Ces deux manifestants auraient été abattus par balle mardi soir quand les forces de sécurité, assistées par des hommes décrits comme des *« voyous »* par les témoins, ont attaqué un groupe de personnes réunies au sein d’un campement de manifestants devant l’université de Sanaa.

*« Cet épisode préoccupant montre que les tactiques brutales que nous avons vu les forces de sécurité utiliser, avec des conséquences meurtrières, contre des manifestants dans le sud du Yémen sont de plus en plus souvent employées ailleurs »*, a déclaré Philip Luther, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

*« Si les autorités continuent sur cette voie, il est inévitable que d’autres manifestants soient tués, d’autant plus qu’il est prévu que de nouvelles manifestations aient lieu dans plusieurs villes du Yémen au cours des prochains jours. Les citoyens doivent être autorisés à se réunir et à manifester en paix. »*

La situation reste tendue à Aden. Des résidents ont notamment signalé qu’un *« état d’urgence »* non déclaré était en place, tandis qu’un lourd dispositif de sécurité est déployé.

Ali Abdu al Khalafi est la dernière personne en date à avoir perdu la vie à Aden, le 22 février, après avoir été atteint à la tête lorsque les forces de sécurité ont semble-t-il ouvert le feu sur les manifestants dans le quartier de Khormaksar.

Une autre personne est morte à Taizz le 20 février après avoir été blessée lors d’une manifestation dans ce secteur le 18 février, lorsque les forces de sécurité ont apparemment là aussi fait feu sur les manifestants.

Amnesty International a par ailleurs appris que le chef d’un groupe politique d’opposition du sud du Yémen a été arrêté.

Hassan Baoom, qui a plus de 70 ans et est en mauvaise santé, a été arrêté par les forces de sécurité le 20 février à l’hôpital d’Aden alors qu’il était là pour faire soigner sa jambe cassée. Il serait placé au secret à la prison centrale de Sanaa.

Cet homme, qui est l’un des dirigeants de la coalition d’opposition Mouvement du Sud, aurait appelé à l’organisation d’une *« Journée de la colère »* dans le sud du pays contre le gouvernement yéménite.

*« Si Hassan Baoom est détenu au seul motif qu’il a exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de réunion, alors cet homme est un prisonnier d’opinion et doit être libéré immédiatement et sans conditions »*, a ajouté Philip Luther.

*« Les autorités doivent par ailleurs faire en sorte qu’il bénéficie sans délai de tous les soins médicaux dont il pourrait avoir besoin et qu’il soit protégé de la torture et de toutes les autres formes de mauvais traitements. »*

Des dizaines d’autres personnes ont été arrêtées à la suite des manifestations d’Aden le 16 février. Elles seraient détenues sans inculpation ni jugement à la prison centrale d’al Mansurah.

Depuis 2007, des actions de protestation ont sporadiquement lieu à Aden et dans d’autres zones du sud du Yémen, non seulement contre ce qui est perçu comme de la discrimination de la part du gouvernement à l’égard de la population du sud mais également, de plus en plus souvent, en faveur de la sécession de cette région.

Après les manifestations ayant eu lieu à Sanaa, la capitale, et dans d’autres villes ces dernières semaines pour réclamer la démission du président et un changement de régime, des manifestants ont commencé à exprimer des revendications similaires à Aden.

Le Mouvement du sud est une coalition réunissant divers groupes politiques, favorables pour certains à une sécession du sud du Yémen.