Avec des présentations concernant les problèmes les plus urgents dans les domaines de l’économie et du (manque de)  réelle démocratie, les New Putney Debates reprennent le fil de la pensée révolutionnaire commencé en 1647, il y a 365 ans.

Les deux semaines de la session culmineront par un nouvel « accord des peuples » ou charte de propositions concrètes, pour les changements nécessaires pour édifier une société juste, véritablement démocratique et incluant les gens. En tout temps, les discussions ont souligné que, si les propositions sont formulées pour le Royaume Uni, puisque nous vivons dans un monde globalisé, il va de soi que nous parlons de changements mondiaux et d’une communauté mondiale.

Les inégalités créées par le système en vigueur, et ses astuces destinées à préserver la course à la concentration, ont été clairement décrites lors de la première journée de débats de la session économie, tandis que la question « A quoi ressemblerait une véritable démocratie ? » se posait dans un plusieurs groupes de travail, dans le style vraiment participatif de la seconde partie.

L’analyse d’Occupy est saluée par Andy Haldane de la Banque d’Angleterre – mais ce n’est qu’un début (communiqué de presse d’Occupy London)

Haldane fait écho à l’analyse d’Occupy en liant l’inégalité à l’instabilité économique.

En réponse à une question du public, il indique qu’il n’existe pas de fossé idéologique à franchir pour une taxe sur les transactions financières et que le risque de voir les banques délocaliser est « quelque peu exagéré ».

Plusieurs des préoccupations d’Occupy doivent être rencontrées : le paneliste Mick McAteer, défenseur des droits des consommateurs et directeur du centre pour l’inclusion financière, note que « gagner la guerre de la propagande » ne suffit pas.

Au cours de l’événement intitulé « des banques socialement utiles ? » à la Maison de l’amitié, organisé la nuit du lundi durant les « New Putney Debates » d’Occupy London, le directeur de la stabilité financière de la Banque d’Angleterre, Andy Haldane, assurait que Occupy avait été « juste, pas seulement moralement, mais aussi dans son analyse » en indiquant qu’une « inégalité profonde et croissante » se trouve au cœur de la crise. [1] [2]

Dans son identification de l’inégalité en tant que cause fondamentale d’instabilité, Haldane a fait écho à l’offensive contre « l’inégalité économique systémique » de la déclaration d’Occupy London, adoptée par consensus presque exactement un an plus tôt. [3] D’autres thèmes d’Occupy – notamment les appels à l’abolition des paradis fiscaux, dérivés complexes et la relation entre économie et environnement – sont ressorties des deux heures de questions qui ont suivi le discours de Haldane.

« Ainsi que Haldane l’avait dit auparavant, les banques sont trop grandes, » a déclaré Rich Paton, adhérent d’Occupy et paneliste de l’événement. « ?? » Yet a ‘ring-fence’ might become a string vest.”

« Ce qui était particulièrement significatif cette fois, c’est que Haldane a lié les inégalités à la crise de la dette – pas seulement comme effet, mais comme cause. Ce contexte est une chose qu’il peut affecter moins directement que les banques, dans son rôle de régulateur. Mais il s’agit d’une importante confirmation de certains thèmes et arguments clés d’Occupy. »

Faisant partie de la série contemporaine de débats publics d’Occupy London, les « New Putney Debates », qui commémorent le 365e anniversaire des débats originels de 1647, l’événement « une banque socialement utile ? » fut présidé par Lisa Pollack, du blog Financial Times d’Alphaville, avec parmi ses panelistes non seulement Andy Haldane et Rich Paton, mais aussi DuncanWeldon (TUC), Andy Green (Bully Banks) et Mick McAteer (défenseur des consommateurs et membre non exécutif du bureau du FSA).

Avec les débats Putney en cours jusqu’au 11 novembre, consacrés à ce dont nous avons véritablement besoin pour une société plus juste et égalitaire, les contributeurs comprennent Natalie Bennett (nouvelle dirigeante du Green Party), Michael Mansfield QC, George Monbiot, Polly Higgins, Jeremy Leggett, John McDonnell MP, Halina Ward et le professeur Conor Gearty, Annette Zera, Joseph Choonara, Hilary Koob-Sassen ainsi que de nombreux autres écrivains, théoriciens, artistes et militants. [2]

Vers un système bancaire socialement utile

De son côté, Haldane a préparé le terrain d’une manière intéressante au cours de la longue soirée de questions et réponses. A un moment, il a signalé qu’il «  n’existe pas de fossé idéologique » contraire à la taxe sur les transactions financières (ou taxe Tobin), qui serait « ressentie d’une manière disproportionnée » par les traders à haute fréquence, et que le risque que les grandes banques délocalisent leurs sièges hors du pays était «  quelque peu exagéré… beaucoup de pays ont à présent vu les périls d’avoir de grandes banques à leur palier, en particulier quand elles explosent.»[1]

