En marge du terrorisme de gauche, il semble que ceci soit le dénominateur commun de nombreux attentats, où les trames, les mobiles et les détails demeurent obscurs et en grande partie irrésolus, au-delà des explications arbitraires des programmes soit disant d’informations.

**Entre la réalité etla fiction**

La réalité actuelle n’est pas très différente que celle du monde de Matrix ; dans ce film, Neo a durant toute sa vie l’intuition qu’il y a quelque chose de plus, que quelque chose ne fonctionne pas. Mais les réponses que cherche Neo ont un prix et pour les obtenir, il doit renoncer à sa vie antérieure et à tout ce qu’il a connu jusque là. Accepter ce processus revient symboliquement à accepter une pastille rouge, tandis que l’autre, la bleue, pourrait le ramener à son monde actuel sans que, apparemment, rien ne se soit produit. Laissant, ou non, la fiction à part, si l’on veut comprendre un fait ponctuel, il faut nécessairement le mettre en relation avec le contexte mondial géopolitique de notre époque et il est clair que nous ne pouvons pas espérer ce point de vue dans les moyens de communication hégémoniques.

Depuis la fin de la guerre froide, on observe que les guerres prototypiques de deux nations en conflit ont cédé le pas à des coups d’états et à de complexes mise en oeuvre aux conséquences globales où interviennent plusieurs forces. Le terrorisme a été réinventé durant la dernière décennie sous le paradigme du 11 septembre. L’organisation Al-Qaïda en est née, avec l’idée fixe du World Trade Center, en 1993, année coïncidant également avec la première invasion du Golf Persique par les Etats-Unis.

Al-Qaïda a été défini par le britannique Robin Cook comme une organisation inexistante, créée pour justifier des interventions coercitives sans nécessité de pactes légaux internationaux, à l’objectif très clair. De telles affirmations n’ont été contestées par personne, étant donné qu’une organisation capable d’intervenir dans les endroits les plus reculés semble, comme d’habitude, plus proche de la fiction d’Hollywood que de la réalité. Cependant, les attentats ont eu lieu et ont causé plus de 20.000 victimes.

En moins de deux décennies d’existence, Al-Qaïda a frappé au Yemen en 1992, aux Etats-Unis en 1993, au Kenya et en Tanzanie en 1998, à nouveau au Yemen en 2000, à nouveau aux Etats-Unis en 2001, en Indonésie en 2002, aux Philippines, en Espagne et en Arabie Saoudite en 2004, au Royaume-Uni, en Egypte et en Jordanie en 2005, en Algérie en 2007, en Afghanistan en 2008, au Pakistan et en Afghanistan en 2009, sans compter le périple des attentats attribués à l’organisation en Iraq, depuis la destruction de son état souverain. Un tel curriculum de l’organisation révèle une capacité d’intervention mondiale invraisemblable.

« La vérité est qu’il n’y a pas d’armée islamique ou de groupe terroriste Al-Qaïda, et n’importe quel officier de renseignements informé le sait. Mais il y a une campagne de propagande pour faire croire au public à la présence d’une entité identifiée que représente le diable, dans le seul but de mener le téléspectateur à accepter un leadership international unifié pour une guerre contre le terrorisme. Le pays qui est derrière cette propagande est l’Amérique », a déclaré Robin Cook.

Cook écrit également : Al-Qaïda, littéralement la « base de données », était à l’origine l’archive informatique des milliers de moujahids recrutés et entraînés avec l’aide de la CIA pour battre les russes. Cook confirme simplement ce que d’autres ont déjà dit. L’ex conseiller de la Sécurité Nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski a dit au Sénat que la guerre contre le terrorisme est un « conte mythique historique ».

**Norvège et Lybie, nations plus proches qu’il n’y parait**

Elles ont en commun leur autosuffisance, toutes deux basent leur économie florissante sur les ressources énergétiques du pétrole et du gaz. En 2000, la Norvège a atteint le deuxième rang mondial en matière d’exportations pétrolifères. Les deux nations partagent une politique d’investissement dans le développement social ainsi que dans la qualité de vie de ses citoyens.

Selon un rapport des Nations Unies de 2010, la Norvège occupe la plus haute marche mondiale selon son IDH, Indice de Développement Humain, qu’attribue l’ONU, tandis que la Libye occupait avant l’invasion alliée la première place en Afrique.

