Nous vivons une époque où la prise de conscience environnementale est plus importante, générant ainsi des comportements de citoyenneté pour la protection de la planète et de ses habitants. Les générations précédentes n’étaient pas encore conscientes des conséquences néfastes des effets collatéraux de la surconsommation. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale chaque objet, chaque bien matériel, semblait devenir une nécessité.

Il n’en reste pas moins que les générations précédentes telles que la génération X ou les baby-boomers, résistent parfois et peuvent être moins enclines à adopter la consommation de biens de deuxième main.

 

L’Europe connaît actuellement une transformation significative de ses habitudes de consommation, avec une croissance marquée de l’achat de biens de seconde main. Analysons un instant ce comportement afin de comprendre comment cette fascination pour le recyclage et le vintage a émergé, car nous pouvons observer une sorte d’acharnement qui est en train de se produire.

Il existe plusieurs raisons qui poussent à la consommation de biens de seconde main. Comme mentionné précédemment, les individus sont de plus en plus conscients de l’impact environnemental de la surconsommation. En plus du côté durable, cela facilite l’expression de soi, l’originalité personnelle et permet de se rapprocher de certaines époques par le biais de vêtements vintage, ce qui est fascinant. Il ne faut pas négliger les économies financières, ainsi que la recherche d’authenticité, car l’univers de la seconde main permet aux consommateurs de découvrir des articles uniques, empreints d’histoire, auxquels ils ajoutent de la valeur.

De nos jours, nous pouvons parler de fashion, de mode, car l’achat d’articles de seconde main, en particulier dans le domaine de la mode, est de plus en plus adopté par les générations plus jeunes. Les marchés aux puces étaient autrefois fréquentés par des personnes en quête de nécessités de base, et pour certaines personnes, ces endroits étaient mal vus. Maintenant, ces lieux attirent tout type de personne. De nombreux individus ressentent le besoin de s’exprimer à travers leur style, ce qui suscite la recherche de leur propre identité et de leurs goûts dans les magasins de seconde main, car ils privilégient l’authenticité et la créativité. Il y a aussi, une très forte influence de la culture populaire : les média et la mode ont également joué un rôle important en popularisant cette tendance. Les célébrités et les influenceurs ont souvent été vus portant des vêtements vintages ou faisant la promotion du recyclage.

 

De plus en plus de chercheurs en marketing, de spécialistes de la mode, de sociologues et d’économistes affirment que l’achat de seconde main représente l’avenir de la consommation. Est-ce une question de conflit entre les jeunes et les générations précédentes ? Peut-être que ces dernières sont moins préoccupées par le gaspillage et n’ont pas encore adopté la mentalité du « réduire, réutiliser et recycler ». Que ce soit pour les voitures, les vélos, les meubles pour la décoration, les vêtements, les instruments de musique ou les téléphones portables, ce mode de consommation découle des problèmes sociaux et environnementaux du XXIe siècle.

Ce nouveau modèle de consommation est révolutionnaire car il a déjà un impact considérable sur l’industrie de la mode, de l’électronique et d’autres secteurs.

Par exemple, nous constatons que de grandes marques de fast fashion (comme Zara, H&M, Primark, etc.), qui sont parmi les industries les plus polluantes et les plus consommatrices d’eau au monde, adoptent une communication tournée vers le « vert ». Les produits qu’elles vendent arborent des étiquettes de matériaux recyclés. Cela peut sembler difficile à croire, car la fast fashion est née pour se démarquer des artisans pendant la révolution industrielle. Ces industries produisent en masse à bas coût et en très peu de temps, souvent en délocalisant leurs entreprises, en exploitant leurs employés, majoritairement des femmes et des enfants, afin de produire au MAX. Ces pratiques commerciales dites durables peuvent être dangereuses car elles cachent de nombreuses hypocrisies.

Les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel dans la diffusion de ce comportement dans la conscience collective. Une sensibilisation silencieuse se développe sur nos écrans de téléphone, car les consommateurs réclament ces ventes et veulent que leurs entreprises de cœur suivent cette voie, tout en ayant la possibilité d’acheter en grande quantité des vêtements de seconde main – le besoin de beaucoup   posséder ne cesse pas. De nombreuses applications et plateformes en ligne facilitent l’achat de biens de seconde main et sont devenues populaires.

Il est à noter que ces plateformes ont connu une croissance exponentielle pendant la pandémie de COVID-19 et les confinements. L’envie de rester à la mode à la maison n’a pas disparu, et les ventes en ligne n’ont jamais été aussi élevées. Les gens désirent de plus en plus de faire du shopping en ligne, car c’est moins chronophage et temps et plus efficace.

Les brocantes, les magasins de seconde main, les espaces associatifs et les marchés aux puces risquent de voir leur fréquentation diminuer. La possibilité de vendre ses propres vêtements est devenue un véritable business, et nous prenons conscience que nos armoires sont remplies de vêtements rarement portés. Il est important de souligner que certaines plateformes ne favorisent pas la rencontre entre acheteur et vendeur, mais « obligent » l’expédition, favorisant la pollution. 

