Récemment pointée du doigt par un rapport de l’ONU, selon un article paru dans le journal Les Affaires, la Caisse, anciennement connue sous la Caisse de Dépôt et Placements du Québec, n’est pas la seule société canadienne à détenir des investissements controversés reliés à l’intervention militaire israélienne à Gaza. 

Les fonctionnaires canadiens à travers l’office des travailleurs RPC (office d’investissement des régimes de pensions du secteur public) et la société d’investissements PSP détiennent considérablement plus d’actions de Lockheed Martin, qui vend à Israël des avions militaires qui ont bombardé le territoire palestinien et tuées et blessées, femmes et enfants par dizaines de milliers depuis les deux dernières années.

Basé à Montréal, investissement PSP, gère le fonds de pension de tous les fonctionnaires fédéraux et il s’agit de plus de 367,000 fonctionnaires. Selon des documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis investissements PSP a fait le plein d’actions du fabricant des F-35 depuis l’attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas en Israël. (Le Journal Les Affaires)

Selon les documents consultés de l’autorité des marchés boursiers par la presse Canadienne, le nombre d’actions de Lockheed Martin que PSP détient en portefeuille a été multiplié par six depuis le 30 septembre 2023. Son investissement valait l’équivalent de près de 96 millions de dollars (M$) au 30 juin dernier. Investissements RPC a aussi plus que doublé sa mise au cours de la même période, ce qui représentait une valeur totale de 296M$ en juin dernier. (Le Journal Les Affaires)

Le porte-parole de la Coalition du Québec urgence Palestine, Raymond Legault, dénonce cette décision d’investissement en entrevue. Je pense que c’est carrément scandaleux de voir une telle augmentation d’investissements alors qu’on devrait les couper dans des compagnies comme ça.

La Caisse était le seul investisseur institutionnel canadien identifié dans le rapport spécial de la rapporteuse de l’ONU, Francesca Albanese, comme détenant des investissements qui profitent, selon elle, de l’économie du génocide. Pourtant investissements RPC détient 35 fois plus d’actions de Lockheed Martin mais n’a pas été mentionné dans le rapport. Investissements RPC n’ont pas répondu aux demandes des journalistes de La Presse Canadienne. (Le Journal Les Affaires)

Des huit plus importantes caisses de retraite canadiennes, le fameux cinq détient des actions de Lockheed Martin.

La Caisse a cessé d’investir directement dans l’État hébreu, mais la Coalition du Québec urgence Palestine et le rapport de l’ONU ratissent plus large en visant des multinationales qui ont des activités liées à ce conflit.

Tandis que la société BCI gère l’épargne retraite des fonctionnaires de la Colombie-Britannique, l’investissement est de 21,3M$. et OMERS, la caisse de retraite des employés municipaux de l’Ontario, détient 5,3M$. Questionnés par les journalistes sur ce sujet, les investissement BCI ont dit qu’ils avaient pour politique de ne pas commenter leurs investissements et OMERS n’a pas répondu aux questions des journalistes. (Le Journal Les Affaires)

Est-ce qu’on prend le droit international et les droits humains, des Palestiniens, au sérieux: oui ou non? tranche M. Legault de La Coalition du Québec urgence Palestine. 

Selon Michel Séguin, professeur spécialisé dans les questions d’éthique et les entreprises de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), la priorité d’un gestionnaire de portefeuille est de respecter le souhait de ses déposants. 

Séguin souligne, contrairement à un gestionnaire de portefeuille qui serait responsable du patrimoine d’un millionnaire opposé personnellement aux investissements dans le secteur de la défense, représenter l’opinion de plusieurs milliers de personnes qui confient leur épargne est un dilemme beaucoup plus complexe pour les grandes caisses de retraite.

La situation que décrit M. Séguin est un peu ce qu’a vécu Anne Farrell de Pressenza Montréal avec le gestionnaire de portefeuille de son ex-conjoint.

Je ne suis pas millionnaire, mais il y a plusieurs années, avec le soutien de mon ex-conjoint j’ai décidé d’investir quelques milliers de dollars sur les marchés boursiers. Le gestionnaire de portefeuille de mon ex-conjoint m’avait conseillé d’investir dans un fond ayant un excellent rendement, explique Farrell. 

Étant humaniste et militante pour résoudre les conflits à travers des moyens diplomatiques et nonviolents, j’ai demandé au gestionnaire de vérifier si dans ce fond il y avait des entreprises militaires. Il m’a expliqué que ce fonds était très diversifié et incluait plusieurs dizaines d’entreprises. En fait, selon lui il était très compliqué et pratiquement impossible de savoir quelles entreprises avaient des intérêts dans l’industrie militaire. Ainsi puisqu’il était impossible de savoir si une ou plusieurs entreprises de ce fonds étaient directement reliées à l’industrie militaire j’ai décidé, à la grande déception du gestionnaire de portefeuille, d’investir cet argent dans des entreprises n’ayant de près ou de loin des intérêts dans la guerre et le monde militaire, souligne Farrell.

À l’époque, Anne Farrell explique qu’elle était en contact régulier avec le gestionnaire de portefeuille de son ex-conjoint. Par ailleurs, individuellement, les fonctionnaires canadiens n’ont pas cette opportunité puisque c’est une société qui les représente et qui gère leurs fonds de pensions. 

Ainsi il est fort possible que les fonctionnaires de plusieurs pays occidentaux vivent des situations similaires et ne peuvent modifier la façon dont leur argent ai investi. C’est donc la responsabilité des centrales syndicales d’agir et de clarifier publiquement leur position morale! 

Pour que les choses changent rapidement, les grandes centrales syndicales canadiennes et les centrales syndicales à travers le monde occidental doivent prendre une importante position morale dès aujourd’hui et exiger que les sociétés qui gèrent de leurs fonds de pensions priorisent la vie des civils et la construction d’un nouvel État Palestinien!    

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Source: Le Journal Les Affaires