Préparation des champs

Les Bororos, connus à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun comme un groupe ethnique largement étendu et très mobile sont de façon sporadique victimes de violation de leurs droits essentiels dans les localités où ils sont installés. Les populations autochtones les accusent d’être à l’origine de plusieurs maux socioéconomiques qui hantent leur quotidien.

Les Bororos au Cameroun constituent un grand groupe ethnique unique qui parle la même langue, qui fait partie des groupes dits des minorités venus du Nord Cameroun et disséminés dans les régions du Nord-Ouest, de l’Ouest et de l’Est. À la suite de plusieurs actes de persécutions dont elle est victime dans le département du Ndé, région de l’Ouest Cameroun, la communauté Bororo, par la voix de ses chefs réunis sous un collectif, a exprimé son désarroi à travers une correspondance adressée ouvertement au Président de la République. Dans cette lettre, les Bororos dénoncent les actes barbares et antirépublicains et le climat de xénophobie qui règne depuis peu. Ces actes sont d’autant plus surprenants que les populations du Ndé ont toujours jouis d’une image de peuple accueillant et ouvert. Il faut croire que quelques esprits malveillants ont réussi à changer cette perception comme tend à le démontrer la Lettre du Collectif des Chefs Bororos du Ndé, dans laquelle est réclamé justice et protection de l’Etat.

Venus des régions septentrionales du pays depuis des décennies, les Bororos se sont établis où ils ont trouvé des pâturages disponibles pour leurs cheptels. La cohabitation avec les populations d’accueil était pacifique jusqu’ici. Mais ces dernières années cette harmonie a été brisée ; par un tribalisme rampant . Les populations autochtones ne semblent plus accepter leur présence dans ce département ; manifestant leur xénophobie par des actes de barbarie et de violence, depuis des incendies d’habitations jusqu’à l’assassinat des enfants en passant par l’abattage des bœufs.

Pendant ces moments de frustration, toutes les actions en justice sont restées infructueuses. En effet, d’après le collectif, les autorités judiciaires ne sauraient prendre des décisions à l’encontre des responsables de ces violences qui ne sont autre que leurs fils. En clair, les Bororos ne bénéficient d’aucune protection des autorités locales qui les considèrent comme des citoyens de seconde zone, des personnes sans droit, des  »Etrangers » à qui on demande de  » rentrer chez eux « . Bref, tout est mis en œuvre pour les expulser à travers des pratiques ignobles dont voici quelques unes : – De 1995 jusqu’à nos jours, environ 15 Bororos ont été indûment assassinés par les locaux. – Pendant la même période, plus de 500 bœufs ont été abattus juste dans le but de forcer à quitter le département. – En 2006, Nji Moluh Seidou Pokam, le Chef supérieur de Bangangté, principal artisan de cette xénophobie, a dépossédé indûment deux bororo d’un cheptel de 53 bœufs. – Depuis 2008, ce climat s’est empiré, car ce sont les habitations qui sont incendiées et des tortures infligées à certains membres de la communauté. Les cas les plus récents sont ceux de certains Bororo à qui le Chef supérieur de Bangangté a introduit du piment dans les yeux et dans les narines et dont la concession a été brûlée, et des coups de machettes. Ces scènes se déroulent cette année. Tous ces actes illégaux n’émeuvent aucune autorité dont la surdité devant les souffrances s’apparente sinon à une complicité du moins à une complaisance insultante, car partout dans ce département les Bororos sont devenus indésirables. Sachant qu’ils sont Camerounais à part entière, qu’ils contribuent à leur manière au développement de ce pays, à travers leurs activités pastorales, ils devraient se sentir chez eux. Cependant, la constitution du Cameroun exprime expressément en son préambule que « l’Etat assure la protection des minorités et préserve les droits des populations autochtones conformément à la loi ». Cette disposition constitutionnelle impose ainsi à l’Etat la protection des minorités ainsi que la préservation des droits des populations autochtones.