Ces oiseaux sont de grands architectes recycleurs, entre autres, d’artefacts anthropocènes

Mais ils ne s’arrêtent pas là ! Un biologiste et photographe néerlandais au Naturalis Biodiversity Center de l’Université de Leyde, Auke-Florian Hiemstra, nominé en 2022 pour le prix du concours annuel du Muséum d’histoire naturelle de Londres, Wildlife Photographers of the Year, s’est penché sur les matériaux qu’emploient les oiseaux pour édifier leur nid en milieu urbain et découvrir en quoi ils consistaient. L’analyse publiée en juillet 2023 dans le Journal en ligne du Musée d’histoire naturelle de Rotterdam, a porté sur des nids de corneilles noires (corvus corone) ou de pies bavardes (pica pica) découverts dans deux villes des Pays-Bas, Rotterdam et Enschede, une de Belgique, Anvers et une d’Écosse, Glasgow. Et a dévoilé une nouvelle facette du génie de récupération des ces corvidés. S’il est déjà connu que ces oiseaux sont capables de faire d’un fil de fer un crochet pour repêcher au fond d’une bouteille ce qui leur parait intéressant, on ne s’étonne plus qu’ils emploient par exemple toutes sortes de morceaux de plastique dans leur architecture, glanés ici et là, mais qu’est-ce qui peut bien les pousser à utiliser des piques de protection installées par des humains partout là où ceux-ci veulent se protéger de leur présence et de leurs déjections ?

La biomasse vivante étant en voie de disparition, les oiseaux se replient sur des matériaux alternatifs. On a même déjà pu constater qu’au lieu de se poser sur des branchages, les couveuses tiennent parfois des fakirs car elles emploient des aiguilles à tricoter, des seringues de drogue, des clous, des vis ! La solidité et longévité des matériaux est un critère de poids. Dans le cas présent, les corvidés renversent la situation en faisant des armes employées contre eux du matériau de premier choix… dans le même objectif que les humains : se préserver d’attaques d’autres oiseaux. Retournement de situation ! En effet, les protections anti-oiseaux font souvent un dôme parfait au-dessus des nids imposants pour protéger ceux qui auraient dû s’en trouver incommodés.

Les photos des nids prises pour étayer l’étude ont quelque chose de surréaliste et ne ressemblent plus vraiment aux nids auxquels nous sommes encore habitués : c’est presque du cubisme. Est-ce l’architecture du futur qui a fait son entrée chez les oiseaux ?

Le règne animal n’aura pas fini de nous étonner !