Un appel mondial a été lancé ce 15 octobre 2011 aux indignés du monde.

Paris a répondu à l’appel avec une convergence de manifestations. Il ne s’agissait pas là de centaines « d’indignés», comme certains medias parisiens ou certaines chaînes de télévision veulent nous faire croire mais bien plus de 3.000 personnes se sont rejoints ce samedi après-midi, place de l’hôtel de ville à Paris pour une Assemblée Populaire (AP). Comme réponse à un appel international sous le mot d’ordre : « Tous ensemble pour un changement mondial ! »

« Nous sommes indignés, indignés, indignés ! », ont chanté avec énergie les manifestants, convergeant vers la place de l’hôtel de ville en milieu d’après-midi. « Paris, Paris, soulève-toi ! », ont-ils scandé devant les parisiens et touristes.

Ces « indignés » s’étaient auparavant retrouvés dans différentes gares et points de rencontres parisiens avant d’affluer dans le centre de Paris.

D’une part un cortège provenant de gare de Lyon et d’autres part un autre provenant de Belleville.

C’est à 14h sur le parvis de Gare de Lyon que les premiers indignés ont commencé à déplier leurs couleurs, leurs slogans et leur « savoir-faire horizontal ».

Une heure après on comptait plus de 100 personnes venues voir l’activité sur la place. D’autres indignés se sont rajoutés, avec une sono et un micro, soutenus par les médias comme la TV allemande ZDF et quelques photographes.

Une Assemblée Populaire s’est improvisée avec des volontaires qui de manière spontanée se sont proposés :

Des modérateurs, des volontaires pour la co-modération (rôle du facilitateur), prise de note, l’inscription des tours de parole et pour le décompte du temps de parole… 1h15 de débat ouvert.

Les premiers moments de l’Assemblée ont été consacrés aux informations internationales : la mobilisation et les revendications de Sydney à Los Angeles, d’Athènes à Bruxelles, suivis de nouvelles nationales de Lyon, Toulouse, etc.

Ensuite des informations sur l’évolution des rassemblements parisiens depuis le parvis de chacune des gares parisiennes et de Belleville…

« Plus 1000 personnes partant de Belleville ont regagné la marche, dans un défilé festif, suivi d’une fanfare jusqu’à Hôtel de Ville. » Nous lit un des indignés d’après un message reçu sur son portable.

A 16h, l’AP est officiellement close et 200 personnes décident de lever le camp pour retrouver les autres marches, sur la Place de Grève désormais appelée Place de l’Hôtel de Ville. La marche se déroule sans aucun trouble et est escortée à l’entrée de l’hôtel de ville, latéralement par un cordon de fourgons policiers.

Des rassemblements « d’indignés » étaient prévus samedi dans 1000 villes de 82 pays, selon le site 15october.net qui appelle « les peuples du monde entier à descendre dans les rues et sur les places ».

C’est à 17h que les indignés émergent sur la place de l’hôtel de ville ou différentes manifestations renforcent le mouvement des indignés après avoir accepté de baisser leur drapeau.

Tous assis sur la place en symbole d’unité :
« Aucun être humain n’est supérieur à un autre, asseyez-vous » clament quelqu’un dans la foule.

Des pancartes écrites dans toutes les langues, anglais, espagnols, disent « non !, aux 1% qui ne nous représentent pas », et de nombreux « 99% » sont dessinés sur visages, T-shirt ou sur affiches.
Ce « 99% » pourcentage de la population qui apparait toujours comme inexistant et qui aujourd’hui démontre au monde son existence et qu’il représente une majorité.

L’Assemblée Générale se compose de 2 tribunes :

La première s’étend de 18h à 19h, où beaucoup de personnes présentes, nous offriront des témoignages de soutien, plusieurs chansons, poèmes etc… La tribune sera dynamisée par des entractes musicaux avec la participation d’Akim Rebeu des bois.

