Nous publions ici l’intégralité de la communication présentée par l’humaniste Antonio Carvallo, lors de la séance de clôture du 10e Symposium international organisé par le Centre Mondial d’Études Humanistes :

Chers amis du Centre d’Études Humanistes des Amériques CEHA et du CMEH, Centre Mondial d’Études Humanistes, pour m’avoir invité à participer à ce Xème Symposium International “Utopies en Mouvement : Chemins vers la Nation Humaine Universelle ”, parrainé par l’Université Nationale de Cuyo, UNCUYO et la Faculté des Sciences Exactes et Naturelles FCEN, et des membres du Comité d’Organisation, Daniel César Robaldo, Nadia Magali Robaldo et du Comité Scientifique, Dr. Jacobo Alume, Ing. Carlos Guajardo et Dr. Lucas Hinojosa.

Le commencement

Il y a 56 ans, le 4 mai 1969, en ce même lieu, l’utopie de la Nation Humaine Universelle était lancée par Mario Luis Rodríguez Cobos ‘Silo’, fondateur de l’Humanisme Universaliste, dans un discours connu sous le nom de ‘La guérison de la souffrance’ (Voir version PDF : https://silo.net/milestones/may-4-1969).

Cette expérience a inspiré ma vie et celle de centaines d’autres personnes qui ont eu le privilège d’être présentes à l’époque, et qui ont consacré leur vie à la diffusion de ses idées dans le monde entier.

C’est là et alors qu’est née l’utopie d’Humaniser la Terre pour en faire une Nation Humaine Universelle.

Nous savons tous qu’une utopie s’arrête lorsqu’elle se matérialise. Mais avant de se matérialiser dans le monde physique, dans le monde social, une utopie doit se matérialiser dans nos pensées, dans nos sentiments et dans nos actions. Puis, petit à petit, elle commence à être contagieuse, à se transmettre aux autres. Puis une petite molécule naît, puis beaucoup d’autres et le tissu social commence à grandir… Lorsqu’il atteint une certaine masse, tout le corps social, ses organes et ses expressions changent… Un peu comme si l’on suivait les schémas de la création à tous les niveaux.

Dans le système de pensée de l’Humanisme Universaliste, il est entendu que rien n’existe de manière isolée dans l’univers, mais en relation dynamique avec d’autres êtres au sein de sphères conditionnées. Tout est perpétuellement en mouvement en transformation continue. L’univers est toujours en cours de création après le Big Bang, il y a quelque 13,8 milliards d’années. La vie est énergie. L’énergie n’est jamais immobile, mais en perpétuelle transformation. Chacun de nous est un conglomérat d’énergie avec différents niveaux de vibration. L’énergie ne disparaît jamais, elle se transforme… La vie est en évolution permanente.

Notre monde actuel, et nous-mêmes en tant qu’individus, sommes également en constante évolution et nous pouvons orienter ce changement dans une direction progressive et évolutive.

Silo n’a pas enseigné les Lois Universelles sur la montagne… mais certaines de ces idées ont circulé à l’époque dans de petits écrits, parmi les premiers groupes d’adeptes en Argentine et au Chili, allumant l’énergie de la foi, de la joie de vivre et de l’action inlassable.

Silo a parlé dans la montagne de l’expérience existentielle de la souffrance humaine. Un cours magistral sur l’origine de la souffrance dans l’esprit humain et son expression sous forme de violence, dans le comportement personnel et social. Il a non seulement décrit ce solipsisme, mais aussi la manière d’en sortir, en surmontant la souffrance en nous-mêmes et dans la société qui nous entoure.

Il a expliqué que cela peut se faire simultanément en nous-mêmes et en aidant les autres à faire de même en partageant l’expérience de la foi, de la joie et de la possibilité de transformation.

Depuis lors, nous avons intentionnellement apporté ces enseignements dans le monde entier et, dans les années qui ont suivi, nous avons commencé à voir des graines germer dans les cœurs et les esprits de milliers de personnes sur tous les continents.

