Coup de tonnerre dans le milieu médiatique québécois, jeudi dernier, lorsque le Groupe médiatique TVA annonçait le licenciement de 547 employés, soit près du tiers de l’effectif.

Cette décision touche 300 personnes de la production interne, 98 autres liées majoritairement aux activités des stations de télévisions régionales et 149 dans d’autres secteurs. Ce licenciement collectif survient après l’annonce d’une première suppression de 140 postes à Groupe TVA en février dernier. Une vingtaine de journalistes temporaires, en région et à Montréal, avaient été touchés. (La Presse)

Le grand patron par intérim de Groupe TVA, Pierre Karl Péladeau, a expliqué que ce bouleversement est dû à la multiplication des plateformes numériques de diffusion (Netflix, Prime Video, Disney+, Apple TV+, Crave, Hulu, etc.) qui entraîne une fragmentation de l’audience et des abonnements. À cela, dit-il, s’ajoutent la concurrence et la surenchère pour l’acquisition des droits sportifs ainsi que l’absorption des revenus publicitaires par les géants du web (Google, YouTube, Facebook, Instagram, TikTok et autres Twitter/X), en plus de ce que Pierre Karl Péladeau appelle la « concurrence déloyale » de la chaîne financée par le gouvernement canadien, Radio-Canada.

P.K. Péladeau a confirmé en conférence de presse que le Groupe TVA va poursuivre la diffusion des bulletins de nouvelles. (La Presse)

Rappelons que le 15 septembre dernier, le groupe Metroland Media de l’Ontario annonçait la fermeture de 70 journaux communautaires ontariens appartenant à Metroland Media Group, ce qui représente le licenciement de 605 personnes. (La Presse)

L’annonce a été faite en pleine Journée internationale de la démocratie.  Selon le président de l’Association canadienne des journalistes Brent Jolly, cette situation remet en question le droit du public à l’information. 

« La démocratie va mal se porter, elle va souffrir de ce qui arrive aujourd’hui dans plusieurs petites communautés en Ontario », estime B. Jolly. « L’important, rappelle-t-il toutefois, c’est qu’il reste des journalistes sur le terrain. » (La Presse) 

« Il n’y aura presque plus de nouvelles locales dans un grand nombre de communautés ontariennes », observe à son tour le professeur de journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Patrick White. (La Presse) 

« Le journalisme communautaire est une forme d’art en voie de disparition, a déploré Hunter Crowther, un membre de l’équipe éditoriale de Metroland, qui fait partie de ceux qui ont perdu leur emploi. C’est un jour accablant pour les médias canadiens. » (La Presse) 

Déjà au mois d’août, l’entreprise Québécoise MétroMédia, qui inclut 16 journaux locaux dans la région de Montréal et le quotidien le Métro annonçaient la fermeture de tous les journaux et de l’ensemble de ces plateformes d’informations sur le web.

Un risque pour la diversité des points de vues et des opinions

Depuis 2008, 474 entreprises médiatiques canadiennes ont fermé leurs portes, selon le gouvernement fédéral. Mais avec les récentes annonces de Metroland, MétroMédia et Québecor d’autres entreprises et pertes d’emplois s’ajoutent à la longue liste de mauvaises nouvelles. (La Presse) 

C’est une mauvaise nouvelle pour la presse écrite locale mais aussi pour la diffusion de la diversité des points de vues et des opinions qui se retrouvent fréquemment dans les éditoriaux  des médias locaux et alternatifs.