Le Bureau international de la Paix exprime sa profonde inquiétude à l’annonce faite hier par l’Institut international de recherche pour la Paix de Stockholm [SIPRI] lors de la présentation de son rapport annuel (www.sipri.org), du nouveau record atteint par les dépenses militaires mondiales en 2008. Le montant rapporté est de 1 464 milliards de dollars. La part des Etats-Unis dans ce chiffre est de 607 milliards de dollars, ce qui représente uniquement le budget de ses principales opérations militaires (c’est-à-dire sans compter les coûts réels des guerres menées en Afghanistan, au Pakistan et en Irak). Cela représente une augmentation de 4 % en valeur réelle en comparaison à 2007 et de 45 % depuis 1999. Toutes les régions du monde ont vu leurs dépenses augmenter de façon substantielle depuis 1999, à l’exception de l’Europe occidentale et centrale. Le SIPRI commente: Pendant les huit ans de présidence de George W. Bush, les dépenses militaires américaines ont augmenté jusqu’au niveau le plus élevé en valeur réelle depuis la Seconde Guerre Mondiale, et ce, surtout en raison des guerres en Afghanistan et en Irak. Cette augmentation a contribué à l’accroissement des déficits budgétaires. Les conflits en Afghanistan et en Irak ont été financés essentiellement par des crédits supplémentaires d’urgence, ne faisant pas partie de la gestion budgétaire habituelle, ces crédits étant financés par des emprunts. L’utilisation de crédits supplémentaires a soulevé des inquiétudes en ce qui concerne la transparence et la vigilance du Congrès. Ces conflits continueront à exiger des ressources budgétaires importantes dans un avenir proche, même en supposant un retrait anticipé des troupes américaines d’Irak.

On se souviendra de 2008 comme de l’année marquant le début de la récession économique la plus sévère depuis 1929. C’est une année au cours de laquelle la colère du peuple a éclaté face à l’avidité et à la corruption du secteur financier, ébranlant certains gouvernements et mettant en doute l’administration de l’économie mondiale. Pourtant, la grande priorité encore accordée au militaire n’a pas encore été remise en question. Ces nouveaux chiffres montrent que l’armement et les préparatifs de guerre demeurent intouchables dans la plupart des programmes d’austérité. Ils révèlent en effet l’augmentation de la militarisation parmi les grandes puissances. L’information selon laquelle la Chine est au deuxième rang mondial des dépenses militaires et que la Russie a augmenté ses dépenses de 13% n’est pas pour rassurer ceux qui croyaient la Guerre froide terminée depuis longtemps.

“C’est une tendance alarmante”, a dit Colin Archer, Secrétaire général du Bureau International de la Paix [International Peace Bureau], “puisque pendant les 12 derniers mois, nous avons vu un nombre croissant de rapports suggérant que le moteur réel de la militarisation était la menace de conflits entre grandes puissances au sujet de la diminution des ressources (surtout énergie, eau et minerais). Les signaux récents lancés par plusieurs états à propos de la « course à l’Arctique » ne font que renforcer le point de vue largement répandu que les conflits armés les plus importants, comme ceux du Moyen-Orient et d’ailleurs, sont liés, au moins partiellement, au contrôle du pétrole et du gaz. Le monde doit trouver une façon de partager de manière équitable les ressources dont nous disposons encore, sans recourir à une guerre (peut-être nucléaire)”. L’IPB soutient donc que les priorités doivent changer : passer de la main de fer au développement humain, d’une attitude agressive à une diplomatie intelligente. Qui sait de combien de temps nous disposons encore pour effectuer cette transition ?