Après le rassemblement du dimanche 29 mai 2011, où sur la place de la bastille se trouvaient réunies plus de 2000 personnes, d’une variété inimaginable, des générations entières parfois, parents et grands-parents venus soutenir leurs petits-enfants, un jeune lycéen, des ex-militants pour défendre les droits des travailleurs, déçus par les partis politiques, des touristes, des artistes du peuple, chanteurs, musiciens, tous volontaires pour la cause du dimanche 29 mai 2011 : une Démocratie Réelle et Maintenant ! criaient-ils.

Une journée à faire rêver le monde, avec des chants d’espoirs et révolutionnaires comme « la gallineta » chanson catalane de Lluis Llach ou « Imagine » de Lennon, sans oublier la célèbre chanson du peuple cubain chanté par Natalie Cardone « hasta siempre commandante Che Guevara », ou encore Nilda Fernandez chanteur-compositeur avec sa guitare, …

Les jours qui suivent, le lundi 30 et mardi 31 mai contrairement au dimanche, le rassemblement ne s’effectue plus sur les marches de l’Opéra car la police a envahi l’espace. L’accès aux marches est barré par un cordon de sécurité, une trentaine de gendarmes mobiles gardent les accès et patrouillent. Ils intiment les personnes à poursuivre leur chemin, au moindre rassemblement de 3 ou 4 personnes en train de discuter.
C’est entre les rues de Roquette et le boulevard Richard Lenoir, que la foule commence à se concentrer, en formant deux groupes.
Sur place les personnes motivées, en action pour rassembler tout le monde, nous montre un bel exemple d’auto-organisation.

Un des représentants des commissions, nous informe de la situation mondiale du mouvement populaire :
« Le mouvement a gagné la France et une bonne partie de l’Europe. »
En Grèce ils sont plus de 100.000 personnes à s’être mobilisées devant le parlement, le sud de l ’Espagne(Séville) nous encourage avec un: « Nous sommes avec vous la Bastille ».
« Le peuple se réunit, occupe les principales places publiques de plus de 60 villes françaises : Toulouse, Bordeaux, Poitiers, Marseille, Nice, Lyon, Montpellier, Nancy, Perpignan, Paris, Amiens, Reims, Toulon, Rennes, Nantes, Strasbourg, Grenoble, Lille, Pau , Bayonne, Clermont-Ferrand, Tours, etc…
Les gens se regroupent pour occuper des places, et y camper, afin de demander et d’organiser dès maintenant une démocratie réelle.

Nos commissions se sont constituées comme suit :
France, Espagne, International, Logistique, Communication, Action, Démocratie réelle au sein du mouvement. »

Un rapporteur prend le micro et organise les tours de parole, les représentants de chaque commission formule des propositions concrètes pour l’AG (Assemblée Générale) du lendemain.
On fait de nouveau référence au besoin d’équilibrer et organiser le temps pour renforcer le travail sur le mouvement sans délaisser la vie personnelle ou professionnelle de chacun.
Quelques personnes de la foule à tour de rôle nous dévoilent leurs idées pour améliorer l’organisation du mouvement ou nous donner leurs ressentis.

Sophie- nous avons besoin de créer une charte communautaire car les droits des citoyens européens en France sont bafoués et je propose de réclamer auprès du médiateur européen pour faire respecter les droits européens.

Représentante du collectif de soutien au peuple arabe- je tiens à souligner qu’il ne s’agit plus d’une révolution uniquement du peuple arabe mais des peuples du monde contre un système injuste.

Bernard- Le collectif de la désobéissance propose « maintenant » une petite formation avec techniques pour se défendre pacifiquement lorsque vous vous sentez agressé.

Thomas- Il est important de savoir jusqu’ où nous pouvons aller en ce qui concerne la légalité et en ce qui concerne le campement sur la place, je vous propose un guide sur le droit et des notes sur ce sujet.

Carlos- Il vient de passer un temps dans le campement de Madrid, il nous explique qu’il ne s’agit pas de voter mais bien d’arriver à un accord ou consensus entre tous. Que ce n’est pas une question de leaders, mais bien un mouvement horizontal où le respect vis-à-vis des autres est essentiel afin de bien intégrer l’esprit du mouvement. « Si on travaille ensemble et on ne se respecte pas, on n’arrivera à rien, il faut être malin car il y a une minorité prête à boycotter nos actions » : nous confie-t-il.

« C’est pourquoi il est important de rester dans la non- violence, de travailler dans le calme mais sans s’arrêter. L’autogestion signifie aussi que tout le monde peut participer mais on ne peut pas tout décider. Nous allons vers la convergence entre les peuples et les cultures, c’est à nous d’aller vers les peuples qui ont besoin de notre soutien. Ce dimanche le campement et la proposition d’occuper la place n’ont pas eu lieu mais ce n’est pas grave car le mouvement va continuer » : termine-t-il.

Jeune Lycéen- Nos dépliants doivent être spécifiques à chacun, on ne peut pas donner le même tract à un lycéen, qu’à un fonctionnaire ou un employé.

D’autres idées créatives sont suggérées comme: travailler avec les publicités et les modifier avec des traits d’humour. L’humour est présent au rendez-vous : « Les romains disaient avec du pain et du cirque tout va bien mais les politiques nous ont enlevé le pain et il ne nous reste plus que le cirque» : nous lance une des personnes au micro.

Le débat prend fin avec le dispersement des commissions sans oublier le mot d’ordre final : « Rendez-vous demain, ici à 19h, pour débattre et approuver les nouvelles propositions ! »