L’écoterrorisme, c’est quoi ?

Il s’agit d’une dégradation de l’environnement en vue d’obtenir l’exécution de revendications.

Les soi-disant « écoterroristes » de Sainte-Soline voulaient en fait protéger l’environnement. Est-il alors légitime de les traiter d’écoterroristes ? On est en droit de se poser la question, droit qui nous est encore échu au moment où j’écris ces quelques lignes. Les dérives du gouvernement français s’aggravant de jour en jour, il est tout à fait légitime de se demander où s’arrêtera la répression en notre « belle et douce France »… (1)

Non, le terme d’écoterrorisme n’est pas récent, et n’a pas été inventé par monsieur Darmanin. Mais la manière dont il l’utilise, elle, est nouvelle. Il a dévoyé le sens de ce terme pour s’en servir comme d’une arme de propagande : des terroristes, ce sont des méchants, il est donc juste de les enfermer avant qu’ils ne continuent à semer la terreur. De fait, on peut par la même occasion justifier la violence de la police, puisque les terroristes sont de dangereux individus auxquels il faut faire face, coûte que coûte. On prépare donc les forces de police à affronter de dangereux individus.

On nous enfume

L’écran de fumée est opaque, au propre comme au figuré : celui qui se déploie au-dessus des manifestations et celui qui voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes. La concentration médiatique ne laissant aucun autre choix, l’amalgame est repris sans vergogne et propagé en boucle, pour nous faire oublier que le maillage de la surveillance se resserre, que l’on criminalise davantage, que les gardes à vue préventives sont illégales, que les reconnaissances faciès vont bientôt concurrencer celles de Chine, que les amendes forfaitaires délictuelles empêchent toute individualisation des cas de peine, que le fichage S (sûreté de l’État) est un secret (d’État), et que l’État, même s’il peut être condamné par la justice administrative comme cela a été le cas pour son inaction climatique, a de plus en plus de mal à avouer sa culpabilité et semble se transformer en rouleau compresseur. Nous nous trouvons dans un système dysfonctionnel de domination et de répression. C’est inadmissible.

Mais il n’empêche que la mobilisation doit continuer pour mettre fin aux injustices.

L’Observatoire parisien des libertés publiques a mis en ligne en avril 2023 son rapport sur la BRAV-M, cette brigade qui a fait les gros titres après Sainte-Soline (M, serait-ce pour malfaisante, un complément en contradiction flagrante avec BRAV ?! Non, c’est pour motocyclistes). On comprend que les violences étaient prévues et qu’empêcher les secours d’évacuer les blessés tient de la préméditation. C’est tout bonnement scandaleux.

(1) Repris sur le chat du débat mardi : « Les mesures de contrôle se renforcent à la mesure de l’accélération de la dégradation de la situation écologique… :

– 12 juin : Le Sénat adopte une proposition de loi autorisant le recours à la reconnaissance faciale dans l’espace public en temps réel et à posteriori (vote : https://www.senat.fr/scrutin-public/2022/scr2022-299.html)

– 5 juillet : Après le Sénat, l’Assemblée Nationale a adopté l’article 3 du projet de loi Justice qui autorise les autorités à activer à distance les caméras et micros des téléphones ou autres appareils connectés à l’insu des personnes visées. 80 voix pour, 24 contre (scrutin : https://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/16/(num)/2141) »