Pour faire face au barrage de décrets et de politiques peu diplomatiques du gouvernement américain, l’opposition se concentre sur la restauration des institutions à leur état d’avant Trump – sans reconnaître que ce sont précisément ces institutions qui ont créé les conditions de la crise actuelle.
La démocratie qu’ils prétendent défendre était largement formelle : elle fonctionnait pour certains tout en laissant des millions de personnes marginalisées. Pendant des décennies, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour mettre fin à la concentration inexorable des richesses, à la baisse du niveau de vie ou aux effets déshumanisants d’un développement technologique incontrôlé. Ces questions n’ont toujours pas été abordées.
Aujourd’hui, la nouvelle administration menace de réduire le financement fédéral de la radio et de la télévision publiques, accusant ces organismes d’être trop « gauchistes » ou « réveillés ». Mais la réaction des institutions médiatiques publiques est peut-être encore plus révélatrice que la menace elle-même. WNYC à New York, par exemple, a exploité cette menace principalement comme une opportunité de collecte de fonds, exhortant les auditeurs à faire des dons par peur plutôt que par conviction.
Cette réponse met en évidence une contradiction fondamentale. Ces institutions parlent de « démocratie » et de « service public », mais elles sont incapables – ou refusent – d’apporter une réponse véritablement démocratique. Pourquoi n’appellent-elles pas les citoyens à défendre les biens publics ? Pourquoi ne pas organiser une campagne à grande échelle, comme un concert à Central Park, pour plaider en faveur d’un système de financement public fédéral qui reste indépendant de la politique présidentielle ? New York regorge d’artistes prêts à contribuer et à défendre les autres.
La question est claire : des institutions comme WNYC et NPR contribueront-elles à faire progresser une véritable démocratie ou se transformeront-elles progressivement en versions privatisées d’entités à but non lucratif ? Si nous voulons la démocratie, nous avons besoin d’une participation active du public. Si nous acceptons la privatisation, nous avons simplement besoin de l’argent des gens.
Aujourd’hui, il n’y a pas de leadership visible dans nos institutions dites démocratiques qui mobilise la population pour construire un nouveau système démocratique – un système qui aborde la redistribution économique et la participation réelle du public. Il ne s’agit pas seulement de la radiodiffusion publique. Quel est l’avenir de la sécurité sociale, de l’assurance-maladie, du service postal américain, des bibliothèques publiques et d’autres services publics essentiels ?
Ces institutions ne peuvent être privatisées. Aucune société moderne ne peut se développer sans approfondir la démocratie, améliorer le niveau de vie et assurer le bien-être collectif. Une société gouvernée principalement par l’intérêt personnel finit par se miner elle-même.
Aujourd’hui, je lance donc un appel à WNYC et à NPR : Cessez d’essayer de vous sauver dans un système qui s’effondre. Au lieu de cela, aidez le pays à aller de l’avant. Mobilisez les gens. Inspirez l’engagement. Devenez une force dans la construction d’une nouvelle société inclusive pour tous.