En réponse aux appels du mouvement étudiant dans les écoles occupées à créer des assemblées citoyennes, les premières tentatives ont commencé à apparaître dans toute la Serbie. L’appel a été diffusé à la fois par des groupes d’étudiants sur les médias sociaux et par des interviews publiées dans des médias non officiels.

Les premières assemblées ont été organisées dans plusieurs villes (Chachak, Vlasotidze, Nis, Obrenovac, etc.), puis plusieurs grands quartiers de Belgrade ont suivi. Aujourd’hui, des assemblées sont prévues dans toute la capitale.

Vidéo de l’une d’entre elles :

https://x.com/i/status/1902444366737571899

Voici l’expérience d’un habitant de Novi Beograd (Nouveau Belgrade) lors de la première assemblée de son quartier, telle qu’elle a été transmise à Autolexi :

Je reviens d’une assemblée de quartier de quatre grands blocs de Novi Beograd.

Le processus s’est très bien déroulé. Nous étions 250 à 300 personnes et nous avons été très efficaces. L’appel initial a été lancé à partir des groupes Facebook déjà existants dans certains quartiers. De nombreuses personnes ont commencé à exprimer l’idée de créer une assemblée de quartier dans leur quartier, jusqu’à ce que les habitants d’un quartier invitent trois autres quartiers à se joindre à eux par le biais d’un message indiquant la date, le lieu de la réunion et des informations sur les quartiers concernés. La nouvelle de la réunion s’est répandue rapidement et spontanément.

La réunion se tenait dans un pâté de maisons relativement central, et plus précisément dans son parc. L’organisatrice – une femme lambda d’âge mûr, sympathisante du mouvement étudiant – est montée sur un banc en bois et a lu par haut-parleur les règles d’une assemblée non partisane qu’elle avait trouvées auprès d’un groupe d’étudiants, puis elle a directement demandé à un volontaire de prendre en charge la modération.

Source : https://www.instagram.com/p/DFnipmGsEnU/?img_index=1

Les gens ont appris les règles d’une assemblée non partisane en 10 minutes environ. Lorsqu’une personne souhaitait prendre la parole, elle s’approchait du mégaphone et s’adressait au reste des participants. Nous avons terminé la discussion en adoptant quatre résolutions et nous avons voté sur ce que nous avions à voter en une heure et demie tout au plus.

La plupart des participants étaient d’âge moyen. Il y avait aussi des  jeunes et des personnes âgées. Il y avait quelques étudiants des écoles défavorisées ou leurs coordinateurs qui nous ont aidés sur certains points techniques. Une discussion a eu lieu sur la question de savoir si les personnes impliquées dans les partis devaient être autorisées à assister aux réunions. Il a été décidé qu’ils seraient autorisés à venir. Ma proposition que toute personne d’un parti qui prend la parole indique à quel parti elle appartient a été rejetée. Cependant, chaque fois qu’une personne prenait la parole, elle nous disait son nom, le quartier dans lequel elle vivait et qu’elle « n’appartenait à aucun parti », tandis que les quelques personnes qui étaient partisanes le disaient.

Sur la bannière, on peut lire : « TOUT LE POUVOIR AUX ASSEMBLÉES »

A un moment donné, il y a eu une discussion sur la question de savoir si nous devions tous intervenir lors d’une réunion de la mairie de Novi Beograd pour ramener l’organisation des communautés locales au niveau de l’ensemble, parce que cela donnerait du poids aux assemblées.

Au début, l’approche et la discussion étaient plutôt légalistes, mais lorsque j’ai pris la parole, j’ai fait valoir que nous-mêmes, par le biais de l’assemblée et de l’auto-organisation, donnions notre propre poids et notre propre importance au processus et que celui-ci ne devait pas dépendre d’une loi. La grande majorité des gens étaient d’accord avec cela, même si quelques minutes plus tôt ils débattaient de la question de savoir si nous devrions utiliser des voies légales. Lorsque quelque chose est présenté aux gens de manière agréable et raisonnable, ils savent reconnaître ce qui est bon pour eux et l’adopteront, que la loi soit votée ou non. C’est ce que je croyais et que je croirai toujours. La démocratie directe ne fait que le confirmer.

Continuons, continuons à chercher !

Vote dans une assemblée citoyenne, https://www.instagram.com/p/DG6KOKKoKLS/?igsh=NnlvNDJvZnVoZWFr

 

Traduction, Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici