anéanti nos enfants mais aussi volé nos petits-enfants et de plus a dissout toutes les preuves permettant de savoir ce qu’ils ont fait d’eux. C’est pour cela que pour nous, toute donnée si minime semble-t-elle, est un bien essentiel pour pouvoir localiser les enfants de nos enfants. Dans ce sens, nous sollicitons votre aide pour demander aux membres de l’église catholique et ses paroissiens pour qu’ils donnent l’information qu’ils ont sur où se trouvent nos petits-enfants disparus.

Nous avons rendus l’identité à des jeunes qui furent donnés en adoption par le Mouvement Familial Chrétien ; la justice argentine a cité à déclaration a des Sœurs qui pendant la dictature travaillaient dans des lieux où fonctionnaient des Centres Clandestins de Détention, tel que le Campo de Mayo. Ils peuvent certainement apporter des informations précises.

35 années ont passés depuis que nous avons commencé nos recherches de nos familles, nous voulons embrasser nos petits-enfants et leur raconter leur histoire.

Pour cela nous vous prions Sa Sainteté d’expliquer aux membres de l’église que c’est un devoir chrétien de donner l’information sur le destin de nos enfants disparus en Argentine. Que vous les avertissiez que  c’est un péché d’occulter des crimes catalogués par la communauté juridique internationale comme préjudice à l’humanité, tels que les enlèvements, assassinats et vols de bébés perpétrés par le terrorisme d’Etat.

L’an dernier, la justice argentine a confirmé  un Plan Systématique ‘d’appropriation des mineurs pendant le régime militaire’ et les responsables de ce délit furent jugés. Cependant ce jugement ne permit pas d’obtenir l’information nécessaire pour localiser nos petits‑enfants.

Dans ce sens nous vous prions d’ouvrir les Archives du Vatican ainsi que ceux existant dans les archevêchés du Vatican, pour savoir s’il y a une information qui nous donne le bonheur de retrouver quelques uns de nos petits-enfants.

Nous vous saluons, avec toute notre considération.

Abuelas de Plaza de Mayo

A sa sainteté

Francisco

Cité du Vatican

Traduction de l’espagnol : Paquita Ortiz