Les fruits, les noix et l’écorce sont des sources de revenus pour les petits et gros commerçants.
Selon les conclusions d’une étude réalisée par le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), vingt-cinq marchés vendent des PFNL d’origine végétale, pour un chiffre annuel estimé à 1,9 milliards de CFA.

Les gros marchés urbains de Douala et de Yaoundé, dont le chiffre de ventes annuelles de PFNL est estimé à plus de 200 millions de francs CFA, vendent des produits très divers et sont en grande partie approvisionnés par des sources distantes. Ces deux marchés servent de pôle d’attraction et c’est autour d’eux que s’organise le commerce des produits forestiers dans la région.

Plusieurs marchés régionaux, comme ceux de Bafia, Mbalmayo, Ebolowa et Kribi, dont les chiffres de ventes annuelles de PFNL sont compris entre 20 et 200 millions de francs CFA, sont des marchés de référence pour la région environnante, dont proviennent la plupart de leurs approvisionnements. Ils dictent les prix et influent sur l’offre et la demande.

Un grand nombre, de marchés locaux comme Buea, Kumba, Batouri, Ambam ou Abong Mbang, ayant un chiffre de ventes annuelles de PFNL inférieur à 20 millions de francs CFA, et vendant un nombre limité de produits disponibles sur place sont également disponibles.

Dans l’arrière pays, plusieurs marchés frontaliers, de petite à moyenne taille, comme ceux de Abang Minko (frontière avec le Gabon), de Kye Ossi (frontière avec la Guinée équatoriale) et de Kenzou (frontière avec la République centrafricaine), sont spécialisés dans un petit nombre de produits demandés dans des pays voisins. Ces marchés commercialisent aussi d’autres produits, notamment des condiments et des plantes médicinales, qui sont parfois très importants, comme l’écorce de Prunus africana, vendue à des laboratoires pharmaceutiques pour le traitement des maladies de la prostate. Le rotin et le palmier à raphia servent à fabriquer des paniers et des meubles et sont vendus à travers des filières spécialisées, sans transiter par le marché. Le gibier et d’autres produits animaux suivent également le même réseau.

Des contraintes existent pourtant dans ce commerce. Les produits périssables, comme les fruits de Dacryode edulis (safou ou prune) ou de Cola spp (noix de cola) doivent se vendre plus rapidement, mais laissent des marges bénéficiaires plus faibles. Les moins périssables, comme l’écorce de Garcinia kola (kola amer) et de Garcinia lucida (Essok) ont une rotation plus lente, mais chaque transaction laisse un profit net plus élevé. Les feuilles de Gnetum (Okok), sont périssables et nécessitent des traitements à haute densité de main-d’œuvre. En général, les produits vendus sur les marchés frontaliers, non taxés pour l’exportation, laissent une marge bénéficiaire plus élevée, que les mêmes produits vendus sur des marchés locaux ou urbains. Le profit hebdomadaire moyen par commerçant s’élève à 8200 CFA. Les gains du commerçant moyen sont en réalité plus élevés, car il vend généralement aussi des produits agricoles.

Les forêts du Cameroun fournissent de nombreux PFNL, utilisés à des fins de subsistance et comme médicaments, commercialisés. Le commerce de ces produits se chiffre à plusieurs milliards de francs CFA. et contribue pour une part importante à l’économie rurale du pays. Les marchés des PFNL dans la zone forestière du Cameroun offrent des possibilités de revenu non seulement aux gros commerçants spécialisés, mais aussi aux innombrables commerçants pauvres qui en retirent leur maigre revenu monétaire.

Les commerçants sont pour la plupart des femmes, bien que l’étude ait révélé que les hommes commercialisaient à la plus grande échelle. S’agissant de produits saisonniers, les PFNL complètent les produits agricoles en améliorant le bien-être des ménages ruraux et des commerçants. L’absence d’infrastructures commerciales est un signe du manque d’intérêt et d’appui des institutions pour le commerce des PFNL. L’amélioration des conditions de marché et des systèmes de gestion pour garantir une offre stable sont des priorités absolues pour les commerçants, alors que l’amélioration du système de crédit leur semble une nécessité moins impérieuse. Plusieurs PFNL de la zone forestière du Cameroun semblent soumis à une pression croissante en raison de la déforestation et de l’augmentation de la demande, un problème qui pourrait être résolu par des plantations. Au Cameroun, le défi sera de concilier les impératifs de revenus et de développement local avec la conservation des forêts. Les décideurs doivent être plus conscients de la valeur des PFNL et les incorporer dans les statistiques officielles.

François Tekam