Depuis une semaine, en Équateur, une grève nationale convoquée par le mouvement indigène, en collaboration avec d’autres secteurs sociaux organisés de l’Équateur (travailleur·euses, étudiant·es, femmes et syndicats) se déroule en réponse aux mesures d’ajustement économique. La Vía Campesina, se joint à la voix de cette lutte qui dénonce les graves impacts du néolibéralisme sur la vie de la population, notamment ceux des accords antidémocratiques du Fonds Monétaire international (FMI). Nous exigeons la fin de la répression, de la criminalisation et des projets extractivistes qui portent atteinte à la vie des personnes et à la nature.
Nous réaffirmons qu’en Équateur, le droit à la résistance est établi dans l’ article 98 de la Constitution de 2008. Nous dénonçons les manœuvres politiques de Daniel Noboa qui visent à organiser un référendum et à convoquer une Assemblée constituante afin de consolider un régime autoritaire pour perpétuer un modèle qui bafoue les droits légitimes des peuples. Ce référendum vise en effet à autoriser l’installation de bases militaires étrangères et à supprimer l’obligation de l’État d’allouer des ressources aux organisations politiques.
Par ailleurs, la constitution actuelle, en date de 2008, reconnaît non seulement les droits collectifs des peuples et nationalités autochtones, mais leur accorde également le droit de prendre des décisions concernant leurs territoires afin d’éviter les impacts des industries extractives et de préserver leur culture. Il s’agit de la première constitution au monde à reconnaître les droits de la nature. Mettre fin à la constitution actuelle signifie mettre fin à la réforme agraire pour les paysan·nes et supprimer tous les droits collectifs, la souveraineté alimentaire et l’économie populaire et solidaire. L’objectif est de s’emparer de tous les biens naturels, de la terre, de l’eau, des minéraux et de la biodiversité, et de les remettre aux mains des puissances capitalistes nationales et multinationales.
Bien que le déclencheur des mobilisations actuelles ait été la suppression de la subvention sur le diesel, les organisations ont indiqué que cette mesure renchérit le transport, la production agricole et les denrées alimentaires. De ce fait, elle aggrave la pauvreté et les inégalités, et favorise la famine dans les campagnes et les villes. Pendant ce temps, le gouvernement élude les véritables solutions à l’insécurité, au chômage et à l’ augmentation du coût de la vie pour les secteurs populaires et appauvris. Mais il prévoit une augmentation du prix du gaz à usage domestique et la privatisation de l’Institut de sécurité sociale et d’assurance paysanne.
Au cours de ces sept jours, la réponse du gouvernement a été le recours excessif à la force publique, non seulement pour criminaliser la protestation, mais aussi pour semer la terreur parmi la population. Nous appelons la communauté internationale à rester vigilante face au climat politique tendu qui règne dans le pays ; Il est urgent que la répression et la criminalisation cessent. Nous alertons sur le grave risque auquel est confrontée la démocratie en Équateur et nous exigeons que l’exécution extrajudiciaire d’Efraín Fuerez, membre d’une communauté indigène, qui a reçu trois balles, ne reste pas impunie.
Nous condamnons fermement le recours aux forces militaires pour réprimer les populations. Nous demandons également la libération immédiate des 12 personnes jugées à Otavalo, qui ont été transférées illégalement dans des prisons de Manabí et d’Esmeraldas.
Nous faisons écho aux dénonciations des organisations de défense des droits humains, qui ont enregistré de graves violations des droits tels que : détentions illégales, cas possibles de torture et de disparition, usage disproportionné de la force, utilisation d’armes létales, qui mettent en danger la vie, l’intégrité et la dignité des peuples, ainsi que le gel illégal des comptes bancaires d’organisations et de leaders sociaux.
Nous dénonçons le fait que, dans le contexte de la grève nationale, des médias communautaires ont également été fermés, des brouilleurs de signal Internet ont été utilisés et l’électricité a été coupée, afin d’empêcher que la terreur et les massacres que vivent les communautés soient enregistrées.
Face au silence complice de la justice et des médias traditionnels, nous reconnaissons la communication populaire comme une force organisée qui rend visible la voix des défenseur·euses, la résistance légitime et les violations des droits humains, et nous rejetons les discours qui criminalisent la lutte et l’organisation sociale.
Nous exprimons notre solidarité avec les peuples autochtones, les paysan·nes, les étudiant·es, les travailleur·euses et les femmes dans l’exercice légitime de leur droit à la résistance et nous saluons le courage de ceux et celles qui se mobilisent pour défendre une vie digne et juste pour toutes et tous.
Nos camarades sont des autochtones, des paysan·nes, des agriculteur·trices, des étudiant·es, des travailleur·euses, des femmes, des personnes issues de la diversité, pas des terroristes !
Respectez la vie et la dignité des peuples organisés !