Silo a continué à enseigner et à écrire sans relâche jusqu’à ce qu’il quitte cette vie en 2010. Il a créé une organisation et un corps de doctrine qui sont aujourd’hui traduits dans de nombreuses langues et touchent chaque jour davantage de personnes.

En bref, il s’agit d’une philosophie de vie fondée sur notre propre expérience humaine qui ouvre la voie à la transformation de soi, en élargissant notre niveau de conscience pour une meilleure compréhension et une plus grande action. Notre niveau de comportement vis-à-vis de la non-violence, de la compassion et de la solidarité envers les autres êtres humains est résumé dans la ‘Règle d’or’ qui consiste à « traiter les autres comme nous aimerions être traités ».

La doctrine nous arme pour faire face au fait que la civilisation occidentale traverse une crise profonde. En raison de sa position centrale et parce qu’elle a été la plus puissante au cours des derniers siècles, son influence s’étend à toutes les régions et, aujourd’hui, elle étend sa crise au reste du monde. Dans un monde fortement interconnecté et interdépendant, nous sommes tous touchés par cette crise.

Ses prétendues « valeurs » sont devenues obsolètes. Ses contradictions sont évidentes pour tous. Le culte de la violence, du pouvoir et de l’argent concentrés dans les mains de quelques-uns, tandis qu’ils prêchent l’égalité et la démocratie, a atteint un point d’épuisement. Ses institutions politiques et financières sont usées sans possibilité de renouvellement. Les antivaleurs rampantes, les guerres qui se développent artificiellement sans aucune intention de les résoudre…

C’est manifestement la fin d’une époque, et le monde doit s’orienter résolument vers un autre paradigme civilisationnel, à notre avis, l’Humanisme Universaliste : Une force humanisatrice.

Silo le formule comme Humaniser la Terre en allant vers une Nation Humaine Universelle, répartie dans le monde entier et partageant talents, ressources, connaissances, non-violence, cultures, races, sentiments de solidarité, de foi et de compassion…

L’utopie n’est pas dans la formulation car elle est l’essence même de l’humain. L’utopie réside dans l’inertie et les déficiences du fonctionnement de la psyché humaine. Sa difficulté croissante à s’adapter à de nouvelles conditions.

L’obstacle ce n’est pas la nature, car ses ressources sont abondantes et la technologie progresse à un rythme exponentiel. Oui nous voulons la protéger, la régénérer et la rendre encore plus productive. L’obstacle réside dans la résistance au changement imposée par nos modes de vie, la cupidité et l’indifférence des gouvernements et des entreprises.

Les communications ne sont pas non plus un obstacle, car nous disposons des meilleures communications de l’histoire de l’humanité, qui atteignent tous les coins du monde en temps réel.

Le problème réside dans l’être humain, dans son comportement archaïque, dans ses habitudes et dans sa résistance au changement. Dans une vie piégée par une structure inexorable de contradiction, de peur, de souffrance et de violence qui se perpétue en contaminant le monde qui nous entoure.

Le problème est de savoir comment briser cette chaîne de déterminisme qui affecte le présent et, évidemment, l’avenir.

Je voudrais citer Silo dans sa conférence « L’humanisme et la crise de la civilisation » à l’Académie des Sciences de Moscou, le 18 juin 1992 :

Comme vous le comprenez tous, nous parlons, en ce moment, de la situation cruciale de crise qui nous submerge et, par conséquent, du moment de rupture avec les croyances et présupposés culturels au sein desquels nous avons été formés. Pour caractériser la crise à partir de ce point de vue, nous pouvons prêter attention à quatre phénomènes qui nous touchent directement, à savoir :

1. Le monde connaît un rapide changement généré par la révolution technologique qui heurte les structures établies et les habitudes de vie des sociétés et des individus ;

