Ce n’est pas un détail mineur qui peut être considéré comme de simples paroles qui sonnent bien et qui servent d’ornement complémentaire, le fait que, dans les discours d’AMLO d’abord, et maintenant de la présidente Sheinbaum, le mot humanisme soit utilisé pour caractériser l’ensemble des politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement depuis 7 ans, dérivées des principes de la 4ème transformation(*).

« Je ne suis pas venue seule, je suis venue avec toutes les femmes mexicaines, nous sommes toutes venues. Ce n’est pas la victoire d’une seule personne, mais le fruit d’une volonté collective qui, pendant des décennies, a lutté, résisté et rêvé d’un pays de justice. Nous sommes issues d’un mouvement profondément humaniste, démocratique et populaire, qui a placé le Peuple au centre de l’action politique.

Nous poursuivons un projet de justice lancé par le président AMLO, qui a non seulement séparé le pouvoir politique du pouvoir économique, mais aussi fait sortir plus de 13,5 millions de personnes de la pauvreté ».

En effet, pendant des décennies, de nombreuses personnes et organisations anonymes ont consacré leur temps, leur vie et leurs espoirs à la lutte pour un pays et, bien sûr, pour un monde humaniste qui place l’être humain et les peuples au premier plan.

Le rapport présenté aujourd’hui par la présidente fera bien sûr l’objet d’analyses et de critiques ultérieures. Nous qui vivons dans ce pays, nous sommes témoins des progrès accomplis, mais nous constatons que les besoins ne peuvent être satisfaits de manière uniforme, c’est-à-dire que la mise en œuvre des politiques est inégale, certaines sont plus avancées que d’autres, et il y a toujours des secteurs qui résistent au changement, même au sein des structures gouvernementales et du Congrès.

Les chiffres et les réalisations que nous présentons ci-dessous (peu ou prou) ne peuvent être atteints que lorsqu’il existe une communion entre le gouvernement et les gouvernés, les législateurs et les représentés, et désormais, un pouvoir judiciaire au service du respect de la loi et de la vérité qui souhaite véritablement rendre la justice. Le rôle des gouvernés est de rester vigilants afin que les engagements pris pendant les campagnes soient respectés, de faire pression lorsque cela est nécessaire, et de signaler tout ce qui va à l’encontre de l’intérêt général.

Le Mexique traverse actuellement une période quelque peu difficile en raison des politiques tarifaires que Donald Trump souhaite imposer, et la présidente mène cette bataille avec intelligence, très bien conseillée et soutenue par son cabinet tant sur le plan économique que sur les plans sécuritaire, diplomatique et juridique.

« Nous consolidons un nouveau modèle économique qui garantit la stabilité macroéconomique, tout en favorisant la prospérité partagée. L’humanisme mexicain consolide également la souveraineté, la démocratie et les libertés. Au Mexique, il n’y a pas de répression, la force de l’État n’est pas utilisée contre le peuple ».

Les deux réussites les plus significatives, les plus médiatisées et celles que la plupart des pays d’Amérique souhaitent atteindre, sont peut-être le fait que, de 2018 à 2024, la population vivant dans la pauvreté est passée de 41,9 % à 29,5 %, soit le niveau le plus bas depuis au moins 40 ans.

Le Mexique est devenu le deuxième pays le moins inégalitaire d’Amérique, après le Canada, selon l’indice de GINI.

Une autre avancée majeure est la stratégie en matière de sécurité et de justice qui s’articule autour de quatre axes : la prise en compte des causes, la consolidation de la Garde nationale, le renforcement des capacités d’enquête et de renseignement, et la coordination entre tous les organes gouvernementaux.

En conséquence, en 11 mois, les homicides volontaires ont diminué de 25 %, les crimes à fort impact ont diminué de 20 %, les vols de véhicules avec violence ont diminué de 33 % et les féminicides ont diminué de 34 %.

Ce train de réformes, de modifications législatives et d’opérations de l’État, montre que le travail avance à grands pas. Certaines mesures ont déjà porté leurs fruits, d’autres prendront plus de temps.

Parmi les réformes les plus importantes, on peut citer la réforme du pouvoir judiciaire, la réforme de l’article 2 visant à reconnaître les peuples autochtones et afro-mexicains comme sujets de droit public.

De même, les réformes des articles 25, 27 et 28 de la Constitution, afin de récupérer PEMEX et CFE en tant qu’entreprises appartenant au peuple mexicain.

Il y a aussi les réformes de l’article 28 visant à permettre la fourniture directe de services Internet publics, et les réformes des articles 4, 21, 41, 73, 116, 122 et 123 en faveur de l’égalité de salaire des femmes.

L’article 28 a été modifié afin de garantir les transports ferroviaires, également exploités par des entreprises publiques, et met l’accent sur la protection des maïs indigènes et l’interdiction de cultiver du maïs transgénique.

Les articles 19 et 40 relatifs à la souveraineté nationale ont également été modifiés :  « Le Peuple du Mexique n’acceptera en aucun cas des interventions ou tout autre acte provenant de l’étranger qui porterait atteinte à l’intégrité, à l’indépendance et à la souveraineté de la Nation ».