Voici quelques sites et plateformes :

Le Bon Coin (France) : l’une des plateformes de vente en ligne les plus utilisées en France, où vous pouvez trouver une grande variété de biens d’occasion, des meubles aux véhicules en passant par les vêtements.

Vinted : une application dédiée à la mode d’occasion, où l’on peut acheter et vendre des vêtements, des chaussures et des accessoires, ce qui en fait une option populaire pour les amateurs de mode.

2eme main : En Belgique elle est très utilisée, nous pouvons y acheter des voitures, des vélos, des vêtements. Toute sorte de biens.

eBay : une plateforme de commerce électronique bien établie qui propose une grande variété de produits neufs et d’occasion, allant des articles de collection aux appareils électroniques.

Facebook Marketplace : permet aux utilisateurs de vendre et d’acheter des articles localement. C’est un excellent moyen de trouver des offres dans votre région.

Wallapop : une application populaire en Europe. Elle offre une large gamme de produits d’occasion, avec une mise en relation de vendeurs et d’acheteurs locaux.

Geev : autre application qui se concentre sur le don d’articles gratuits entre particuliers.

Depop application de vente de vêtements vintage et d’occasion, très prisée par les jeunes et les amateurs de mode alternative.

Etsy : est une plateforme qui se concentre sur les articles faits main, vintage et uniques.

Il est important de citer aussi l’application TooGoodToGo : cette application anti-gaspillage alimentaire, permet aux magasins et aux restaurants de revendre les aliments invendus à un prix plus bas.

Ceux-ci ne sont que des exemples, ce genre d’application est en croissance, de plus en plus d’investisseurs et de start-ups s’y intéressent, et un pays peut avoir une application que nous ne trouvons pas dans un autre.

Certains des pays européens où cette culture est bien ancrée, sont la Suède avec sa culture du lagom[1], le Danemark avec sa philosophie du hygge[2], les Pays-Bas, la France où le concept de « chiner » est bien ancré dans la culture, l’Allemagne, la Norvège, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Pologne. Il est important de dire que ces pays ont de différentes cultures par rapport aux biens de deuxième main. Par exemple en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, nous pouvons trouver des meubles intacts dans la rue ou à retaper et entretenir ; un plus fort sens de « consommation communautaire » ? Modèle « parfait » car l’impact de l’empreinte carbone se réduit à zéro.

Il est certainement nécessaire d’adapter notre manière de consommer pour répondre aux enjeux environnementaux et économiques actuels. La consommation de biens de seconde main offre une solution durable pour réduire notre empreinte écologique et réduire les déchets que nous produisons, pour boycotter les grandes entreprises, se positionner contre l’exploitation des employés et des animaux et, enfin, encourager la réutilisation des ressources et l’économie sociale et solidaire. Autre chose, favoriser les espaces d’échanges, les brocantes, les évènements et les plateformes qui connectent des personnes afin qu’elles puissent échanger leurs biens ou simplement les donner.

Dans un monde où il est difficile de ne pas consommer et où l’emprise de l’achat compulsif et de l’apparence sont très marquant, il est peut-être mieux de se tourner vers une consommation plus consciente et en faire un mode de vie ! Tout du moins en connaitre la possibilité.

[1] Qui encourage la réutilisation et la modération, contribuant ainsi à la popularité des articles de deuxième main.

[1] Axée sur le bien-être et la simplicité, favorise également la réutilisation

LES OBJETS DE DEUXIEME VIE

Il est communément admis que les objets de deuxième main le sont suite à un recyclage de matériel usagé ou défectueux, ayant déjà appartenu à une, ou des tierces personnes. Mais qu’en est-il de nos affaires personnelles que nous recyclons nous-mêmes dans des locaux dédiés, comme les « Repair cafés » ? Ce ne sont pas des affaires de deuxième main stricto sensu, étant entendu qu’elles n’ont pas changé de mains, mais des affaires à qui on donne une deuxième vie.

Que sont les Repair cafés ? Ces ateliers apparus en 2009 à Amsterdam, sont accessibles à tous les bricoleurs bénévoles disposés à partager leur savoir faire avec qui a un objet à réparer. Ils se sont aujourd’hui étendus à l’international, leur objectif étant de donner une seconde vie aux objets plutôt que de les jeter, mais pas seulement car là se crée du lien social, s’échangent des savoirs, s’acquièrent des apprentissages, et à terme c’est l’environnement qui s’en trouve préservé.

Quelques étapes sont nécessaires avant de passer à l’action :

  • Trouver un Repair café proche de son domicile
  • S’assurer que le matériel est réparable
  • A l’entrée, remplir une inscription, puis patienter en salle d’attente qu’une personne compétente soit disponible pour effectuer la réparation avec vous à ses côtés.

Bien que la prestation soit gratuite, faire un don aussi minime soit-il est apprécié.

 Angelica Mengozzi et Ginette Baudelet