Mais là où elles se ressemblent le plus, c’est dans le fait que toutes deux sont un mauvais exemple pour les alliances géopolitiques impériales, car elles tentent toujours de rester indépendantes. Ceci les a mené, autant la Norvège que la Libye à vouloir sortir du modèle du dollar pour le paiement de leur pétrole.

En novembre 2010, Mouammar Kadhafi n’a pas tourné autour du pot lors du sommet Union Africaine-Union Européenne. En tant qu’hôte, le leader libyen a vivement encouragé dans son discours les leaders européens à coopérer avec le continent africain, les avertissant que dans le cas contraire, l’Amérique Latine, la Chine et la Russie sauraient se rapprocher. Pour sa part, la Norvège a signé, en septembre de la même année, un accord maritime avec la Russie qui met fin à 40 ans de disputes frontalières.

Le traité a ouvert 175.000 km2 à l’exportation de pétrole et de gaz, un territoire équivalent à presque la moitié de la superficie de l’Allemagne, principalement en mer de Barents.

Quant à sa politique extérieure, la Norvège occupe un rôle prépondérant dans l’Union Européenne sans en être membre, ce qui la maintient en marge des va et viens de l’euro. Comme si cela ne suffisait pas, le pays a manifesté son intention de retirer son soutien à la guerre en Libye au début août, ainsi que d’être le premier pays à reconnaître l’état palestinien

**Que nous offre l’avenir ?**

Le double attentat est choquant autant par sa magnitude que par sa cruauté et son côté acharné. Au début, il a été attribué à Al-Qaïda, ou ce qui revient au même, à une opération false flag.

Les premières déclarations du premier ministre Jens Stoltenberg sont plus éloquentes que les explications élaborées postérieurement : « Vous ne détruirez pas notre démocratie.  Nous sommes une petite nation et une nation fière. Aucune bombe ne nous fera taire. Personne ne tirera sur nous en silence. Personne ne fera peur à la Norvège ».

Maintenant nous avons un coupable déclaré, cependant il a confessé ne pas avoir agi seul et organisé le massacre depuis plusieurs années. Son affiliation fondamentaliste chrétienne n’est pas très éloignée des paramètres idéologiques de la coupole impériale américaine. Il ne serait donc pas insensé que le jeune Anders Behring puisse avoir agi sous les ordres d’une mission arrangée et qu’il ait été disposé à se sacrifier en martyr, comme il est habituel dans toutes les bandes fondamentalistes.

Après le « printemps arabe », le terrorisme islamiste est passé de mode, liquidé depuis la capture et la mort « officielle » de Ben Laden. Non seulement parce que tout ce qui porte le signe du terrorisme islamiste empeste la farce grossière, mais aussi parce que les plans pour le monde musulmans sont maintenant différents. Après les récentes attaques en Tunisie, en Egypte, en Libye et une longue suite de chapitres à venir… la seconde partie est d’intégrer le monde islamique dans le système capitaliste de consommation, un marché potentiel de plus de 1,5 milliard de personnes.

Il est toutefois encore trop tôt pour définir une hypothèse claire quant à la direction future, mais l’on ne peut qu’observer que nous nous trouvons à un point d’inflexion quant aux plans de domination mondiale à caractère impérialiste. L’Europe est aujourd’hui une énigme compliquée. Si les plans sont de convertir le continent en un scénario chaotique de conflits et de coups d’état, la fragile unité actuelle pourra difficilement l’éviter.

« La politique actuelle européenne vise à démanteler les conquêtes et acquis du milieu du siècle. Cela s’est déjà produit en Amérique Latine, tout comme en Russie. On l’impose maintenant en Grèce, mais après la Grèce suivront tout d’abord l’Irlande et le Portugal, puis l’Espagne et l’Italie. Ensuite ce sera la France. Et même jusqu’à la théoriquement grande Allemagne, où la dégradation professionnelle et sociale est manifeste ». Citation de l’article « Le pillage de la Grèce, prélude à de grands évènements » de Rafael Poch.

Cependant, il n’en est pas moins certain que nous abritons toujours des espoirs, d’une part parce qu’il est évident qu’un plan destructeur pour l’Europe ne bénéficie apparemment à personne, et de l’autre, parce que l’être humain, dans sa relève générationnelle, a toujours trouvé des moyens et des solutions plus complexes et durables que l’absurde destruction.

Aujourd’hui, gardons donc en tête ce qu’exprime le mieux ce peuple norvégien qui, sans éluder la tristesse, montre sa sérénité et sa fierté à travers un caractère subtil, plus fort qu’il n’y paraît.