2. Ce déphasage entre l’accélération technologique et la lenteur de l’adaptation sociale au changement génère des crises progressives dans tous les domaines ; et s’il n’y a aucune raison de supposer que cela va s’arrêter, à l’inverse, il en existe de penser que cela tendra à s’amplifier ;

3. Le caractère inattendu des événements empêche de prévoir la direction que vont prendre les faits, les personnes de notre entourage et, en définitive, notre propre vie ; en réalité, ce n’est pas le changement en lui-même qui nous préoccupe, mais le caractère imprévisible de ce changement ;

4. Nombre de choses que nous pensions et croyions ne nous sont plus d’aucune utilité ; de plus, aucune solution ne semble devoir venir d’une société, d’institutions ou d’individus qui souffrent du même mal : d’une part, nous avons besoin de références mais, d’autre part, les références traditionnelles sont asphyxiantes et obsolètes.

Cela a été exprimé il y a 33 ans.

Aujourd’hui, la science se recrée et s’autonomise à un rythme rapide. Avec l’IA qui accélère ses progrès qualitatifs et quantitatifs, la technologie et les sciences naturelles que sont la physique, la chimie et les mathématiques commencent à avoir un impact presque indépendant sur le processus d’évolution humain et la science en général. Les nouvelles hypothèses scientifiques sont évaluées dès qu’elles sont formulées par les chercheurs, et les recommandations, objections et risques sont automatiquement reformulés. Intégrant des masses d’informations qui, jusqu’à très récemment, ne pouvaient être évaluées que sur une longue période de temps.

Dans le cadre de sa propre conscience, l’être humain n’a cependant pas la capacité de se débarrasser rapidement de ses préjugés et de ses peurs. Compte tenu de l’imposition tacite ou imaginaire de leurs propres affiliations académiques, sociales, familiales, de groupe et autres qui leur donnent une « identité », une « stabilité », un « sentiment d’appartenance », une « individualité », en d’autres termes, de leur propre « paysage mental », de leur propre passé, ce paysage mental, défini comme Paysage de Formation, dans les travaux de Psychologie de Silo.

A travers ce paysage mental invisible, chaque nouvelle perception est filtrée et modifiée par ce prisme de notre mémoire. Phénomènes intrigants mais fascinants : la répétition constante, les habitudes mentales qui nous empêchent de voir la nouveauté comme une nouveauté et donc de nous adapter.

L’individualisme, le culte de l’individu comme séparé de l’ensemble social, de l’équipe de travail, de sa « faculté » au sens large.

Individualisme associé à la réussite. Le manque de solidarité envers les autres. La compétition féroce pour le « succès » et l’argent, la prévalence sur le groupe est devenue une maladie mentale de la civilisation occidentale. Sa némésis.

C’est une société de rivaux, depuis l’école primaire, le collège et l’université. L’autre est un ennemi potentiel qui, tôt ou tard, se battra contre vous pour obtenir votre position, votre pouvoir, votre argent. Ces anti-valeurs sont inculquées au sein de la famille et dès les premières années de l’enseignement officiel. L’enseignement privé est un privilège du fait de son coût prohibitif pour la plupart des familles. Ensuite, à partir de ces bastions de privilèges et d’exceptionnalisme ils développent les idéologies qui conditionnent la mentalité des enfants en tant que « paysage formateur ». L’ordre typique des oligarchies, « l’élitisme », qui contrôle les démocraties libérales sans exception.

Cet individualisme vous conduit à craindre l’autre, à essayer de le neutraliser, de l’affaiblir, de le rendre dépendant de votre pouvoir et de votre domination, et finalement de le vaincre.

Il en va ainsi dans les affaires, dans le sport, dans les partenariats, dans les relations familiales ou sociales, au travail, dans la science et la technologie et, bien sûr et absolument, dans le pouvoir et l’influence sur l’argent et l’État-nation. Bien sûr, également au niveau géopolitique, dans les relations entre États.

