A Bruxelles, au Parc du Cinquantenaire, se trouve le premier bâtiment réalisé par Victor Horta, abritant un bas-relief monumental de Jeff Lambeaux (1852-1908) illustrant avec force les passions humaines. Très rarement ouvert au public, nous en avons profité pour en révéler son histoire et inviter à se laisser emporter par l’émotion suscitée par cette illustration tellement vivante des passions qui nous animent, parfois sublimes, parfois destructrices, toujours profondément humaines.
Merci à Igor Pliner pour ces photos magnifiques.
- Horizontale : L’Humanité est divisée entre le principe féminin (plaisir) à gauche et le principe masculin (tourment) à droite, se rencontrant au centre dans des scènes de Suicide, de Viol et de Mort.
- Verticale : Du bas vers le haut, l’œuvre montre l’évolution de l’être humain, passant d’une dimension individuelle à une conscience collective.
- Diagonale : De l’angle inférieur gauche vers l’angle supérieur droit, elle retrace le parcours de l’Humanité, depuis l’Enfance, à travers les Passions et la Mort, jusqu’à la Religion.
- Thèmes centraux
La composition détaille des scènes de la vie humaine comme la Maternité, la Séduction, la Guerre, la Débauche, le Meurtre, le Remord, et culminent avec la Mort, flanquée des Grâces et des Légions infernales, pour finir avec la présence du Christ en croix, de Dieu le Père et des trois Parques.
-
La controverse:Le relief a suscité un scandale immédiat à sa présentation en 1899, en raison de sa représentation explicite des plaisirs charnels, de la nudité des corps et de la présence du Christ crucifié sous un angle peu conventionnel, ce qui fut jugé offensant par la société belge conservatrice de l’époque.
-
La fermeture du pavillonSuite à ces critiques, le pavillon fut fermé au public peu après son inauguration, et un mur fut construit pour dissimuler l’œuvre, qui resta inaccessible pendant des décennies.L’Œuvre de toute une vie
-
Le projet de LambeauxPour le sculpteur Jef Lambeaux, Les Passions humaines représentait l’œuvre de sa vie, un bas-relief fourmillant de vie et d’intensité
Le dessin sur papier ou « carton » est présenté au Salon triennal de Gand en 1889[11], créant immédiatement une longue émotion[12]. Le journal L’Art moderne en 1890 décrit le travail comme « un amas de corps le plus nus possible et contorsionnés, des musculatures de lutteurs en délire, une absolue et inégalable puérilité de concept. C’est tout à la fois cahotique [sic] et vague, boursouflé et prétentieux, empathique et vide. [ … ] Et si au lieu de se payer pour 300 000 francs de « passions » le gouvernement achetait tout bonnement des œuvres d’art ? »[13]. Commandé en 1890 par le roi Léopold II pour 136 000 francs[8], le travail de 12 mètres sur 8 portait sur le thème du bonheur et des péchés de l’humanité dominée par la mort[6]. Il dépeint aussi les passions négatives de l’humanité comme la guerre, le viol et le suicide. Le relief fut très controversé dès la présentation du projet en 1886. Bien qu’enthousiastes au départ, les critiques d’art regrettent surtout le manque de cohésion du travail[6]. Malgré la controverse, l’État belge acquit l’œuvre en 1890 pour l’installer au Cinquantenaire[6]. Le [6], le temple d’Horta était officiellement inauguré et l’œuvre révélée au public. La façon dévoilée dont Lambeaux dépeignait le nu féminin et masculin fut beaucoup commentée par la presse. Le relief montrant des nus désinhibés dans toutes les formes de plaisirs charnels causa scandale. La nudité n’était pas le seul problème : la représentation du Christ crucifié sous la mort outragea la Belgique conservatrice[14]. Le bâtiment ouvert fut caché à la vue du public par une barricade de bois seulement trois jours après la première présentation publique[15]. Finalement, le gouvernement répondit aux critiques en demandant à Horta, en 1906, de fermer l’avant du bâtiment avec des matériaux durables[16]. La façade avant fut construite en 1909. Le bâtiment rouvrit finalement en 1910, sans ouverture officielle et resta inachevé. L’État belge commanda une copie en plâtre du relief de Lambeaux pour le présenter sur différentes expositions internationales[17]. La copie est aujourd’hui visible au musée des Beaux-Arts de Gand[18]. Un fragment de l’œuvre remporta en 1900 une médaille d’honneur à l’Exposition universelle de Paris.









