« Officiel et géré par le ministère de l’Agriculture », le label HVE au design bucolique, à soi-disant « Haute Valeur Environnementale » ne doit aucunement être confondu avec les certifications bio.

Le reportage d’Hugo Clément sur France 5, « Sur le front », jette un pavé dans la mare du greenwashing de l’État. Affublé d’un papillon, ce label aguicheur est tout le contraire d’un préservateur de la biodiversité et un bon gros coup de bluff qui embrouille les consommateurs plutôt qu’il ne les avertit, acculant la branche bio à de grandes pertes : « Plus de 200 magasins bio ont mis la clé sous la porte. » Les produits labellisés HVE sont moins chers que dans la filière bio, alors se tourne en toute confiance vers ces produits-là, croyant pouvoir faire confiance au gouvernement. Quant aux agriculteurs bio, ils ont répondu à la menace en juin de cette année par une campagne : La Bio à Poil, qui fustigeait la mauvaise et injuste répartition des subventions dans la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune de l’UE) et ce label HVE.

Obtenir un label HVE alors qu’on utilise des engrais chimiques et des pesticides, c’est possible

Il y a donc lieu de faire une enquête, plutôt dégrisante. Censé garantir une agriculture protégeant le vivant, ce label qui fleurit dans les rayons des supermarchés se révèle être moins prometteur qu’il n’y paraît. Un cahier des charges qui autorise les pesticides, ça rime à quoi ? Pourquoi l’agriculture conventionnelle a-t-elle besoin d’un label qui suscite la confiance alors qu’elle s’en sert pour vendre des tomates au cœur de l’hiver (légume typiquement hivernal !), qui ont poussé dans des serres chauffées au gaz et bénéficiant d’un éclairage nocturne (bonjour les économies d’énergie !) : encore un coup de com’ réussi ! Selon le géniteur du label, il représenterait « l’arnaque, le vol, l’escroquerie, le mensonge…. » Tout est dit. Mais l’enquête vaut la peine d’être regardée.

Avec l’appui de Générations Futures, qui a installé des capteurs en bordure d’un champ labellisé, le reporter a obtenu des analyses qui ont révélé la présence de tout un tas de substances toxiques dont les noms sont imprononçables et anxiogènes, dans des champs gratifiés d’un label HVE. Est-ce légal, se demande Hugo Clément ? Malheureusement oui, explique le chercheur de Générations futures. Un rapport, établi par l’ONG, renseigne sur toutes les différences.

En complément, écouter la chronique de Hugo Clément sur France Inter.