En reconnaissant qu’une « nouvelle page » est tournée, le discours d’Andy Haldane’s mentionne spécifiquement comment Occupy a joué « un rôle majeur dans la réforme financière en cours. »

Nick McAteer, défenseur des consommateurs et directeur du centre d’inclusion financière, aussi membre du panel, a averti qu’une pression soutenue et ciblée serait nécessaire : « des groupes de la société civile sont doués pour la guerre de propagande, mais nous avons l’habitude de perdre le rythme… Nous devons soutenir nos arguments moraux avec de forts arguments politiques. »

Une transcription complète du débat sera publiée prochainement sur les sites web Occupy London et Socially Useful Banking. [4]

Notes

[1] Banque d’Angleterre : Une page se tourne – discours de Andrew Haldane

Telegraph – Les militants d’Occupy avaient raison, déclare un officiel de la Banque d’Angleterre

Guardian – Officiel de la Banque d’Angleterre : le mouvement Occupy a raison à propos de la récession mondiale

Un director de la Banque d’Angleterre admet que le mouvement Occupy a marqué un point

[2] Programme complet des The Putney Debates; Tous les événements sont gratuits mais les donations sont bienvenues pour aider à les financer

[3] Déclarations de l’assemblée générale et de groupes de travail d’Occupy London –

[4] site web  d’Occupy London ; des banques socialement utiles ? site

 

Commentaire de l’auteur

“La folie c’est de répéter toujours les mêmes actions et s’attendre à des résultats différentes.” (Albert Einstein)

Bien qu’entendre un décideur de la Banque d’Angleterre participer à une discussion ouverte (et féliciter) sur le rôle d’Occupy pour le changement soit encourageant, il était difficile de ne pas voir la présentation comme par trop optimiste, en ce qu’elle semble exprimer que le système a entendu les gens et que le changement est en cours. Il est vrai que la séparation des banques pour particuliers et des banques d’investissement constitue un pas (notons qu’elle fait l’objet d’une farouche résistance) dans la bonne direction, mais la supposition selon laquelle avec cette séparation, le casino spéculatif poursuivra sa route joyeusement sans plus causer les mêmes désastres est naïve. Tant qu’existera un moyen de s’enrichir rapidement sans rien produire ni créer, la ponction qu’il exerce sur les cerveaux, ou le gaspillage des ressources mentales de personnes intelligentes et très formées (aussi mentionnées par Haldane) qui pourraient s’occuper des vrais problèmes – les maladies incurables, le changement climatique, l’énergie – ne cessera pas. La distraction de fonds de l’économie réelle vers l’économie spéculative ne cessera pas davantage. Même si les banques ne peuvent plus le faire, les « investisseurs » le peuvent et ils le feront, encouragés par les oracles perpétuels des agences de notation de crédit, prétendument impartiales à l’égard des sociétés clientes. Nous ne parlerons même pas du fait que la « nouvelle feuille de la Banque d’Angleterre » ne comprend aucun plan pour fermer les paradis fiscaux, qui abritent actuellement quelque 21.000 milliards de livres, certaines estimations dépassant encore ce montant.

Un autre point dérangeant dans cette présentation se trouve dans l’un des cinq points stratégiques mentionnés par Haldane comme moyens de « corriger » le système en augmentant la concurrence. Non seulement il s’agit de l’un des dogmes centraux du néo-libéralisme, mais répéter que « la concurrence fonctionne » ne rend pas cette assertion vraie. Nous savons que le secteur privé tend à former des cartels qui favorisent leurs membres soi-disant concurrents, afin de protéger leurs profits plutôt que ceux de leurs clients. Aussi, là où il souhaiterait voir plus de banques ayant plus ou moins la même structure, une meilleure feuille de route nouvelle remplacerait la « concurrence » par « l’alternative », c’est-à-dire un choix complètement différent. Par exemple, plutôt que de privatiser et cannibaliser la Poste, celle-ci pourrait être facilement transformée en banque d’Etat à 0% d’intérêts, sans branche spéculative et ne servant que les intérêts de la communauté.

Une autre question du public qui n’a pas vraiment reçu de réponse concerne la monnaie en tant que dette, la manière dont la banque crée de la monnaie sous forme de crédit, mais ne crée pas la monnaie pour payer les intérêts. Ainsi, le système est conçu pour générer de la concentration, de la pauvreté et le besoin de toujours « faire croître » l’économie pour trouver les ressources (humaines et environnementales) qui combleront le vide. Ce besoin toujours croissant de ressources alimente aussi les guerres pour leur contrôle, justifiées par des thèses idéologiques, ou le besoin de protéger les « droits de l’homme ». Et le désastre environnemental qui se dessine à l’horizon est relégué au rang de préoccupation secondaire.

Nous devons être reconnaissants, toutefois, de cette opportunité d’une liaison directe vers les processus de pensée au cœur du système, parce qu’elle nous donne l’occasion de réfléchir plus profondément sur les lieux de résistance à la construction d’un monde véritablement humanisé.

Traduit de l’anglais par : Serge Delonville