La Communauté Économique et Monétaire des États de l’Afrique Centrale (CEMAC) regroupe six pays, à savoir le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République de Centrafrique et le Tchad. Cette organisation sous régionale s’est donné pour mission depuis sa création de promouvoir le développement harmonieux des États membres dans le cadre de l’institution d’un véritable marché commun. Le projet de la création d’une compagnie aérienne sous régionale s’inscrit dans cette perspective. Mais aujourd’hui, ce projet court d’énormes risques d’échec, voire d’être mort-né. Les principales raisons de ce raté résident dans la volonté des Etats membres à adhérer à ce projet communautaire à la rentabilité avérée.

Les activités de la CEMAC s’articulent aujourd’hui autour du Programme Économique Régional qui vise à faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent, où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain. Le PER présente un agenda d’émergence (2010-2025) en trois phases quinquennales pour la réalisation de la vision 2025 de la CEMAC : La phase (2010-2015), qui consiste en la construction des fondements institutionnels de l’émergence ; la phase (2016-2020) vise  » l’ancrage des piliers de la diversification économique de la Communauté « .

Et c’est le 8 décembre 2001, que la Conférence des Chefs d’État tenue à Yaoundé décide de la création d’une Compagnie sous régionale de transport aérien à capitaux majoritairement privés et donne mandat au Secrétariat Exécutif de conduire ce dossier à terme. Même avant que les premiers jalons soient posés, le projet avait déjà des détracteurs qui n’étaient autres que les Etats membres de la Cemac.

Il apparaît que certains Etats tout en se prononçant pour le projet de transport aérien sous régional se seraient engagés en interne dans la création de compagnies nationales avec des partenaires extérieurs. Il va sans dire que la multiplication des compagnies nationales en compétition avec la compagnie communautaire compromettrait gravement les chances de succès du projet de création de la compagnie aérienne Air Cemac.

En dépit des campagnes médiatiques et de sensibilisation menées dans tous les Etats membres, la grande partie des opérateurs économiques continuent de manifester leur méfiance vis-à-vis du projet, fondée sur une appréhension de réaliser des investissements dans un projet initié par les Etats.

En 2001, l’assemblée générale extraordinaire de la compagnie aérienne Air Cemac a décidé de rompre son partenariat stratégique avec la South African Airways (SAA) qui s’était engagée à prendre 40% des parts du capital de la future compagnie aérienne. Trois ans après, plus précisément le 22 janvier 2004 le Comité de Pilotage organise à Brazzaville au Congo le premier tour de table des actionnaires pour évaluer le niveau des souscriptions des privés. Contrairement aux résultats escomptés furent très loin d’être atteints.

Les hommes d’affaires attendus n’avaient pas répondu présent. Aujourd’hui, les intentions fermes de souscriptions ne s’élèvent qu’à près de 500 millions de FCFA. La structure du capital de la future compagnie se présente ainsi qu’il suit: les Etats membres 30%, soit 6,1 milliards FCFA; le partenaire technique 18%, soit 3,8 milliards FCFA; les privés (sous-région et hors zone) 52%, soit 10 milliards FCFA.

Pour qu’elle soit efficace, l’organisation sous régionale Cemac devra accélérer la mise en application des objectifs du Programme Économique Régional(PER). Elle doit aussi pouvoir être en mesure de renforcer les modes de gestion commune permettant une meilleure articulation entre les préférences nationales et communautaires. Il apparaît en dernière analyse que des ajustements sont nécessaires pour maintenir la nouvelle dynamique d’intégration.

L’échec de la création d’une compagnie aérienne sous régionale est entièrement imputé aux Etats membres, surtout ceux qui se sentent en position de domination. Parce que, les évolutions économiques réussissent souvent lorsque les gagnants sont suffisamment puissants pour imposer aux perdants éventuels des compensations appropriées après la nouvelle donne. A l’intérieur de la CEMAC, les deux pays leaders que sont le Cameroun et le Gabon ne coopèrent pas suffisamment pour impulser évolutions nécessaires.