Les inerties comportementales représentent un obstacle et une perte de capacité à s’adapter, à construire des synergies, surtout au niveau des États-nations. Toujours en lutte, toujours en train de se regarder avec méfiance et, par conséquent, avec crainte. Cela détourne l’attention, l’énergie et les ressources des principaux problèmes communs de notre époque, à savoir l’environnement, la violence, la pauvreté, l’insécurité, les droits humains et le bien-être de tous.

Cela détourne l’attention, l’énergie et les ressources des principaux problèmes communs de notre époque. L’environnement, la violence, la pauvreté, l’insécurité, les droits humains et le bien-être de tous.

Nous devons susciter un changement de mentalité, un changement de culture psychologique vers une culture de paix, de solidarité, d’équité. Le bien-être de tous, et non de quelques-uns.

La philosophie de Silo, l’Humanisme Universaliste, renvoie chacun d’entre nous à la responsabilité du changement, en tant qu’individus influençant la société qui nous entoure.

Ni gouvernements, ni entreprises, ni capitaux financiers, ni armées, ni forces surnaturelles.

C’est ici que notre utopie émerge avec un message simple, profond et universel.

La responsabilité est tournée vers l’individu au sens le plus profond du terme. Une autre façon d’être au monde. La vie consciente. Le défi de l’éveil, le niveau mental de la conscience de soi. Vaincre la violence en soi et dans la société qui nous entoure « Traite les autres comme tu veux qu’ils te traitent ». La Théorie de l’Action, le travail avec notre force intérieure, le développement attentionnel, la réconciliation avec nous-mêmes et avec les autres, sont quelques-uns des travaux de développement personnel et d’amélioration de soi proposés par Silo. Une abondante littérature sur la doctrine de Silo est disponible en plusieurs langues, gratuitement, sur le site www.silo.net

Le monde d’aujourd’hui change d’orientation générale à une vitesse vertigineuse, l’hégémonisme des États-Unis et de l’Occident blanc a été rejeté par la plupart des pays et conjointement par les populations et les économies les plus importantes en termes de PIB.

Une nouvelle sensibilité se développe

En Chine, en Inde, dans le reste de l’Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, une nouvelle sensibilité sociale et politique émerge qui se renforce dans les institutions appropriées. Elle s’exprime dans les associations de concertation, dans les mouvements sociaux, parmi les États membres d’organisations de coopération régionale telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), les alliances en Amérique du Sud et en Amérique centrale (CELAC), l’Union africaine, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Est et les BRICS, les partenaires et les candidats représentent plus de 80 % de la population mondiale, et ce chiffre ne cesse de croître.

Ils aspirent à un nouvel ordre mondial multipolaire, à une redéfinition et à une modernisation de l’ONU, y compris la réforme du Conseil de Sécurité où quelques pays, non représentatifs du monde actuel, imposent arbitrairement leurs vetos en immobilisant les résolutions de l’Organisation. Entre autres, la résolution du conflit israélo-palestinien, reconnaissant les deux États et les limites territoriales de 1967.

Un nouvel ordre mondial est en marche. Engagé à prendre soin de l’environnement conformément aux accords internationaux ; affirmant le rôle de la Cour internationale de justice, en la protégeant de la coercition d’États tiers.

Un ordre international juste nécessite un ordre juste au sein des États-nations. Si les citoyens savent et sentent que leurs droits sont légalement protégés au niveau international et régional, ils n’hésiteront pas à élire des gouvernants qui s’engagent à respecter cet ordre international au sein de leurs États.

Tout cela est réalisable et nous ne sommes pas loin d’y parvenir au niveau mondial si nous persévérons dans la défense des droits humains, dans notre environnement immédiat.

La communication entre les populations, le tourisme, le travail, le sport, les études, l’emploi, la culture, etc. augmente chaque jour en vitesse et en volume. Ces échanges humains ont sans aucun doute un impact positif sur les échanges culturels, et une meilleure compréhension des autres cultures. Les habitudes, les conceptions esthétiques, les modes, les langues, toutes facilitées par les progrès des technologies de communication, couvrent d’autres espaces géographiques en temps réel.