– Un homme poussé par sa fille de 13 ans disait que c’est la 1ère fois qu’il faisait une manifestation de sa vie et c’est parce qu’ « il se passe quelque chose d’intéressant ici».
Les informations du nombre de manifestants sur les capitales comme Bruxelles sont diffusées à l’AG: « Plus de 10.000 » le public applaudit.

C’est vers 18.30h, que plusieurs S.O.S. alarmants provenant de manifestants ivoiriens sur la place de Chatelet à 5 minutes de l’Hôtel de ville sont lancés.

« Ceux-ci sont encerclés par les CRS » clament-ils.

Quelques minutes auparavant l’Assemblée partageait le soutien urgent aux peuples africains dans leur lutte contre la faim et l’exploitation du capitalisme international.

C’est alors qu’une vague formée par plus de 400 personnes se soulève pour répondre à l’appel d’assistance aux manifestants ivoiriens, sous un élan de solidarité.

Sur la place de Châtelet malgré leurs cris « non à la violence » les forces de l’ordre gazent tout le monde, sans exceptions inclus les personnes qui passent dans la rue. Les CRS n’hésitent pas à charger sur les jeunes manifestants. Pour les faire reculer, ils les écrasent sous des vélos ou contre la foule, sans se soucier s’ils blessent des personnes sur le passage.

Un, des manifestants, pacifique, reçoit une bouteille sur la tête provenant d’un CRS, et n’est secouru en aucun moment par les forces de l’ordre malgré que son visage soit baigné en sang et que cette bouteille lui ait ouvert une brèche le long de son crâne.

Une sexagénaire française avec les larmes aux yeux répondait à la question : « Est-ce que vous allez bien madame ? » avec un « Ce que je ressens aujourd’hui, face à ce que je vois, c’est la honte ».

Le plus étonnant dans toute cette masse de violence, c’était les ivoiriens isolés sur l’autre côté du trottoir persévérant et chantant avec espoir « la marseillaise pour des jours meilleurs »…

Au bout d’un moment les manifestants ivoiriens furent dispersés et les indignés retournèrent vers l’AG. Bilan 20 blessés conduits à l’hôpital Hôtel de Dieu.

Sur l’AG un des manifestants ivoiriens prit le micro en signe de gratitude vis-à-vis des personnes qui étaient venus les soutenir.

Il était plus de 20.30h lorsque le nombre de manifestants avait baissé par le froid ou peut-être par la faim ?

Les thèmes débattus durant l’AG ont été très variés :

Beaucoup de témoignages sur la dureté du monde du travail, des femmes de ménage en lutte notamment. Les dénonciations d’entreprises qui se succèdent (groupe Accor, Ipsos…)

– La nécessité de se réapproprier les biens communs comme l’air, l’eau, l’école, les transports, Internet.

– « Une crise de société, le monde n’a jamais été aussi riche en technique et en savoir-faire.
Mais l’économie est basée sur le gaspillage tandis que l’obsolescence planifiée détruit la planète. »

– À 19h05, le modérateur prend la parole et explique qu’une nouvelle tribune va être choisie. Des explications sur la composition et le fonctionnement de la tribune sont transmis au public.

La soirée se déroule avec plusieurs essais de connexion en live Stream avec les capitales du monde.

Un écran est installé sur place mais en vain, la connexion ne démarre pas.

Des groupes musicaux proposés par AARDY (Actions Artistiques pour une Réelle Démocratie Ya), la chorale des indignés, Soem, des accompagnements au saxophone, des versions en langues arabes de chansons actuelles de Rebeu des bois animent la place. Le plus étonnant de fin de soirée c’est que l’improvisation, la joie et la détente entre les personnes de différents continents sont au rendez-vous de manière spontanée, les gens chantent et dansent sans pour autant abuser de l’alcool. Plusieurs tentes sont posées sur la place de l’hôtel de ville et cependant aucun incident ne se produit.

Alors quel sens a toute cette répression dans les autres manifestations lorsque les indignés ont essayés d’installer leur tentes sur une place?

Aucune violence ne se produit par le fait d’installer des tentes sur la place nous en avons bien la preuve ce soir…