Les 17 et18 novembre dernier, a eu lieu en Italie un rassemblement international du Mouvement Humaniste. Parmi les têtes blanches ondoyaient quelques boucles blondes ou brunes. Comme pour beaucoup d’autres organisations où les sympathisants de la première heure commencent à sentir les poids des ans, se pose la question du renouvellement. Nous avons interviewé Mattéo, un jeune étudiant italien de 21 ans, participant depuis quelques mois, afin de tenter dresser un portait de ces jeunes qui s’engagent, ici ou ailleurs.
Q : Quels étaient tes motivations de départ pour participer au Mouvement Humaniste ?
R : Ce sont les possibilités d’échanges culturels qui ont retenu mon attention. J’étais très intéressé par les actions en Afrique. Je me suis rendu à deux reprise au Kenya pour le Mouvement Humaniste parce qu’on m’avait sollicité comme traducteur bénévole.
Q : Il y a beaucoup d’associations qui développent ces types d’actions. Pourquoi avoir fait ce choix ?
R : Le fait que l’être humain soit posé au premier plan, comme une valeur centrale avant toute chose, c’est cela qui me motive véritablement, bien au-delà des activités elles-mêmes.
Q : Et en Italie, tu es aussi actif ?
R : Oui, j’agis au niveau local pour un « Centre de Quartier Anti-crise ». A la demande des habitants, nous avons mis en place des activités d’accompagnement scolaires pour les enfants. J’aimerais aussi organisé un tournoi de babyfoot.
Q : Avec les humanistes, la dimension spirituelle est forte, cela ne te dérange pas ?
R : Bien au contraire, je suis très intéressé par ce type de choses, je suis très curieux des pratiques rituelles en général. C’est important, le côté spirituel. Je trouve ce qu’ils font proche du bouddhisme, ça me plait bien.
Q : Et le fait qu’il y ait aussi des activités politiques avec les humanistes ?
R : Cela ne m’intéresse vraiment pas, parce que je ne crois pas qu’on ait la possibilité d’être correct et honnête dans ce domaine : on n’est pas vraiment en démocratie. La politique est hautement discriminatoire, elle porte atteinte à l’être humain. De toute façon, je ne crois pas à la démocratie. De tout ce qui existe déjà comme formes de gouvernement, rien ne fonctionne parce que le pouvoir économique domine tout. Nous avons besoin de nouveaux modèles.
Q : Comment vous sentez-vous dans ce rassemblement, au milieu de toutes ces personnes qui représentent vraiment une tout autre génération et participent depuis longtemps ?
R : Je suis très heureux d’être ici, d’échanger des idées. Et surtout, ce qui est vraiment différent ici, c’est que les gens m’écoutent.
Même si la jeune génération bannit les mots tels que « idéologie » ou « militance », dans la mesure où ils se sentent véritablement respectés et pris en compte, certains d’entre eux souhaiteraient reprendre le flambeau de l’humanisme. Reste à relever le défi d’établir des modes de communications intergénérationnels et leur permettre de construire selon des modes d’actions qui sont leurs propres. Soyons d’autant plus attentifs qu’ils représentent le monde de demain.
Propos recueillis par Catherine Masoda