Les gens

Dans le système de croyances, de valeurs, de mentalités et d’idéologies prévalant dans le substrat culturel de l’Occident blanc, « l’Occident » dans le jargon géopolitique à la mode, les gens du peuple, sans le sou et sans pouvoir, les électeurs, les consommateurs, les contribuables, la main-d’œuvre, le peuple et tous les autres termes péjoratifs utilisés, ne valent rien.

Mais ils sont la force (l’énergie sociale) que le « système » cherche à exploiter et à manipuler, car il est bien connu des élites que sans leur énergie, rien ne peut être fait.

Les élites du pouvoir et de l’argent, qui se renforcent et se protègent mutuellement, ne sont fortes que si elles parviennent à manipuler, persuader, diviser et utiliser le peuple.

À cette fin, ils utilisent leurs « médias » qui désinforment sans cesse en diffusant de faux récits, des interprétations de la réalité, des omissions, des mensonges ou des déformations d’événements pour persuader, confondre et diviser les populations afin qu’elles soutiennent leurs positions.

Ils sont toujours en train de rameuter les gens, d’essayer de canaliser leur énergie vers leurs propres projets et intérêts, pour vendre leurs produits, pour gagner de l’influence, de l’argent et du pouvoir.

Ce sont les divinités vénérées dans ce cycle historique en pleine décadence, la religiosité, le mythe historique de notre époque. Le pouvoir et l’argent.

On parle des gens mais on les méprise, on les dépouille de leur humanité, de leurs intentions, de leurs besoins essentiels et de leur liberté. L’idéologie du système est oppressive malgré son masque de liberté.

Tout le contraire de la liberté. C’est ce que nous, humanistes, appelons la violence.

Le secret le mieux caché c’est que l’énergie humaine fait bouger le monde. Comme tout organisme, sans énergie elle meurt. Le meilleur capital disponible est l’être humain. Conscient, intelligent, créatif et travailleur. Il n’y a rien qui ne soit créé et utilisé par les êtres humains. Lorsque les populations sont éduquées et que leurs besoins fondamentaux sont satisfaits, elles créent à leur tour la richesse des États, en tant que productrices et consommatrices, dans un cercle vertueux de développement. Le mythe du capital comme seul ou principal déterminant de la croissance économique est un grand mensonge.

C’est l’être humain, avec son talent, son travail et son intentionnalité, qui crée, transforme et développe le monde naturel.

Lorsque la République de Chine a été créée en 1948 sous la direction politique du parti communiste, elle ne possédait pas du tout de capital, seulement l’effort de travail de son propre peuple. Une culture séculaire, disciplinée et industrieuse, avec un sens de la solidarité sociale. Aucun État occidental n’a soutenu la Chine en lui apportant des capitaux, des crédits ou des technologies. La Chine a construit ses premiers barrages pour produire de l’électricité, à la main. Aujourd’hui, elle est la première économie mondiale avec les technologies les plus avancées. Comment les tenants du capital financier, de la banque et de l’argent l’expliquent-ils ? Eh bien, ils préfèrent ne pas le faire, car l’expliquer les amènerait à abjurer leurs croyances et à reconnaître le caractère fallacieux de leurs idéologies.

Lorsque le système d’anti-valeurs de l’Occident sera épuisé, simplement par l’abandon du soutien du peuple, il sera mis de côté et la recherche de nouveaux principes et de nouvelles valeurs deviendra une priorité. Ce moment semble se rapprocher de plus en plus, et plusieurs indicateurs en ce sens deviennent visibles.

Il convient d’aborder la place centrale de l’être humain, de ses droits fondamentaux.

Reconnaître la violence et la nécessité de la vaincre. Identifier ses racines et les transformer. S’éveiller à un véritable sens de la vie. C’est urgent !

La question de la liberté humaine n’est ni proposée, ni comprise. Elle n’est pas non plus une priorité pour la culture d’aujourd’hui.