Dans son rapport, la présidente a souligné les difficultés rencontrées en raison des droits de douane imposés par les États-Unis, et a insisté sur le fait que nous sommes le pays où le pourcentage moyen des droits de douane est le plus faible. Elle a également mis l’accent sur l’aide apportée aux paysans migrants déportés injustement.

Malgré les prévisions catastrophiques des organismes internationaux, une croissance de 1,2 % est prévue, les investissements directs étrangers ont atteint des chiffres records au premier semestre, avec plus de 36 milliards de dollars, le peso s’établit à moins de 19 pesos pour un dollar, le chômage est de 2,7 % (l’un des plus bas au monde) et l’inflation de 3,5 %.

Au 31 août, les recettes du gouvernement fédéral s’élevaient à 5952 milliards de pesos, soit 8,5 % de plus qu’en 2024, ce qui équivaut à près de 314 milliards de dollars. La dette publique s’établit à la fin du mois d’août à 50 % du produit intérieur brut (PIB). Les salaires des hauts fonctionnaires n’ont pas augmenté.

La présidente a souligné les progrès réalisés dans le cadre du Plan Mexique annoncé au début de son mandat, avec les pôles de développement, les entrepôts industriels et l’autosuffisance alimentaire. Elle a également invité les entrepreneurs à investir dans ce plan, et les banques à offrir de meilleures conditions de crédit.

Il est important de promouvoir l’innovation souveraine en intégrant des équipes composées d’enseignants, de chercheurs et d’universitaires pour la mise en œuvre de 10 projets stratégiques d’innovation, de développement technologique national et d’études humanistes.

L’un d’entre eux est le développement du mini-véhicule « Olinia », le projet Kutzari, qui est un atelier de semi-conducteurs, les satellites d’observation « Ixtli », et « Quetzal », qui est la conception et la production d’un véhicule aérien sans pilote de dernière génération. Au total, ce sont près de 500 chercheurs qui sont concernés, et le soutien à la recherche scientifique a augmenté de 193 %, les bourses à l’étranger de 70 % , et les stages post doctoraux de 23 %.

« Il ne peut y avoir de justice si nous ne commençons pas par régler la dette historique envers les peuples autochtones ». C’est pourquoi 20 358 communautés autochtones et afro-mexicaines reçoivent cette année un budget de l’état de 12 374 millions de pesos, géré conformément à leurs formes de gouvernement et d’organisation communautaire.

Le montant alloué en 2025 aux programmes de protection sociale maintes fois cités s’élevait à 850 milliards de pesos, soit 2,3 % du PIB ; ces fonds ont été versés directement, sans intermédiaires, en passant par la Banque du bien-être, à 32 millions de familles, parmi lesquelles des personnes âgées, des personnes handicapées, des étudiants, des centres de santé, des jeunes touchant le salaire minimum mensuel, le programme des pêcheurs, des agricultrices et des agriculteurs, des petits producteurs, des planteurs, et des producteurs de lait. Cette année marque le lancement du programme « Pensión Mujeres Bienestar » (aide sociale aux femmes) et d’un programme de soins médicaux à domicile pour les personnes âgées et handicapées. En résumé, il s’agit du plan social le plus ambitieux de l’histoire du Mexique.

Partant du principe que « l’éducation est un droit », la situation économique ne doit pas être un obstacle pour l’accès à l’éducation. C’est pourquoi le système national d’enseignement secondaire a été intégré, créant ainsi davantage de places. À cette fin, le budget alloué à ce niveau a été augmenté de 3,5 %. Dans l’enseignement supérieur, les universités du Bien-être Benito Juárez ont été renforcées, et l’Université Nationale Rosario Castellanos a été créée.

Afin de respecter l’engagement en faveur de la gratuité des soins de santé, d’ici fin 2025, 32 hôpitaux supplémentaires seront ouverts dans la République, 300 salles d’opération seront créées et le programme « Laboratoire dans votre clinique » sera mis en place, en plus du programme « Routes de la santé » pour la distribution de médicaments.
L’objectif en matière de logement est de construire 1,7 million de nouveaux logements. Il existe 12 projets portuaires, qui incluent le couloir inter océanique représentant 142 milliards de pesos d’investissements publics et 264 milliards d’investissements privés.

En ce qui concerne la souveraineté énergétique, les raffineries nationales de Deer Park (Texas), Olmeca et la centrale à charbon de Tula fonctionnent à plein régime  produisant 1,2 million de barils d’hydrocarbures par jour, soit trois fois plus qu’en 2018.

« La politique de construction de la paix se décide de manière souveraine au Mexique, personne n’y exerce d’influence, seules comptent notre honnêteté, notre conviction et notre certitude que nous, humanistes, savons gouverner avec persévérance et stratégie, et que nous obtenons des résultats », a conclu Claudia Sheinbaum.

 

(*) quatrième transformation : nom donné à la politique de rupture revendiquée par Andrés Manuel López Obrador, président du Mexique élu en 2018, et reprise par Claudia Sheinbaum élue en 2024.