Chère Anne, 

Merci beaucoup pour votre réponse directe suite à mes écrits et mes questionnements concernant la guerre en Israël. Avant de commenter, je dois vous dire que j’ai déjà quitté Israël, à bord d’un avion de l’armée de l’air chilienne, qui a secouru les Chiliens en Israël ou dans les territoires palestiniens, qui voulaient partir en raison de l’annulation de la plupart des vols internationaux. 

Présentement, je suis à Madrid et cet après-midi, je m’envole pour le parc Schlamau en allemagne pour participer à une réunion de l’Ascèse, en espérant que dans cet espace affectueux, apaise mon mental et me permettre de sortir de ce climat de guerre dans lequel je me suis retrouvé involontairement impliqué.

Concernant votre lettre, publiée à Pressenza :

  1. Nous sommes clairement contre toute forme de violence. En effet, cette guerre a commencé par un massacre horrible de plus de 1 000 citoyens civils, ce qui est absolument interdit même dans les codes et procédures de guerre actuels. Ce massacre a provoqué l’horreur la plus profonde chez la plupart des populations du monde.

Il est vrai que le conflit lui-même est ancien et est le résultat de structures de domination et de pouvoir coloniaux. Mais cette région du monde est caractérisé par les conflits. Ces conflits perdurent depuis les premiers passages des êtres humains de l’Afrique vers l’Asie et l’Europe. En fait, c’est une région reconnue pour ces grands affrontements dans tous les domaines, et à toutes les époques. 

Par ailleurs, cette région du monde à donné naissance à de grands courants spirituels (y aura-t-il une relation entre ces 2 facteurs ? Ces courants spirituels seront-ils une compensation adéquate aux conflits gigantesques qui se sont produits continuellement dans ce zone?). 

Mais, les difficultés et les conflits dans la région n’ont pas surgi subitement en 1948 avec la partition de la Palestine, comme voudraient nous le faire croire ceux qui ont déjà choisi un camp, mais il s’agit de processus complexes qui, comme je l’ai déjà mentionné, remontent à des temps très anciens.

2. Concernant les autorités israéliennes et palestiniennes, je suis entièrement d’accord avec vous sur le fait qu’il n’y a pas de solution possible sans faire appel au dialogue de paix et à la recherche d’accords. Ce n’est pas facile à notre époque, car l’accumulation des haines et des peurs mutuelles s’est accrue au fil du temps. D’autre part, de nombreux signes montrent qu’il est possible de générer des rapprochements. 

Les accords d’Oslo établissant une paix relative entre Israéliens et Palestiniens étaient une bonne entente. De nombreux autres signes, tel que les permis de travail quotidiens des 200 000 Palestiniens de Gaza en territoire israélien, qui traversaient chaque jour les postes frontières. Puis les tentatives en Cisjordanie de maintenir un gouvernement de l’Autorité palestinienne qui a su réduire les tensions et maintenir les liens de les affaires, l’emploi et les actions communes avec Israël sont de bons signes.

Malheureusement, les habituels individus haineux qui font la promotion de la violence abondent des deux côtés et détruisent les possibilités d’accords.

Avec son attaque, le Hamas a rendu un terrible service à ses prétendus frères palestiniens ; ils connaissaient les conséquences que leurs actions entraîneraient et surtout la réponse répressive de l’armée israélienne.

Les colons juifs religieux, dans leur interprétation fanatique de la Bible et leur harcèlement continuel des populations palestiniennes de Cisjordanie, sont une provocation et une vexation permanente, motivées par l’intolérance religieuse ajoutée à un nationalisme absurde et violent.

Tandis que le gouvernement israélien actuel, motivé par des intérêts égoïstes donc les dirigeants sont dominés par le discours des partis religieux, qui comptent peu d’adhérents, mais qui font partie du processus décisionnel, a rompu avec les précédentes tentatives de paix et les accords. Ainsi ce gouvernement se conforme aux exigences d’un groupe restreint mais fanatique qui exerce des pressions, et soutiennent les colons à exercer des violences dans les zones palestiniennes.

3.- Concernant l’ouverture des moyens d’expression à ceux qui recherchent des réponses nouvelles et non violentes. Tout à fait d’accord chère Anne. Les manifestations en Israël ont été un moyen puissant et s’inscrivent dans la structure de la non-violence, malheureusement avec l’attaque du Hamas, elles ont cessé puisque la priorité du moment est la sécurité de la population.

Mais je pense que l’endroit au monde le plus difficile pour parler de Nonviolence Active ces jours-ci et dans les prochaines semaines est Israël et les territoires palestiniens.

Je reprends votre idée d’interviewer et de promouvoir des idées et des exemples de non-violence Active à travers le monde. Le problème de la violence s’accentue dans de nombreux endroits de la planète, de différentes manières mais toujours avec ce paradigme violent. 

Nous devons en être conscients et dresser des listes d’actions clairement non violentes et trouver un moyen de les diffuser.

Il y a de nombreuses années, dans Siloisme, nous avons créé un organe de diffusion de la Bonne Nouvelle (il était centré sur les îles Canaries et à l’époque j’ai fait plusieurs contributions).

Le média américain 1440 Daily Digest propose (entre autres) des histoires d’actes de gentillesse et d’inspiration entre les gens.

Pressenza pourrait disposer d’un espace qui promeut ce type d’actions positives et humanitaires. Un espace qui mentionne les accords entre factions opposées, les résultats des dialogues et des rencontres, qui promeut les valeurs de Nonviolence Active et d’Humanité, les grands et/ou petits actes, qui peuvent servir d’inspiration et de modèle. D’une certaine manière, c’est déjà le cas, mais ils restent souvent cachés derrière les rapports continus faisant état d’actes de violence.

Je ne sais pas comment y accéder, mais réfléchissons-y, c’est une belle opportunité!

4.- Concernant « la diffusion de pratiques de Nonviolence Active humaniste qui pourraient être proposées aux groupes et aux personnes en Palestine et en Israël », c’est une excellente idée, mais j’insiste sur le fait que le moment n’est pas propice, peut-être pouvons-nous avancer avec force une fois que les choses se seront calmées. Mais nous pouvons aller de l’avant et accroître ces pratiques partout où cela est possible. À partir du Canada, au Chili, utilisons les Parcs d’Étude et de Réflexion, et utilisons les réseaux de groupes avec lesquels nous avons déjà des ententes.

J’aimerais en apprendre plus sur votre expérience et pouvoir vous aider à générer ces cours, ateliers, séminaires. J’aimerais proposer ces pratiques de Nonviolence Active dans chaque espace. 

Je serai bientôt à New York, peut-être que nous pourrons nous rencontrer (où habitez-vous au Canada ?) 

Je pourrais vous rendre visite dans l’un d’entre eux et nous réfléchirons à quelque chose ensemble ou encore pouvez-vous aller à Hudson Valley Park et nous je vais y travailler là-bas ?

J’ai 72 ans, mais j’ai hâte d’apprendre des moyens concrets de contribuer à la non-violence, de les diffuser aux nouvelles générations, d’ouvrir le dialogue, tout en cherchant à parvenir à des accords. Et j’y consacrerai le reste de ma vie.

Un câlin affecteux Mickey

* traduction de l’espagnol au français par le bureau de Pressenza Montréal