La violence est une expression de l’absence de liberté et de la contradiction avec laquelle elle est vécue au plus profond de chacun et chacune d’entre nous.

La possibilité réelle de changer cette violence, et la transformation de l’être humain

À cette fin, nous avons élargi et approfondi le Forum mondial de l’Humanisme Universaliste, fondé à Moscou en 1993 à l’initiative conjointe de l’Académie des Sciences de Russie et de l’Internationale Humaniste.

Après avoir quitté le gouvernement du parti communiste de l’URSS et créé à sa place une association d’États indépendants, Mikhaïl Gorbatchev et la Perestroïka sont devenus le point de mire du monde entier. Nous, les humanistes, y sommes allés pour étudier le processus, nous familiariser avec le phénomène de la Perestroïka et, pourquoi pas, partager les principes et les valeurs de l’Humanisme Universaliste.

Dès lors, une relation fructueuse s’est développée. Des membres de l’Académie des sciences ont fondé le Club Humaniste de Moscou. Ils ont proposé d’organiser un forum Humaniste à Moscou en 1993. Ils ont invité Silo en tant qu’orateur principal. Plus tard, l’Académie lui a décerné un Doctorat Honoris Causa en reconnaissance de ses contributions à la paix, à la Non-violence, à la Psychologie et aux Sciences Humaines.

Depuis lors, des Forums Humanistes ont été organisés dans de nombreux pays sur tous les continents, avec la participation de milliers de personnes.

Maintenant que la culture mondiale a atteint un point de crise et que l’humanité semble avoir perdu ses repères, nous avons ressenti un besoin urgent d’établir le Forum Humaniste Universaliste comme permanent, sous une forme essentiellement virtuelle.

Le Forum, basé sur le travail des « Tables thématiques » est ouvert à tout le monde, les seules limites à la participation étant les personnes qui soutiennent la discrimination ou la violence de quelque nature que ce soit. En dehors de cela, il est ouvert à tous.

Un secrétariat coordonne les flux d’information entre les tables thématiques et les calendriers généraux des activités. De nouvelles tables rondes sont créées en fonction de l’intérêt des participants, qui déterminent leurs propres procédures, la fréquence des réunions, les langues utilisées et les thèmes d’étude.

La première Assemblée ouverte a eu lieu le 25 janvier 2025 et la deuxième le 5 avril. Les deux ont été bien suivies, avec des participants de 48 pays des Amériques, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

Il existe en ce moment 15 tables thématiques en activité, couvrant des sujets tels que l’éducation, la santé, la paix et le désarmement, le colonialisme, les droits humains, la violence de genre, l’Humanisme dans les différentes cultures, l’écologie sociale et le changement climatique ; les Révolutions et phénomènes psychosociaux, le Revenu de base universel et l’économie ; les sports et arts pour la paix et la Non-violence ; les Déplacements de populations liés aux guerres et aux conflits armés ; les Propositions pour un changement de système global ; la paix dans l’Histoire et l’Histoire de la paix.

Nous pensons que le Forum Humaniste peut devenir un contributeur actif au changement de mentalités qu’exige le monde complexe d’aujourd’hui. Les gens du peuple doivent disposer d’une voix et d’un vote, et être en mesure d’étudier activement les problèmes fondamentaux de notre époque et d’en tirer des conclusions constructives.

Faire prendre conscience de l’expérience et des opinions de citoyens ordinaires ; partager les points de vue et les approches et apprendre les uns des autres, cette approche ascendante et responsabilisante de l’éducation, gratuite pour tous, peut avoir des effets importants et transformateurs pour la compréhension profonde de ce nouveau monde et de cette nouvelle culture dans lesquels nous, les êtres humains, devons être la valeur et la préoccupation centrales. Nous jetterons ainsi les bases d’une nouvelle civilisation. La Nation Humaine Universelle.

Je vous remercie de votre attention.

 

Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet