Le 30 octobre dernier, a eu lieu la première montréalaise du film Baghdad On Fire au Concordia Hall Building à Montréal, lors d’une soirée parrainée par Cinema Politica.

Le film présente des images qui nous poursuivent deux jours après le visionnement. Voici de jeunes Irakiens, trop jeunes pour avoir connu l’assaut barbare anglo-américain sur leur pays en 2003 qui a coûté tant de destruction et plus de 200 000 morts. Menés par la passionaria Tiba, l’héroïne du film, on les voit manifester place Tahrir jour après jour avec le drapeau de leur pays, désarmés, et inexplicablement les soldats leur tirent dessus à balles réelles pour les disperser, alors que leurs principaux slogans sont :

« Nous ne sommes pas Iraniens, ni Américains, ni Sunnites, ni Chiites, nous sommes Irakiens ». 

C’est dire à quel point leur gouvernement est réfractaire à une véritable démocratie en se maintenant au pouvoir par des grenouillages électoraux-financiers selon les districts qui le composent. Et le film alterne espoir de porter une cause juste patriotique et désespoir de voir de leurs amis tués à leurs côtés.

Jusqu’à deux heures du matin, le jeune réalisateur Karrar Al-Azzawi a répondu aux questions très sympathiques, en vidéoconférence en direct de la Norvège, son pays d’adoption.

Les deux coprésentateurs officiels du film invités par Nima Ourania étaient d’une part la Société Irako-Canadienne de Montréal et les Artistes pour la Paix, représentés par leur coprésidente Louise Marie Beauchamp, aussi cinéaste, par Martin Duckworth* et par leur secrétaire général Pierre Jasmin.

Depuis bientôt 40 ans, je suis le principal porte-parole des Artistes pour la Paix, un groupe idéaliste pro-UNODA (regardez notre chandail que je porte SOYONS DÉSARMANTS) qui, avec la sous-secrétaire générale des Nations unies et Haute-Représentante des Affaires de Désarmement, madame Izumi Nakamitsu, dénonce l’augmentation des dépenses militaires et les envois d’armes aux pays en guerre.

L’horreur de cent mille morts civiles fut infligée à l’Iraq par les Bush et Blair, sous le mensonge d’armes à destruction massive dénoncé par l’ONU, le Premier ministre canadien Jean Chrétien et les manifestations organisées par les APLP et Échec à la guerre en 2003 à Montréal. Le professeur en philosophie à l’UQAM et ami des APLP Georges Leroux a alors déclaré en riposte à Élie Wiezel, prix Nobel pour la paix, qui approuvait la guerre à Saddam Hussein :

« La paix ne sera jamais réelle si elle reste la loi du plus fort. » 

À propos de Baghdad On Fire

Tiba, 19 ans, et ses amis sont pleins d’espoir. Ils se battent pour la démocratie en Irak. Ils sont à l’avant-garde du plus grand mouvement de jeunes depuis que les États-Unis ont envahi le pays et renversé Saddam Hussein, il y a 20 ans. Avec ses amis Khader et Yousif, elle a mis sur pied une équipe médicale qui coud et rapièce et aide les jeunes manifestants courageux lorsqu’ils sont à nouveau aspergés de gaz lacrymogène. Ils passent des jours et des nuits dans des tentes sur la place Tahrir, au centre de Baghdad. C’est là qu’ils discutent et planifient la manière d’apporter la liberté, la démocratie et le changement en Irak. Ils en ont assez des milices, des politiciens corrompus et des troupes étrangères qui définissent le pays. Tiba a quitté le mariage forcé dans lequel elle s’était retrouvée à 14 ans et se bat également pour les droits des autres femmes.

Baghdad on Fire est un récit énergique qui nous vient de l’intérieur des manifestations et de la nouvelle jeunesse irakienne. Une histoire pleine d’espoir, de foi, de courage et de joie, mais aussi une histoire pleine de douleur et du prix que le courage et la lutte pour la liberté auront toujours à payer.

*Le cinéastre Martin Duckworth : a enseigné le cinéma de 1990 à 2012 à l’Université Concordia à la Mel Hoppenheim School of Cinema; il fut distingué de la récompense Artiste pour la Paix de l’Année 2003; puis reçut du gouvernement du Québec le prestigieux prix Albert Tessier en 2015, ce qui est la plus haute distinction accordée en cinéma (Prix du Québec). On ne compte plus les distinctions internationales reçues par ses films engagés à l’Office Nationale du Film (NFB). 

Cinema Politica est un réseau à but non lucratif qui présente des films et des vidéos politiques indépendants réalisés par des artistes canadiens et internationaux. Fondé en 2004 à l’Université Concordia de Montréal, Cinema Politica organise des projections hebdomadaires pendant les sessions d’automne et d’hiver sur les thèmes de la justice sociale, les enjeux environnementaux et l’identité culturelle. Les projections ont lieu les lundis à 19h et sont ouvertes au public et suivies de discussions avec les réalisateurs/réalisatrices et les organisateurs.

Pierre Jasmin